La Tunisie rejette la charia....

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Georges
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Re: La Tunisie rejette la charia....

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Emmanuel Macron se dit admiratif des femmes tunisiennes.

Le visite du président français Emmanuel Macron a pris fin. Avant de partir, il a tenu une conférence de presse où il est revenu sur de nombreux points évoqués dans son discours à l'ARP.

Une politique rigoureuse contre la migration clandestine

Macron a annoncé que la France adoptera une politique migratoire différente vis-à-vis de la Tunisie, avec plus de visas de circulation pour les étudiants, les talents, des personnes du monde académique. Toutefois, elle sera plus rigoureuse pour lutter contre la migration illégale sur le sol français. "C'est plus juste", lance-t-il.

La France est, selon lui, une synthèse de la diversité en méditerranéen, qui est notamment culturelle et religieuse. La diaspora qui devrait être sa richesse devient une fracture si la France ne prend pas l'initiative en méditerranée. Et d'ajouter: "La crise de l'islam, vous le vivez comme nous le vivons", a-t-il affirmé.

Emmanuel Macron se dit admiratif des femmes tunisiennes

Macron se dit admiratif de la société civile tunisienne et surtout des femmes tunisiennes. "J'ai été frappé par la force des femmes. Ce pays doit beaucoup aux femmes".

Le chef d'État français a encore une fois salué la Tunisie qui a pris le choix de l'ouverture alors que la géographie, les chambardements de la région auraient pu la conduire vers l'obscurantisme.

Emmanuel Macron a conclu son discours en annonçant qu'il reviendra le plus vite possible parce qu'il a dans plus que des amis en Tunisie, dit-il.


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nexus
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Seul pays dit musulman ou les femmmes ne sont pas tenues de ne fréquenter ou épouser des muzz.Il est vrai que la disposition d''interdiction a été levée il y a peu. C'est rare mais cela vaut le coup d'être signalé.Surtout en islamie .
L'islam n'est pas la révélation de dieu a l'homme mais celle de l'homme sur dieu.
La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification
L'athéisme est une négation de Dieu, et par cette négation, il pose l'existence de l'homme.
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Georges
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Re: La Tunisie rejette la charia....

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nexus a écrit : mar. 6 févr. 2018 01:38 Seul pays dit musulman ou les femmmes ne sont pas tenues de ne fréquenter ou épouser des muzz.Il est vrai que la disposition d''interdiction a été levée il y a peu. C'est rare mais cela vaut le coup d'être signalé.Surtout en islamie .
Il me semble que la Turquie n'oblige pas les femmes musulmanes à n'épouser que des musulmans.
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nexus
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Georges a écrit : ven. 9 févr. 2018 16:07
nexus a écrit : mar. 6 févr. 2018 01:38 Seul pays dit musulman ou les femmmes ne sont pas tenues de ne fréquenter ou épouser des muzz.Il est vrai que la disposition d''interdiction a été levée il y a peu. C'est rare mais cela vaut le coup d'être signalé.Surtout en islamie .
Il me semble que la Turquie n'oblige pas les femmes musulmanes à n'épouser que des musulmans.
Oui Justement ce pays était ou est (laique ) et en theorie non musulman , pas de religion d'état même si la majorité des habitants sont muzz cela ne s'paplique pas a lui. Du moins dans la theorie . Dans l'avenir pas sur que cela reste en état.
L'islam n'est pas la révélation de dieu a l'homme mais celle de l'homme sur dieu.
La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification
L'athéisme est une négation de Dieu, et par cette négation, il pose l'existence de l'homme.
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Re: La Tunisie rejette la charia....

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Précision au post de dessus frére Erdogan veille . :evil:
L'islam n'est pas la révélation de dieu a l'homme mais celle de l'homme sur dieu.
La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification
L'athéisme est une négation de Dieu, et par cette négation, il pose l'existence de l'homme.
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yacoub
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Les cafés «illégaux» du ramadan

Le 27 mai dernier, des Tunisois ont manifesté contre une directive gouvernementale datant de 1981 obligeant la fermeture des cafés pendant le mois du ramadan.
Photo: Hassene Dridi Agence France-Presse Le 27 mai dernier, des Tunisois ont manifesté contre une directive gouvernementale datant de 1981 obligeant la fermeture des cafés pendant le mois du ramadan.
Capucine Japhet
à Tunis

Collaboration spéciale
15 juin 2018

Monde

En Tunisie, pendant le mois sacré du ramadan, les non-jeûneurs peinent à trouver leur place. Si l’interdiction des cafés est toujours une réalité, certains établissements restent ouverts. Un lieu de vie, et de revendications pour certains.

Milieu d’après-midi, dans le quartier populaire de Lafayette à Tunis, la chaleur étouffante et les rues désertes donnent une ambiance très particulière à la ville. D’habitude bourdonnante et pleine de vie, la capitale tunisienne prend le rythme du ramadan, le mois de jeûne sacré pour les musulmans. Pas de nourriture, pas de boissons ni de cigarettes avant le coucher du soleil. Le ramadan symbolise avant tout un moment de convivialité en famille, une pratique culturelle sacralisée. Tous les établissements qui servent à manger ou à boire sont alors fermés. Mais certains cafés ouvrent discrètement leurs portes.

Dans un petit hôtel au style architectural colonial se cache un café très prisé. Quelques tables sont disposées dans un espace extérieur entouré de verdure. Ici, la vie bat son plein. Karim Benabdallah est venu avec quelques amis. Ce blogueur et photographe est le fondateur du mouvement sur les réseaux sociaux #Fater (celui qui mange).
Photo: Capucine Japhet Collaboration spéciale Karim Benabdallah a créé le mouvement #Fater sur les réseaux sociaux pour revendiquer le droit de ne pas jeûner dans les lieux publics pendant le ramadan.

Café, cigarettes… pas de jeûne pour ce militant 2.0 qui a décidé de s’opposer aux religieux les plus conservateurs : « Ne pas faire le jeûne en Tunisie, c’est toujours un tabou ! Le parti islamique nous emmerde la vie », dit-il, agacé.

Pour lutter contre la fermeture des cafés, Karim a créé le groupe #Fater en 2013 qui rassemble 11 000 personnes sur Facebook. L’objectif ? Permettre aux non-jeûneurs de se retrouver dans des cafés dits « illégaux ». « On a créé une communauté de gens qui ne font pas le ramadan et ça a encouragé les cafés à ouvrir ! » explique-t-il.

Cependant, si les autorités locales continuent à faire fermer les cafés, la question de leur illégalité reste floue.

Pour une Tunisie démocratique

Depuis 1981, la circulaire Mzali, instituée par le gouvernement de Ben Ali, oblige tous les cafés à fermer pendant le mois du ramadan.

Cette décision est pourtant contraire à la nouvelle Constitution de 2014 qui garantit à chaque citoyen « la liberté de conscience et de religion ». Chaque année, l’application de cette fameuse circulaire fait débat. Mais le gouvernement actuel, majoritairement composé du parti islamiste Ennahdah, continue à mettre en application cette loi.

Pour Jabeur Ouajah, coordinateur du Collectif civil pour les libertés individuelles, cette décision est insensée : « L’État doit avant tout s’engager à garantir la liberté de conscience, même si un seul citoyen tunisien décide de ne pas jeûner. »

Les militants de #Fater sont descendus dans la rue le 27 mai dernier pour réclamer l’ouverture des cafés. Et les critiques ont été extrêmement virulentes à leur égard. « On nous accuse d’être homosexuels, sionistes… Enfin, je connais très bien la recette habituelle ! » lance, amusé, Karim Benabdallah.

Mais le tableau n’est pas si noir. Des musulmans pratiquants soutiennent la cause. C’est notamment le cas de Samir Labidi, chemise blanche, barbe taillée, qui accompagne Karim au café pendant le mois de jeûne : « L’islam nous a donné un livre et chacun est libre de le comprendre à sa façon ! »

Pour vivre heureux, vivons cachés

Dans le centre-ville, un autre café fait mine d’être fermé. Pourtant, derrière les papiers journaux qui couvrent les vitres de l’établissement, une dizaine de personnes boivent tranquillement leur café en fumant des cigarettes.

S’il s’agit d’un établissement « illégal », les clients ne sont en rien des militants de la première heure. Omar, assis dans un coin, écouteurs sur les oreilles, se délecte de sa boisson. Pour ce jeune étudiant en BTS, l’interdiction des cafés est tout à fait légitime : « Il faut respecter les gens qui jeûnent, c’est comme ça. Et le respect, ce n’est pas une peur. Je ne soutiens pas #Fater. Pour moi, ils sont impolis. »

La tradition et le respect des anciens sont fondamentaux au sein de la société tunisienne. C’est pourquoi certains non-jeûneurs préfèrent se taire. Dans la chic banlieue de la Marsa, au nord de Tunis, les règles sont un peu plus souples. Quelques restaurants s’affichent officiellement ouverts et la plupart des cafés accueillent des clients.

Cigarettes à la main, Mohamed et Nasser se cachent un peu sur la terrasse du Café Takina qui reste ouvert de manière discrète.

« J’évite de confronter des gens, par respect, mais je n’ai pas peur. Je ne suis pas hypocrite. Je ne jeûne pas, donc je suis libre », explique Nasser.

Même constat pour Mohamed, 26 ans, qui a vécu un an en France. Il ne se sent pas concerné par les revendications de #Fater : « Je suis non-jeûneur parce que je ne crois pas en cette religion. Je ne suis pas engagé, je fais mon truc dans mon coin. Je m’en fous un peu, du reste ! »

Sous Ben Ali, c’était l’ordre établi, on connaissait les cafés qui ouvraient, mais maintenant, les gens se mobilisent pour ça ! C’est la naissance de la société civile.
— Firas Kefi



Un microcosme ?

Si le mouvement #Fater fait parler de lui sur les réseaux sociaux et dans les médias internationaux, encore faudrait-il qu’il représente vraiment les aspirations des non-jeûneurs.

Pour Firas Kefi, journaliste sur Express FM, il s’agit avant tout d’un microcosme : « Dire que c’est représentatif, ça serait donner plus d’envergure au mouvement. »

Cependant, si le mouvement semble être minoritaire, il dit beaucoup de la société tunisienne post-révolution.

« Sous Ben Ali, c’était l’ordre établi, on connaissait les cafés qui ouvraient, mais maintenant, les gens se mobilisent pour ça ! C’est la naissance de la société civile », explique Firas Kefi. Le combat politique des non-jeûneurs sera alors de longue haleine et, comme l’assure Karim Benabdallah, « la démocratie n’est pas un package tout prêt, ça prend du temps. »
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peut être devraient ils plutôt adopter la charia islamique des musulmans ismaéliens nizarites, plutôt que ce qui ressemble à une charia wahhabite?
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yacoub
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TUNISIE

Voyage dans les temps révolutionnaires avec l'écrivain Fathi Ben Haj Yahia

"Bourguiba a compliqué (involontairement) les choses pour la gauche et il les a facilité pour les islamistes".

Par Yassine Bellamine

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Fathi Ben Haj Yahia

Dans le cadre d’une conférence organisée par l’Université de Columbia sur Mai 68, l’écrivain et ancien dirigeant du mouvement de gauche “Perspectives”, Fathi Ben Haj Yahia est revenu, pour Imen Amiri, sur les contestations estudiantines qui ont marqué la Tunisie durant cette année-là.

Imen Amiri est Maître de conférence à l’Université de Columbia, Professeur adjoint de français, à St. John’s University et Assistante, à la Faculté des lettres et des Sciences Humaines Sfax. Elle Habite à Manhattan.

Imen Amiri : Les questions concernent en fait les répercussions de mars 68 sur la suite. En France on a assisté à une véritable révolution culturelle. Comment avez-vous vécu les choses en Tunisie, pourquoi cela ne s’est pas fait?

Fathi Ben Haj Yahia : Comparativement à la France, il y a eu, à mon avis un grand paradoxe en Tunisie. N’oublions pas que mars 68 est survenu dans la foulée de la défaite de 67 qui hantait encore les esprits. D’ailleurs elle y était pour quelque chose, cette défaite, dans notre mars 68 puisque le comité de défense de Mohamed Ben Janet (arrêté et accusé d’avoir brûlé l’ambassade de Grande-Bretagne) a joué un rôle dans la suite des événements. Bref. Juin 67 a engendré un virage à gauche des mouvements nationalistes arabes déçus du nassérisme et du baathisme et surtout de l’investissement dans les armées arabes régulières mais il a engendré en même temps une sorte de ferveur identitaire et un mélange flou de gauchisme populiste (Mao et le livre rouge faisaient fureur), de panarabisme faisant de la cause palestinienne le fer de lance de la cause arabe.

Difficile dans ce contexte de parler de révolution culturelle, même si au fond, je suis convaincu qu’elle a bien eu lieu car comme je le disais elle comportait un paradoxe.

En effet l’émergence des masses estudiantines sur la scène politique, en nombre sans commune mesure avec celui d’avant mars 68 (fruit de la généralisation de l’enseignement), la paupérisation des masses rurales suite à l’échec du coopérativisme et l’exode rural qui s’en est suivi, l’émergence de la femme dans la sphère publique, induisant une perturbation des équilibres masculins pas encore acclimaté à la mixité, sont autant de facteurs qui ont renversé la vapeur par rapport à l’atmosphère, disons “libertaire” et “citadine” qui prévalait dans le milieu étudiant avant 1968. Le mouvement féministe lui-même est quelque part né dans un climat conflictuel avec les gauchistes d’antan, les années 70 et 80 qui se voulaient un dépassement de Perspectives et de sa brochure jaune sur la cause palestinienne, qu’elle aborda en terme de “deux peuples, un seul État”. Il a fallu des années de lutte des Femmes démocrates pour faire entendre leur cause au sein de la gauche. Elles étaient taxées de petites bourgeoises, de libérales (entendre permissives libertaires) et non solidaires de la cause du prolétariat.

Mais il y avait l’autre aspect, disons “progressiste”. En effet, l’émergence du féminisme, l’extension de la mixité dans les écoles, la floraison du mouvement théâtral avec surtout le “Nouveau théâtre”, la sortie de l’idéologie d’une partie de la gauche convertie aux droits de l’homme, tous et d’autres encore, signes d’une révolution culturelle.

Disons que pour une certaine génération, il y a eu un “effet 68”. Aujourd’hui encore, au sein des classes moyennes il y a des “enclaves” sociales aux mœurs différentes, sécularisées et progressistes, elles sont observables dans les rapports de couples, le comportement avec les enfants, le rapport à la culture, les habitudes de consommations.

Nous connaissons tous les noms de perspectivistes qui ont lutté, mais beaucoup moins les femmes, quelle rôle ont-elles joué, c’était juste des compagnes ou ont-elles eu un rôle de leader quelque part?

Elles étaient bien plus que des compagnes, peut-être pas des leaders. Disons qu’elles ont assumé un rôle militant aussi bien dans les débats que dans la logistique. J’en parle un peu dans mon livre الحبس كذّاب والحيّ يروّح traduit en français sous le titre “La gamelle et le couffin”.

On peut citer des noms comme Malika Horchani, Aicha Belabed, Dalila Ben Othman pour parler de la première génération… Nombre d’universitaires.

Lors de l’arrestation des étudiants en 72 beaucoup se sont “islamisés” ou du moins montré un penchant assez conservateur, qu’en est-il des partis islamistes (est-ce que le terme est anachronique par rapport aux tendances panarabistes de certains)?

D’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas d’islamisation des militants étudiant en 72. D’ailleurs jusqu’au milieu des années 1970, l’islam politique est resté très minoritaire à l’Université. En réalité à partir des années 1970, une partie même des nouveaux militants porteurs d’un discours progressiste étaient culturellement conservateurs.

Quand on est viscéralement identitaire, il est difficile de démêler en soi le conservatisme du progressisme, le sacré du profane. On a observé ou constaté cela chez beaucoup de militants de gauche, non seulement en Tunisie mais dans le monde arabe. Nous en sommes venus à la révolution par fierté et dignité (anti-impérialisme), par frustration et soif d’équité (anti-bourgeoisie), par besoin de se reconnaitre au sein une fratrie autre que la naturelle (appartenance partisane et groupuscule) et quelque part en quête d’une forme de liberté individuelle (il a fallu attendre l’après 2011 pour pouvoir parler d’une véritable émergence de l’“individu” et de l’individualisation de la société -surtout chez les jeunes générations).

L’islamisme ou l’islam politique a pointé son nez au milieu des années 70 et a connu son épanouissement avec la révolution iranienne qui a enflammé des foules et a permis à l’islamisme d’être perçu comme une vraie alternative porteuse. Cela coïncidait aussi avec l’essoufflement de la gauche et du communisme dans le monde. Je ne veux pas dire que l’exogène prime sur l’endogène, loin de là. L’ancrage islamiste s’est fait dans un terreau tunisien déjà propice et accueillant, le traumatisme d’une modernisation à la césarienne et jacobine y était pour quelque chose, mais ce volet mériterait tout un développement.

Dans les années 60/70 y avait-il dans la lutte contre Bourguiba un rassemblement des différentes tendances ou y avait-il des scissions, notamment lors de mars 68?

Bourguiba a compliqué (involontairement) les choses pour la gauche et il les a facilité pour les islamistes. Je m’explique. Être de gauche face à Bourguiba n’aidait pas beaucoup pour se tailler un profil complètement à part, pour se construire une identité aux contours complètement détachés du projet bourguibien.

Excepté son autoritarisme absolu, son culte de la personnalité et son pro-américanisme, il n’y avait pas beaucoup de choses à lui disputer ou presque. Unification de la magistrature et élimination des tribunaux charaïques, généralisation de l’enseignement, promulgation du CSP et acquis pour la femme, santé publique, planning familial etc… Bref une vraie laïcisation de la société même si elle ne disait pas son nom.

Par contre pour les islamistes c’était l’aubaine et une occasion inouïe pour se forger une identité adverse sans équivoque et sans aucun point de rencontre qui risquerait de flouer le Tunisien. On était dans le pour ou le contre pas dans le “oui mais” de la gauche, du type “oui pour la libération de la femme mais ce n’est pas assez”. Pour les islamistes, Bourguiba a banni l’enseignement Zaitounien, a acculturé l’enseignement et les tunisiens, a perverti la femme, a pactisé avec le sionisme, il a malmené la religion (nous nous voulions carrément la faire disparaitre)…

De quoi tracer une ligne de démarcation claire et surtout de quoi éponger toutes les frustrations accumulées par une jeunesse aux abois surtout pendant la dernière décennie du règne du Zaïm. Les islamistes avaient pour eux le “brut social”, l’histoire ancienne, le prophète, Allah, les traditions. Tout quoi, alors que nous nous étions seuls, un peu ex-nihilo en pays d’islam.

Pour revenir à la question, nous n’avons jamais su marcher en rang serré à gauche. Notre histoire est faite de factions, groupuscules et scissions successives même s’il y avait et il y a encore quelque chose qui nous unit, peut-être le tragique d’un destin… à ne pas négliger comme matériau de soudure! Déjà en taule, en mars 68, commencèrent les scissions.

Vous qui avez vécu les choses de près pendant les années noires, pensez-vous qu’il y a une filiation entre vos idées de l’époque et celles qui ont mené à la chute du régime de Ben Ali; ou y a-t-il eu une rupture?

Est-ce que vous sentez que les tunisiens ressentent l’héritage de vos luttes ou le mythe d’or de Bourguiba aujourd’hui a-t-il tout gommé?

Plutôt l’option B, malheureusement. Mais je crois aussi que les tunisiens ne sont pas dupes. J’ai l’impression que le retour de Bourguiba est de l’ordre de l’incantation, c’est comme un peu صلاة الاستسقاء même si la pluie vient après ils savent, tout en feignant de l’ignorer, que la météo l’a déjà annoncée.

Par ailleurs, l’héritage de la gauche est certain, mais pas là où on le croit. Il est surtout dans l’atmosphère culturelle, théâtre, cinéma, création artistique de toutes sortes c’est-à-dire là où il est difficile aux islamistes de pénétrer. Un milieu qui demeure la chasse gardée d’une gauche immatérielle et diffuse. C’est peu, certes, pour faire face à la machine islamiste ou gagner de larges secteurs de la population mais ce n’est pas mal non plus si on arrive un jour à comprendre que notre créneau porteur se situe surtout sur le front culturel.

Il n’empêche, les slogans des insurgés de 2010 et 2011 étaient des slogans “de gauche”, directement issus du mouvement étudiant et du syndicalisme (UGTT). Ce qui atteste une influence sourde indirecte. Même s’il faut se garder d’en exagérer la portée.

Description de la conférence dont les panelistes sont : Kristin Ross, Ludivine Bantigny, Julian Bourg, Souleymane Bachir Diagne, Imen Amiri, Bernard Harcourt, Françoise Blum and Emmanuelle Saada.

“Alors que les récits de Mai 68 le localisent traditionnellement sur une ligne allant de Paris à New York, en passant par Prague, Pékin et Tokyo, nous aimerions réfléchir à une géographie francophone alternative de mai 68, qui inclut la Guadeloupe, où un soulèvement anti-racisme en mai 1967 a été violemment réprimé, de même que Dakar et Tunis, où les contestations ont ébranlé les bases locales du pouvoir et façonné les mouvements sociaux et politiques pour les décennies à venir. Et finalement, c’était quoi Mai 68? Comment pouvons-nous interpréter ensemble les différents mouvements qui ont contesté les rapports de pouvoir autour de la race, du genre, de la sexualité, du travail, de la culture et du savoir? Comment ont-ils façonné les conflits politiques ultérieurs et comment résonnent-ils avec les luttes politiques et sociales actuelles?
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Egalité hommes-femmes dans l’héritage : des islamistes demandent d’exclure la Tunisie du «monde arabe»
Par Algériemondeinfos
27 novembre 2018
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Les progrès enregistrés au niveau des droits des femmes, notamment l’égalité dans l’héritage, en Tunisie ne plait pas à tout le monde. Des activistes ultra-conservateurs, dont des prédicateurs salafistes, ont initié une pétition pour demander d’exclure la Tunisie du « monde arabe » et la transférer à d’autres ensembles tels que l’Europe.

Selon des sites d’information du Moyen-Orient, des muftis, dont un certain Jamaâne al-Dhob, ont lancé cette idée pour « donner l’exemple aux autres pays arabes de ce que cela peut coûter de dévier des principes de la nation arabe et musulmane ».

Même un porte-parole de la célèbre mosquée El-Azhar a rappelé que « cette déviance » a commencé dans les années 1950, lors que le défunt président Habib Bourguiba avait promulgué la loi sur le statut personnel.

Ces extrémistes reprochent à la Tunisie d’avoir adopté des lois qui permettent à la femme d’être l’égal de l’homme dans l’héritage et de laisser la liberté à la femme d’épouser l’homme de son choix, indépendamment de ses convictions religieuses.

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yahv2005 a écrit : dim. 9 déc. 2018 16:29 Egalité hommes-femmes dans l’héritage : des islamistes demandent d’exclure la Tunisie du «monde arabe»
Excellent ! Enfin un pays colonisé par les mahométans arabes qui pourraient retrouver leur pays avec leurs vrais natifs, et leur vrai peuple.
Tellement beau que je n'y crois pas.

Il faut du courage pour être libre, sans révolution rien n'est possible.

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La Tunisie rejetterait donc la charia mais pas le djihad ni l'islam. C'est du vent !
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Message non lu par yacoub »

Effectivement la Tunisie doit devenir laïque sinon elle sera dévorée par la RATP
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Re: La Tunisie rejette la charia....

Message non lu par yacoub »

Tunisie : 41 peines de mort pour les auteurs d’un attentat contre l’armée
>International|Le Parisien avec AFP| 12 janvier 2019, 23h35 |7
Trois jours de deuil national avaient été instaurés après l’assassinat des quinze militaires. AFP/Fethi Belaid
L’attaque s’était produite en juillet 2014 et avait causé la mort de 15 membres de l’armée tunisienne.

Quarante et un djihadistes ont été condamnés à la peine de mort en Tunisie pour leur participation à une attaque qui avait fait 15 morts parmi les forces de sécurité en juillet 2014 à la frontière avec l’Algérie.

Les 41 hommes, dont seulement deux sont en détention, les 39 autres étant en fuite, ont été condamnés vendredi par le tribunal de première instance de Tunis, a indiqué le porte-parole du pôle antiterroriste du parquet, Sofiene Sliti.

Ils étaient affiliés au groupe djihadiste Etat islamique, a-t-il ajouté. La peine capitale fait l’objet d’un moratoire depuis 1991 en Tunisie : de telles peines continuent à être prononcées mais pas exécutées.

L’attaque la plus meurtrière pour l’armée tunisienne

Le 16 juillet 2014, quinze militaires avaient été tués dans un assaut « terroriste » sur le mont Chaambi, dans une zone de la région de Kasserine (centre ouest) qui reste un repaire pour les combattants extrémistes.

Le ministère de la Défense avait alors indiqué que 40 à 60 « terroristes » armés de mitrailleuses et de lance-roquettes avaient ouvert le feu à l’heure de la rupture du jeûne du ramadan, sur des soldats dans la région de Henchir El-Talla.

Cinq soldats avaient été tués par balles, neuf autres dans l’incendie de leur tente après les tirs, et un quinzième était décédé plus tard. Un deuil national de trois jours avait été proclamé suite à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire de l’armée tunisienne.
La Tunisie fréquemment frappée par le terrorisme

Après sa révolution de 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance djihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de civils et de touristes étrangers.

LIRE AUSSI >Tunisie : le tourisme, plus fort que le terrorisme

Même si la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, des groupes djihadistes subsistent notamment à la frontière algérienne et le pays reste sous état d’urgence depuis l’attentat suicide commis en plein Tunis contre la sécurité présidentielle (12 agents tués), en novembre 2015.
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Re: La Tunisie rejette la charia....

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"On ne peut transformer la Tunisie en Arabie saoudite. Ennahdha l'a compris"

Une femme tient le drapeau national le 14 janvier 2016 dans l'avenue Habib Bourguiba à Tunis pour marquer le cinquième anniversaire de la révolution tunisienne. (FETHI BELAID / AFP)
Une femme tient le drapeau national le 14 janvier 2016 dans l'avenue Habib Bourguiba à Tunis pour marquer le cinquième anniversaire de la révolution tunisienne. (FETHI BELAID / AFP)
Le parti islamiste doit annoncer des changements importants lors du 10e congrès organisé ce week-end. Explications avec le politologue Riadh Sidaoui, qui tempère l'importance de la mue en cours.

Par Céline Lussato
Publié le 20 mai 2016 à 15h15

C'est un congrès historique que les leaders du parti islamiste tunisien Ennahdha promettent entre le 20 et le 22 mai. L'occasion de mettre en place la révision doctrinale qui accompagne la mue du parti - celui-ci restant toutefois dirigé par le même homme depuis sa création : Rached Ghannouchi. Le politologue tunisien Riadh Sidaoui, directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (Caraps, Genève), décrypte la situation.

Le leader historique du parti islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, annonce de profondes mutations à la veille du Congrès de ce week-end. Le parti va-t-il connaître une réelle révolution interne ?

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Ennahdha est un front, c'est le rassemblement de plusieurs courants. Certains sont aujourd'hui marginalisés, d'autres au contraire ont pris l'ascendant sur le parti. Il faut connaître cette structure pour comprendre ce qui va se dérouler au Congrès de ce week-end. Aujourd'hui, la plus forte de ces tendances est celle des Frères musulmans. Inversement, il y a eu dans les années 1970 et 1980 un courant pro-iranien assez fort, aujourd'hui disparu.

Structurellement, les deux courants les plus importants à distinguer sont ceux que l'on nomme "de l'extérieur" et "de l'intérieur". Le premier est emmené par ceux qui ont quitté la Tunisie sous Ben Ali pour vivre à Londres. Son leader est Rached Ghannouchi. Le second est formé par ceux qui ont été opprimés par Ben Ali. Ils ont pour la plupart passé de longues années en prison.

Après la révolution, le groupe "de l'extérieur", plus modéré, plus ouvert sur l'Occident, a gardé la tête du mouvement. Mais le leadership de l'intérieur a fait pression toutes ces années au sein du parti pour radicaliser le discours d'Ennahdha. Mais le parti n'est pas ouvert. S'il est animé de conflits intenses, il est rare de savoir ce qui se trame réellement à l'intérieur. La discipline interne est très forte et les conflits - très nombreux - ne sortent pas.

Remarquons que la tendance modérée avait déjà marqué des points lors du dernier scrutin législatif. Le clan Ghannouchi avait en effet écarté alors deux faucons du parti, les empêchant de se représenter : Sadok Chourou et Habib Ellouze.

Autre point capital pour comprendre ce qui va se passer : depuis la fondation de Ennahdah, il n'y a qu'un seul véritable maître à bord : Rached Ghannouchi. On ne peut parler d'un parti démocratique. C'est un parti fondé et incarné par un chef historique qui n'a pas laissé sa place à une nouvelle génération. Il continue à dominer le parti.

Rached Ghannouchi le 20 mars 2015 à Tunis. (AFP PHOTO / FETHI BELAID)

Quelles peuvent donc être les évolutions du parti ?

L'aile libérale domine le parti et nous pouvons nous attendre à quelques changements. Mais sans grand tournant en matière de gouvernance il me semble. Le parti est dans une situation compliquée : il n'a pas gagné les dernières élections, et les Frères musulmans subissent une vague d'oppression très forte dans le monde arabe. On connaît la situation en Egypte mais n'oublions pas aussi que les Pays du Golfe ont inscrit le mouvement sur la liste des organisations terroristes… Prendre ses distances avec l'organisation n'est peut-être qu'un choix pragmatique.

Par ailleurs, compte tenu de la situation intérieure tunisienne, c'est-à-dire l'échec relatif de leur dernier épisode de gouvernement avec la troïka, mais aussi la situation économique du pays et la défiance d'une partie de la société tunisienne, le clan de Londres semble tout simplement plus à même de gérer le parti que les faucons. Je pense d'ailleurs que ces derniers vont accepter le maintien de la mainmise de Rached Ghannouchi sur le parti.

Rached Ghannouchi voulait, en s'inspirant du modèle turc, prôner une réconciliation entre l'héritage du passé et la modernité, une synthèse entre laïcité et religion. Il se présente comme un homme de synthèse. Affirmer vouloir aller vers un parti plus civil ne va pas à l'encontre de ses précédentes prises de position.

La vraie question qui va se poser c'est l'après-Ghannouchi. Toutes les contradictions du parti apparaîtront avec son départ ou sa disparition. Lui-même a parfois tenu un discours puis son anti-discours, on ne sait pas toujours ce qu'il pense. Si lui parvient à mener le parti avec toutes ses tendances et ses contradictions, un autre parviendra-t-il à le faire après lui?

Dans ces récentes interviewes il se dit inquiet de la radicalisation de certains courants islamistes. Mais Ennahdha lui-même a flirté avec les radicaux…

Après son accès au pouvoir après 2011, Ennahdha a voulu utiliser la carte des salafistes et même des takfiristes. Il y avait cette relation ambiguë entre les chefs d'Ennahdha et ceux par exemple de Ansar al-charia, désormais considéré désormais comme une organisation terroriste – il existe notamment des photos de nahdaouis avec le leader de ce mouvement Abou Iyadh.

Rappelons que la police tunisienne a laissé filer Abou Iyadh après l'attaque de l'ambassade américaine alors qu'il était encerclé dans la mosquée el-Fath à Tunis. A cette époque, le ministre de l'intérieur n'est autre que Ali Larayedh d'Ennahdha. Le parti n'a pas voulu avoir de rupture nette avec cette branche locale d'al-Qaïda. Pour ne pas se priver de cet électorat mais aussi parce que ses militants pouvaient éventuellement servir lorsqu'il fallait en faire descendre quelques-uns dans la rue. Il faudra attendre 2013 pour avoir une rupture.

Lorsque Rached Ghannouchi affirme que Ennahdha va désormais séparer le politique du religieux, qu'est-ce que cela signifie ? Ennahdha ne sera plus un parti islamiste ?

Avant de devenir un parti politique, Ennahdha se présentait comme un groupe de prêcheurs désireux de revenir aux valeurs "pures" de l'islam. Ce n'est que plus tard qu'ils se sont présentés comme un parti politique. Mais ils ont gardé les deux facettes dans la même structure. On les a longtemps accusés d'utiliser les mosquées pour leur propagande par exemple. Mais les mosquées sont pour tous les musulmans, pas pour un seul parti politique. Ennahdha fait donc aujourd'hui marche arrière en affirmant vouloir séparer le politique de la propagande religieuse.

Après la chute des islamistes au pouvoir en Egypte et surtout l'inscription sur la liste des organisations terroristes par les Emirats, Ennahdha doit, pour sa survie, prendre ses distances et va marteler "on n'est pas des Frères musulmans" de plus en plus fort. Mais cela reste un parti islamiste. Il est difficile de le voir autrement. C'est vrai qu'il y a les partis démocrates chrétiens en Europe, mais Ennahdha ne peut pas devenir laïc même s'il peut devenir démocrate. Lors des dernières élections le parti a accepté sa défaite et n'a pas gardé le pouvoir pas la force mais cela reste un parti religieux.

C'est une conception purement tunisienne de l'islam politique qui se construit ici ?

On peut donner une chance encore à Ennahdha afin qu'elle s'éloigne de plus en plus des Frères musulmans et de l'islam radical pour devenir un modèle pour les autres partis islamistes dans le monde arabe.

Il y a une radicalisation en ce moment dans le monde arabe. Mais la société tunisienne est très différente des autres sociétés du monde arabe. Ennahdha a compris qu'on ne peut appliquer la charia à la saoudienne en Tunisie. On ne peut pas accepter la polygamie en Tunisie par exemple. Après la chute du pouvoir de Ben Ali, la Tunisie s'est trouvée dans un vide du pouvoir. Il n'y avait que les islamistes dans le paysage politique organisé. Ils ont essayé d'imposer une islamisation de la Tunisie par la force du pouvoir mais la société civile tunisienne et notamment les femmes ont résisté.

Le leadership de Ennahdha a compris que la société civile tunisienne ne renoncerait pas facilement à ses acquis. On ne peut pas revenir en arrière, ni transformer la Tunisie en Arabie saoudite. Ils s'adaptent donc à la fois au contexte international et local pour assurer leur survie.

Propos recueillis par Céline Lussato
Céline Lussato

Céline Lussato
"La où l'islam passe, la civilisation trépasse" Ibn Khaldoun
"l' islam est une loi pour les pourceaux" Ibn Roshd
"Je suis le prophète du carnage. Je suis le rieur sanglant" Mahomet
"le paradis est à l' ombre des épées" Mahomet
Les peuples non civilisés sont condamnés à rester dans la dépendance de ceux qui le sont.
Et la civilisation, c'est l'Occident, le Monde Moderne, dont la Turquie doit faire partie si elle veut survivre.
Mustafa Kemal, discours de 1928

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