Arabe classique

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Re: Arabe classique

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Le Révérend Zakaria Boutros interroge l'islam et les savants musulmans à partir de leurs propres textes.

Blog https://aslamtaslam.wordpress.com/

page Facebook https://www.facebook.com/lislamdemasque

https://www.youtube.com/watch?v=v2g9-Xd3ies


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Re: Arabe classique

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  • Marocain et batave d’adoption, Fouad Laroui est ingénieur de formation, docteur en sciences économiques, installé à Amsterdam où, après y avoir enseigné l'économétrie puis les sciences de l'environnement, il professe aujourd’hui la littérature. Son premier roman, Les Dents du topographe (Julliard, 1996) lui valut le Prix découverte Albert Camus. Deux ans plus tard, il reçoit le prix Méditerranée des lycées et le prix Beur FM pour De quel amour blessé (Julliard). Auteur prolixe, son sixième roman Une année chez les Français (Julliard, 2010) est retenu parmi la première sélection du prix Goncourt et La Vieille Dame du riad (Julliard, 2011) vient d’être réédité en poche. Il est aussi l’auteur de nombreux recueils de nouvelles et de chroniques dont Des Bédouins dans le polder. Histoires tragi-comiques de l’émigration (Zellige, 2010) ou Le jour où j’ai déjeuné avec le Diable (Zellige, 2011).

    2Dans Le Drame linguistique marocain paru au Maroc chez Le Fennec en 2010, Fouad Laroui livre une longue réflexion, nourrie de données linguistiques, syntaxiques, sociologiques et littéraires, pour interroger le statut des langues au Maroc. L’analyse est transposable à nombre de pays de cette vaste sphère dite “arabe” mais qui recouvre une diversité culturelle et linguistique par trop négligée voire ignorée – à commencer par le voisin algérien. Le “drame linguistique”, au cœur des interrogations identitaires, a pour nom la “diglossie” entre langue savante et langue(s) populaire(s). La première est formée de l’arabe classique, celui du Coran et de l’arabe moderne, celui des médias, des discours politiques et autres feuilletons télévisés. Quant à la seconde, l’arabe parlé ou darija, elle est le lot commun de tout un chacun : paysan du cru ou citadin, tchitchi des beaux quartiers ou lumpen des bas-fonds, papicha romantique ou intellectuelle féministe, voilée ou laïcarde convaincue, recalé du système scolaire ou diplômé du supérieur… L’arabe classique ou moderne, celui des écoles, n’est la langue maternelle de personne. Quant à la langue parlée par les peuples, nulle part elle est enseignée ! Si, comme le dit l’auteur, l’arabe classique est une langue étrangère au Maroc, qu’en est-il de son statut de langue “nationale” quand, dans le même mouvement, la langue (ou les langues) parlée(s) par la nation est (sont) niée(s) ? Ne serait-ce pas une autre forme de colonialisme ? Car les deux langues sont différentes : la darija marocaine serait, du moins dans sa syntaxe, davantage influencée par le berbère que par l’arabe classique. L’Égyptien Chérif Choubachy parle même d’un “abîme” entre langue classique et langue parlée. Pour ce qui est du berbère, les choses sont claires : “Je suis berbère. L’arabe est pour moi une langue aussi étrangère que le français”, dixit l’écrivain Moha Souag.

    3Dans cet embrouillamini linguistique, écrire en langue française n’est pas un choix mais une échappatoire, une façon de sortir du conflit en utilisant la seule langue à disposition, l’arabe classique étant réservé à quelques rares lettrés et la darija étant la grande absente des livres et cahiers d’écolier. Fouad Laroui invoque une fois de plus la notion de “malédiction”, appliquée cette fois à l’écrivain quant à sa relation à la langue d’écriture. Comment traduire ses émotions, sa personnalité, sa sensibilité, sa chair, ce qu’il a emmagasiné dans son enfance, à travers les mots et ici les mots de sa mère ? Qu’en est-il de l’identité, si la langue qui en constitue le substrat essentiel n’est pas enseignée, ne permet pas de s’exprimer et de dire son imaginaire ? Pour l’auteur, la naissance de la littérature d’expression française est la conséquence de cette diglossie, une réponse à la schizophrénie.

    4Pour sortir de cette situation aux conséquences culturelles, éducatives, individuelles et collectives alarmantes, il faudrait rendre toute sa place, tout son “prestige”, à la darija, non seulement en l’enseignant mais aussi en abandonnant (par souci notamment de classification et de nomenclature) la graphie arabe pour l’écriture latine, à la façon d’un Atatürk. Scandale ? Provocation ? Sacrilège même (car il ne faut pas oublier que la langue arabe est la langue du Coran…) ? Pourtant, là aussi, la société semble innover et notamment… les publicitaires qui y vont de leurs slogans en darija écrits en lettres latines. Sont-ils plus au fait des ressorts souterrains des sociétés ? des dynamiques culturelles à l’œuvre ? des attentes du citoyen, à tout le moins du consommateur ?

    5En tout cas, dans La Vieille Dame du riad où un couple de Français découvre qu’une vieille femme, sortie du fond des âges, se cache dans le riad qu’ils viennent d’acquérir à Marrakech, Fouad Laroui applique sa recette linguistique. Il fait, avec élégance et humour, flirter la langue française et le dialectal marocain, offrant au lecteur la possibilité d’entrer un peu plus en “connivence” (François Jullien) avec l’univers culturel et linguistique marocain.
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    Pour citer cet article
    Référence papier

    Mustapha Harzoune, « Fouad Laroui, Le Drame linguistique marocain », Hommes et migrations, 1300 | 2012, 165-166.
    Référence électronique

    Mustapha Harzoune, « Fouad Laroui, Le Drame linguistique marocain », Hommes et migrations [En ligne], 1300 | 2012, mis en ligne le 29 mai 2013, consulté le 20 juillet 2015. URL : http://hommesmigrations.revues.org/959
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Islamisme,la verité sur la vie du mahomet prohète de l'islam

https://www.youtube.com/watch?v=2RqTtRxjdKI&feature=player_detailpage
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Re: Arabe classique

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Ibn Taymiyya, théologien du XIVe siècle et gourou de la Twittosphère islamiste

Ce penseur musulman est devenu une figure incontournable des réseaux sociaux pour les islamistes et les partisans de l'État islamique. Une trajectoire surprenante pour un théologien à la pensée complexe et longtemps plongé dans l'oubli.

Lui qui réprouvait le culte des saints se retrouve encensé comme l'un d'entre eux. Sept cents ans après sa mort en 1328, l'ouléma (théologien et juriste) Ibn Taymiyya est devenu une star des réseaux sociaux. Des internautes traditionalistes, et pour certains proches de l'organisation État islamique, publient sur Facebook ou Twitter des extraits de l'œuvre pléthorique (elle compte des milliers de pages) qu'il a rédigée aux XIIIe-XIVe siècles. Peu d'auteurs de cette époque, a fortiori religieux, peuvent se targuer d'une telle postérité.

Plus largement, dans le monde musulman, la figure de ce théologien partisan d'un retour strict aux écritures intrigue. Les recherches internet locales témoignent de cette popularité impressionnante.

Vedette des milieux fondamentalistes ou tout simplement pieux, islamistes ou sympathisants du djihad, Ibn Taymiyya est aussi explicitement utilisé comme référence juridique par le «Califat» de l'État islamique. Il y a quelques semaines, au moment de mettre en circulation une fatwa appelant à la mort de Tareq Oubrou, le recteur de la Grande mosquée de Bordeaux jugé trop libéral, l'EI citait ainsi le théologien, comme le notait alors Libération.

C'est désormais un fait: Ibn Taymiyya est sorti de son anonymat en Occident et de l'oubli relatif où il demeurait au Moyen-Orient pour se trouver drapé dans une légende noire, moulé dans une réputation sulfureuse faisant de lui l'avocat postmortem du djihadisme califale. Le lecteur curieux de se confronter à sa vie et à sa pensée découvre une personnalité complexe et ombrageuse.
Un conservateur très spirituel

Ibn Taymiyya naît dans une famille kurde dans le sud-est de la Turquie actuelle en 1263. Enfant, il doit cependant s'établir à Damas avec sa famille à cause des guerres alors déchaînées par les Mongols contre l'empire musulman. Sa trajectoire intellectuelle et son passé familial l'amènent à devenir un savant hanbalite du nom de cette école de pensée qui veut faire dériver la loi des Écritures saintes et de la tradition du prophète Mahomet et ses compagnons.

Il était anthropomorphiste. Pour lui, Dieu avait un visage notamment. En fait, c'était un spirituel, à sa manière

Éric Geoffroy

En conséquence, Ibn Taymiyya s'affirme comme un conservateur au XIIIe siècle et l'ennemi des innovations au sein de la foi. Il souhaite aussi en revenir à l'exemple des premiers musulmans, les «salaf» (mot arabe qui donnera bien sûr sa racine au mouvement salafiste). Dans un empire dominé alors par les mamelouks, il apparaît enfin comme va-t-en-guerre en prônant le djihad contre les Mongols qu'il voit comme de faux musulmans, des «associationnistes» (c'est-à-dire ne respectant pas le strict monothéisme islamique).

Éric Geoffroy, islamologue et grand spécialiste du soufisme, connaît bien Ibn Taymiyya dont il a expliqué la spiritualité dans son ouvrage Le soufisme, voie intérieure de l'islam. Cette vision d'un Ibn Taymiyya dépeint en père fondateur du djihadisme est insensée comme il nous l'explique aujourd'hui:

«C'est vrai qu'Ibn Taymiyya était assez emporté, péremptoire, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Les terres musulmanes se sentent menacées. Lui-même sait que la grande civilisation arabe est attaquée à l'ouest et à l'est. À ce moment-là, les musulmans se débarassent à peine des croisés et ils doivent aussi faire face aux Mongols. En 1258, les Mongols ont même mis Bagdad à sac!»

Ibn Taymiyya n'est pas seulement en butte aux étrangers. Aujourd'hui, adoré parmi des franges islamistes minoritaires, il n'est pas non plus de son vivant à son aise dans la société. Il est même poursuivi par les autorités qui l'ont emprisonné plusieurs fois et ce, pour des motifs théologiques. On lui reproche une lecture trop littérale du Coran: «Il était anthropomorphiste. Pour lui, Dieu avait un visage notamment. En fait, c'était un spirituel, à sa manière, même s'il était opposé à l'ésotérisme», détaille Éric Geoffroy. Cette dimension spirituelle, son attachement à la confrérie Qadiriyya expliquent qu'à sa mort en 1328 on l'ait enterré dans un cimetière soufie.
Les profanateurs de sépultures

Si sa dépouille repose de nos jours à Damas, les fondamentalistes ont exhumé sa mémoire. Et ils n'ont pas attendu Daech. Alors qu'il jouit après sa disparition d'une certaine notoriété, sa célébrité s'estompe au XVIe et XVIIe siècles. Mais au XVIIIe siècle, Mohammed Ben Abdelwahhab, fondateur du très rigoriste courant wahhabite, procède à la récupération du souvenir d'Ibn Taymiyya et, comme ses successeurs, le met au service de son discours.

Les wahhabites aiment sa volonté de se conformer à la vie des premières générations de musulmans, son hostilité à l'égard des modifications de la foi et des pratiques religieuses, son opposition aux dévotions populaires rendues devant les tombeaux de saints. Autant de traits que l'État islamique peut aussi mettre en avant à présent:

«Les wahhabites, qui ont édité toutes ses fatwas, se sont servis de lui, en atrophiant sa pensée. Et, pour le reste, Ibn Taymiyya n'aurait jamais validé ce que fait Daech. Il était contre les visites aux tombes de saints, c'est vrai, mais jamais il n'aurait accepté qu'on les fasse sauter. Il a écrit une fatwa contre les chiites ismaëliens en son temps mais seulement parce qu'il considérait qu'ils avaient pactisé avec les Mongols. Il n'aurait pas cautionné leurs massacres aujourd'hui», s'exclame Éric Geoffroy.

Lui et ses semblables estiment que la philosophie relativise le message de Mahomet en prônant que la raison peut “challenger” la révélation

Éric Geoffroy

La postérité nourrit un autre grief à l'égard d'Ibn Taymiyya, alourdissant encore le dossier qui l'accuse de collusion avec l'islamisme moderne: il aurait été l'adversaire farouche d'un «Islam des Lumières» médiéval, mêlant le Coran et la pensée d'Aristote ou de Platon.

«Franchement, il n'est pas le seul à l'époque à être contre la philosophie gréco-arabe. Lui et ses semblables estiment que la philosophie relativise le message de Mahomet en prônant que la raison peut “challenger” la révélation. Ibn Taymiyya s'oppose à ce discours qui est tenu par des gens qui, comme Averroès par exemple, sont très élitistes. Pourtant, la pensée d'Ibn Taymiyya est riche et complexe mais actuellement on simplifie à outrance», déclare l'auteur de L'Islam sera spirituel ou ne sera plus.

Comme dans un moulin

Toutes ces caricatures permettent à l'EI de détourner à son profit l'héritage d'Ibn Taymiyya qui est alors présenté comme anti-intellectuels, ennemi de la raison, partisan d'un islam «purifié» et guerrier revenant à des sources idéalisées. Un dernier point, aussi géographique que symbolique, a encouragé également cette entreprise comme le dit Éric Geoffroy:

«Ibn Taymiyya était Syrien et Daech fait sans doute le lien avec l'actualité, d'autant plus que la Syrie est décrite par certains hadiths comme une terre eschatologique. Ça rentre dans leur besace.»

Pour notre islamologue, c'est un «consumérisme religieux» qui a intégré ce théologien complexe mort il y a sept siècles dans «le prêt-à-porter salafiste de base» contemporain. En ouverture de sa longue biographie philosophique consacrée à Flaubert, L'Idiot de la famille, Sartre écrivait dans les années 1970: «On entre dans un mort comme dans un moulin.» La formule n'en finit plus de se vérifier.

Robin Verner
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