Que sait-on de l’attaque de Londres qui a fait deux morts et plusieurs blessés ?
Une attaque au couteau, qualifiée de terroriste par la police, s’est déroulée vendredi après-midi sur le London Bridge, dans le centre de la capitale britannique.
Un blessé est évacué par les forces de l’ordre après une attaque au couteau sur le pont de Londres, le 29 novembre.
Un blessé est évacué par les forces de l’ordre après une attaque au couteau sur le pont de Londres, le 29 novembre. DANIEL SORABJI / AFP
Un homme porteur d’un engin explosif factice a tué deux personnes à coups de couteau vendredi 29 novembre, sur le pont de Londres (London bridge), avant d’être abattu par la police. L’attaque, considérée comme terroriste par la police, a chamboulé la campagne électorale à moins de deux semaines des législatives du 12 décembre.
Trois personnes ont aussi été blessées dans cette attaque survenue sur ce pont du centre de la capitale britannique où un attentat s’était déjà déroulé en 2017. « Nous travaillons aussi sans relâche pour comprendre ce qui s’est passé et si d’autres personnes sont impliquées », a affirmé la chef de Scotland Yard, Cressida Dick, devant la presse, précisant que la présence policière dans les rues serait renforcée dans les prochains jours.
Que s’est-il passé ?
La police a fait savoir qu’elle avait été appelée à 13 h 58, soit 14 h 58 à Paris, pour une attaque au couteau près de London Bridge, un pont et une importante gare du centre de la capitale britannique.
Plusieurs passants ont été salués en « héros » par la police et des responsables politiques pour s’être rués sur l’assaillant et s’être battus avec lui, selon des vidéos enregistrées par des témoins et diffusées sur les réseaux sociaux.
D’autres images circulant sur le réseau social montrent notamment des policiers pointer leur arme vers une personne à terre. « J’ai vu un homme tomber à terre, avec un couteau à côté de lui » après « plusieurs coups de feu », a témoigné un homme travaillant dans des bureaux en face du pont, évaluant à une dizaine de policiers et plusieurs chiens le dispositif pour neutraliser le suspect.
Des personnes évacuées du pont de Londres, le 29 novembre.
Des personnes évacuées du pont de Londres, le 29 novembre. DOMINIC LIPINSKI / AP
Cette attaque est survenue le jour du « Black Friday », jour de soldes, dans un quartier très fréquenté de la capitale. Un important dispositif policier était déployé sur place vendredi après-midi, interdisant aux passants de s’approcher à moins de 100 mètres du pont, où une dizaine de bus étaient complètement immobilisés.
La zone, où se trouvent de nombreux bureaux et lieux de sortie, a été évacuée, et restera bouclée « un certain temps », selon la police.
Qui sont les victimes ?
Un homme et une femme ont succombé à leurs blessures a fait savoir dans la soirée, Cressida Dick, cheffe de la police de la ville.
Trois autres personnes, un homme et deux femmes, ont également été blessées. L’une se trouvait vendredi soir dans un état « critique mais stable », une autre dans « un état stable » et une troisième a subi des « blessures moins graves », a précisé le patron du service public de santé britannique (NHS), Simon Steven.
Carte de situation du pont de Londres (« London Bridge »).
Carte de situation du pont de Londres (« London Bridge »). Infographie « Le Monde »
Qui est l’assaillant ?
Dans la nuit, la police fera savoir que l’assaillant, qui a été tué, se nommait Usman Kahn, qu’il avait 28 ans, et qu’il était sorti de prison en décembre 2018, après avoir passé huit ans en détention pour terrorisme.
En 2012, il avait plaidé coupable, reconnaissant avoir levé des fonds pour des activités liées au terrorisme, et planifié l’établissement d’un camp d’entraînement au Cachemire pakistanais. Il faisait partie d’une bande de neuf extrémistes originaires de Stoke-on-Trent, Cardiff et Londres tous condamnés. Khan avait 19 ans à l’époque et il était le plus jeune du groupe. Lors de sa condamnation, le juge avait déclaré que Khan et deux autres hommes de la bande étaient « de dangereux djihadistes ».
Usman Khan était aussi soupçonné d’avoir envisagé l’attaque du London Stock Exchange, la Bourse de Londres, en plaçant une bombe dans les toilettes du bâtiment. Le groupe avait également évoqué des attaques visant des pubs, l’ambassade américaine, ainsi que des personnalités comme Boris Johnson, alors maire de la capitale, le doyen de la cathédrale Saint-Paul et deux rabbins.
Usman Kahn portait un bracelet électronique et devait participer à une conférence sur la réhabilitation après des peines de prison, à Fishmongers’Hall. C’est là qu’a débuté l’attaque vendredi, un peu avant 14 heures.
Comment réagissent les autorités ?
Avant le début d’une réunion du comité de crise du gouvernement dans la soirée, le premier ministre Boris Johnson a dit avoir souligné « depuis longtemps » que « c’est une erreur de permettre aux criminels violents de sortir de prison de manière anticipée ».
Le Royaume-Uni « ne sera jamais (…) divisé ou intimidé par ce type d’attaque », a-t-il également prévenu à la télévision britannique, assurant que « toute personne impliquée dans ce crime et ces attaques serait traquée et présentée à la justice ».
A la suite de cette attaque, survenue à quelques jours d’un sommet de l’OTAN réunissant à Londres mardi et mercredi de nombreux chefs d’Etat, les partis conservateur et travailliste ont suspendu leur campagne pour vendredi soir.
« Nous allons rester unis et déterminés face au terrorisme. Ceux qui cherchent à nous attaquer et nous diviser ne réussiront jamais », a déclaré le maire de Londres, appelant les Londoniens à la « vigilance ». Plusieurs personnes ont « pris des risques pour leur propre sécurité cet après-midi », a ajouté Sadiq Khan, qui a salué leur « héroïsme incroyable ».
La police et les services d’urgence sur les lieux d’un incident survenu sur le pont de Londres, dans le centre de Londres, le 29 novembre.
La police et les services d’urgence sur les lieux d’un incident survenu sur le pont de Londres, dans le centre de Londres, le 29 novembre. DOMINIC LIPINSKI / AP
Quelles sont les précédentes attaques à Londres ?
En juin 2017, une camionnette avait foncé sur la foule sur le pont de Londres, avant que ses trois occupants ne poignardent des passants dans le Borough Market. Bilan : huit morts et une cinquantaine de blessés. C’était l’un des attentats revendiqués par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) qui avaient frappé le Royaume-Uni cette année-là.
En mars 2017, un homme avait foncé sur la foule avec son véhicule sur le pont de Westminster avant de poignarder mortellement un policier devant le Parlement, faisant cinq morts. Deux mois plus tard, vingt-deux personnes – dont des enfants – avaient péri lors d’une attaque à la fin d’un concert d’Ariana Grande, à Manchester.
Au début du mois de novembre, le niveau d’alerte terroriste au Royaume-Uni a été abaissé, passant de « grave » à « substantiel », le risque d’un attentat étant désormais considéré comme « probable », et non « hautement probable », avait annoncé la ministre de l’intérieur, Priti Patel.
En 2005, quatre explosions ont 56 morts et 784 blessés dans les transports publics de Londres.