Pleure oh pays bien aimé !

Critique du Coran et ses versets - Chronologie - Histoire - Versets abrogés, Critique constructive des hadiths - quel apport dans la vie d'un musulman ? La réalité de la charia et de ses horreurs un peu partout dans le monde. Comment l'islam règle la vie des gens - comment les religieux oppressent le peuple
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yacoub
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Djamila Bouhired dénonce

El Watan, 21 juin 2017

Halte à la falsification de l'Histoire !» ; «Halte à la profanation de la mémoire de nos martyrs !». La salve est de l'héroïne nationale Djamila Bouhired pour empêcher la réalisation d'un film sur son parcours et sa vie sans son aval.

Mme Bouhired a rendu public, hier, un communiqué pour prendre à témoin l'opinion nationale, mais surtout de mettre en garde contre l'entêtement de ce «réalisateur officiel» spécialisé dans les films «historiques». Le réalisateur en question n'est autre qu'Ahmed Rachedi qui s'est spécialisé depuis quelque temps dans la réalisation de films sur des figures de la Révolution grassement subventionnés pas le Trésor public.

L'héroïne de la guerre de Libération nationale accuse ainsi et vertement le pouvoir politique d'être derrière cette opération de légitimation. «Un film prétendant relater ma vie et mon parcours militant est en préparation. Commandité par le pouvoir politique, financé sur le budget de l'Etat, il est confié à un cinéaste officiel. Dans un contexte de falsification décomplexée qui tente de tailler une histoire sur mesure à des usurpateurs et des faussaires, cette opération vise, une fois encore, à instrumentaliser la guerre de Libération nationale à des fins de légitimation du pouvoir», pilonne-t-elle.

Elle dénonce une opération de «réduire la Révolution à un rôle de faire-valoir d'un régime autoritaire, impopulaire et antinational». Jamais des qualificatifs aussi durs et aussi radicaux n'ont été utilisés par cette légende vivante. C'est-dire la colère de cette femme qui, aux côtés de nombreuses jeunes Algériennes, s'est battue pour l'indépendance nationale. «Malgré mon opposition clairement formulée à la réalisation d'un film qui veut réduire la Révolution au rôle de faire-valoir d'un régime autoritaire, impopulaire et antinational, les commanditaires de ce film ont décidé de passer outre.

Après avoir manipulé les martyrs, ils revendiquent maintenant le droit d'instrumentaliser l'image des survivants dans des luttes d'arrière-garde. Je prends à témoin mes frères et mes sœurs algériens pour réaffirmer mon opposition à la réalisation de tout film dont je serai le personnage principal, et mon refus de servir de caution à toute opération occulte. Je dénonce avec force l'instrumentalisation de la Révolution et de ses martyrs à des fins de légitimation du pouvoir», dénonce-t-elle.

Hacen Ouali
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marmhonie
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Pleure, ô pays bien-aimé, car l'Islam ne permet aucune révolution ni la reconnaissance des droits de l'homme.
Pleurez, tant que vous voulez et citez tous vos héros modernes martyrs, tout cela avait déjà été dit mot pour mot durant la Révolution française.
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Algérie : Bouteflika presse Paris de reconnaître « les souffrances d’hier » liées à la colonisation

A l’occasion des cinquante-cinq ans de l’indépendance, Alger a de nouveau exigé de la France de faire face aux « vérités de l’Histoire ».
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Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a de nouveau demandé à la France d’admettre officiellement les « souffrances » infligées au peuple algérien sous la colonisation, dans un message à l’occasion des cinquante-cinq ans, mercredi 5 juillet, de l’indépendance de l’Algérie.

« Notre peuple exige toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d’hier, la France », a affirmé M. Bouteflika dans ce message diffusé par l’agence de presse officielle APS. « Le partenariat d’exception », dont l’Algérie et la France ont engagé la construction depuis la visite à Alger fin 2012 du président français François Hollande, « gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire », a poursuivi le chef de l’Etat algérien.
Des blessures toujours pas cicatrisées

L’Algérie a par le passé réclamé que la France reconnaisse officiellement ses « crimes » commis dans le pays et s’en excuse, après cent trente-deux ans de colonisation française et une guerre d’indépendance sanglante qui ont laissé des blessures toujours pas cicatrisées.

Cette question a été rarement soulevée ces dernières années, notamment depuis que le président Hollande avait, le 20 décembre 2012, solennellement reconnu devant le Parlement algérien « les souffrances » infligées par « la colonisation française », sans toutefois formuler d’excuses ou de repentance.


Les relations – compliquées et passionnelles – entre Paris et Alger s’étaient alors réchauffées, après avoir été longtemps plombées par un article d’une loi française votée en 2005, mentionnant « le rôle positif de la colonisation ». M. Bouteflika avait vu dans cette loi une « cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme » et exigé une « repentance » de la France.

En 2006, malgré l’abrogation de cet article, il avait réclamé des « excuses publiques et solennelles » de la France pour « le crime de colonialisme » comme préalable à la signature d’un accord d’amitié entre les deux pays, finalement abandonné.
« Ami de l’Algérie »

Cette nouvelle demande d’Alger intervient peu après l’élection à la présidence française d’Emmanuel Macron, qui souhaite renforcer le « partenariat d’exception » avec Alger et est attendu en visite à Alger à une date non encore précisée.

Encore candidat, M. Macron – qualifié par M. Bouteflika d’« ami de l’Algérie » – avait, à Alger, qualifié la colonisation française en Algérie (1830-1962) de « crime contre l’humanité ».


Mercredi 5 juillet, M. Bouteflika, diminué physiquement depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, a fait une rare apparition publique en se recueillant, assis dans un fauteuil roulant, à la mémoire des martyrs de la guerre d’indépendance (1954-1962), dans un cimetière de la banlieue est d’Alger, selon des images diffusées par la télévision d’Etat.

A la tête du pays depuis 1999, M. Bouteflika, 80 ans, a été réélu en 2014 pour un quatrième mandat. Depuis son AVC, son état de santé fait l’objet de nombreuses spéculations et il ne fait que de brèves et rares apparitions à la télévision d’Etat

En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2 ... HqXBVVMd.99
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Saïd Bouteflika a besoin du soutien de Paris pour succéder à son frère. Que propose-t-il pour l’obtenir ?


Avec le régime algérien, rien n’est simple et rien ne doit être pris au premier degré. Y compris ses folles exigences de repentance. Ainsi, le 5 juillet 2017, quand, à l’occasion de la fête nationale, sourd, muet et quasi paralysé, le président Abdelaziz Bouteflika publie un message diffusé par l’agence officielle APS dans lequel « il » écrit : « Notre peuple exige (je souligne) toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d’hier, la France »[1].
Au-delà de cet exercice de style incantatoire, mécanique et convenu, passons à l’essentiel du message. Ceux qui tiennent la main du président Bouteflika s’y adressent plus aux Français qu’aux Algériens. Un paradoxe le jour de la fête nationale algérienne…. Après avoir insulté la France, voilà qu’ils y affichent une claire intention d’établir avec elle des rapports enfin apaisés à travers « un partenariat d’exception qui se doit d’être mutuellement bénéfique ».
« Mutuellement bénéfique » signifiant donnant-donnant, que demande donc le clan Bouteflika aux abois ? Tout simplement qu’Emmanuel Macron entérine la succession « à la cubaine » qu’il prépare, Saïd Bouteflika prenant alors la place de son frère Abdelaziz. En échange de cet aval français qui ouvrirait la voie à une reconnaissance internationale, les services algériens « aideraient » Paris dans un dossier malien de plus en plus pesant, mais dont ils connaissent intimement certains des principaux acteurs…

Explications :

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[align=center]Image[/align]

https://youtu.be/4L0ju6N3tl0
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Ma condition d'animal en Algérie par

Kamel Daoud

Le bestiaire de l’Islamistan n’est pas aussi riche que le panthéon de l’hindouisme. C’est le propre des monothéismes peut-être: un seul Dieu et peu d’animaux dans ses parages.

Sur la scène de l’imaginaire algérien, les animaux n’ont pas beaucoup de place. Le Coran en cite quelques-uns mais le bestiaire coranique reste pauvre et sur une arche, un Noé algérien d’aujourd’hui, emportera peu d’espèces qu’il jugera utiles: beaucoup de moutons à manger, peut-être un caniche, des chardonnerets car ils se revendent bien, des canaris d’Espagne, un cheval, mais pas d’âne ni d’araignée. L’Algérien se soucie peu, généralement, des animaux. L’Islam ne l’y pousse pas et la Loi ne l’encourage pas.

Le chien n’est pas l’ami de l’islamiste
Mal vu par les islamistes, il est l’une des causes d’impureté qui obligent le musulman à refaire ses ablutions. Utile contre les voleurs, il est accusé cependant d’empêcher les anges d’entrer dans les maisons, selon la tradition. C'est un hadith qui le dit. Le chien mord, attaque, chasse l’étranger et l’ange, en même temps. Du coup, il a un statut ambigu: la pauvreté en a fait le meilleur ami de l’homme et le plus ancien système d’alarme. L’islamiste en a fait une bête maudite.

Une ambiguïté qui ne manque pas de créer des incidents: les Algériens peuvent élever un caniche parce qu’il est beau, qu'il impose l’idée d’un prestige financier et social. Mais ils peuvent aussi brûler le chien, juste pour s’amuser, comme cela est arrivé dans la wilaya (préfecture) de Sidi Bel Abbes, à l’ouest du pays.

Un chien sans maître a volé un morceau de viande lors d’un pique-nique de jeunes. Ces derniers l'ont poursuivi, attrapé et brûlé avec de l’essence. Ironie de l'histoire, l’animal martyrisé se refugia, en flamme, sous leur voiture qui finira elle aussi carbonisée.

Le chien peut aussi être un passe-temps des banlieues: pitbull, berger allemand, gardien, assistant de gardiennage…etc. Dans l’ensemble, il est utile mais reste «impur». Ce statut ambigu du chien en Algérie est illustré par bien d’autres anecdotes. Celle des fourrières canines à Oran par exemple.

Fiers de leurs statistiques (1.800 chiens errants ont été capturés depuis le début de l’année à ce jour et ont été acheminés vers la fourrière canine pour l’abattage qui se fait par électrocution, Ndlr), les agents de fourrière expliquent cependant leur dur métier de chasseurs urbains:

«Dans certaines localités, les citoyens se manifestent pour empêcher les agents à accomplir leur travail. Un paradoxe: d’un côté, ils se plaignent de la prolifération des chiens et d’un autre côté, ils s’opposent au travail des agents», racontent des employés de la mairie aux journalistes.

La chasse aux chiens est alors empêchée par les habitants des villages, parfois armés d’armes blanches! Résultats, les chasseurs des chiens se font accompagner d’agents de police pour attraper les chiens dont certains citoyens se plaignent...

Selon ces défenseurs du chien algérien, les sociétés privées dont s’aide la mairie «ne respectent pas les méthodes légales de la capture, et ne pratiquent pas l'abattage au niveau de la fourrière, puisque dans le meilleur des cas, les chiens capturés sont relâchés à nouveau dans d'autres communes». Ces chiens, à nouveau errants, représentent de nouvelles missions de capture que la mairie du village va devoir payer à la société privée qui ainsi se fait son argent.

Car la chasse au chien, c'est de l’argent:

«Le nombre de chiens à capturer est fonction du budget attribué par chaque commune pour cette opération», précise les agents de la fourrière canine à Oran.

Pour les chiffres, on retiendra celui des morsures: chaque année entre 3.500 et 4.000 cas de morsures sont recensés, dont 75% sont provoquées par des animaux errants. Selon les sources, Oran-ville arrive en premier et près de 50.000 euros sont dégagés chaque année en facture de vaccin antirabique.

L’âne: hallal ou haram?
«En Algérie, dans la wilaya de Tébessa, à 16 kilomètres de la frontière tunisienne, plusieurs têtes d’ânes égorgés ont été retrouvées à même le sol ces derniers mois. Après enquête, les services de sécurité de Bir el-Ater, à 90 kilomètres de Tébessa, ont saisi une importante quantité de viande d’âne destinée à l’exportation», racontaient Slate Afrique.

C’en est devenu un mythe alimentaire algérien et une obsession:

«Et si on m’avait fait manger de la viande d’âne?», se dit chaque Algérien devant la vitrine de son boucher.

L’arnaque a connu son heure de gloire durant la dernière décennie. Chez les rôtisseurs, les bouchers clandestins comme les bons bouchers, des ânes abattus étaient revendus en pièces et présentés comme étant du bœuf ou du mouton.

Si c’est interdit par la loi, l’âne n’est pas illicite du point de vue religieux, ou presque pas. L’essentiel est que c’est une tricherie punie par la loi. Du coup, de temps à autres, les services algériens démantèlent une filière «âne».

Surtout près des frontières est de l’Algérie, vers la Libye qui, pour cause de révolution, importe presque tout pour manger: le blé algérien dont les chiffres d’importation ont explosé et les viandes, celle de l’âne y compris.

L’âne se mange mais il est aussi utile pour les contrebandiers eux-mêmes qui l’aiment beaucoup pour sa fidélité. C’était l’animal de transport par excellence des armes lors de la guerre de Libération, mais aussi du kif et autres exportations marocaines clandestines vers l’Algérie, du côté ouest.

Invisible, peu couteux, obéissant, discret, l’âne est l’ami de la contrebande des frontières depuis toujours. Avec le retour en force du commerce informel, il est l’animal de traction préféré des charrettes «Bouazizi» et des revendeurs ambulants de toute l’Algérie post-printemps arabe.

L’oiseau se vend bien
A Oran, il existe un gros marché d'oiseaux en cages qui concerne surtout les chardonnerets. Ils sont l'objet de contrebande, de trafic, de commerce qui conduisent à leur extinction.

Les chardonnerets algériens sont devenus une marchandise d’exportation illégale. Le commerce fait florès aux frontières, surtout avec le Maroc. Les saisies sont d’ailleurs nombreuses à l’ouest. En décembre 2010, 550 chardonnerets ont été saisis par la gendarmerie dans le véhicule d’un intermédiaire. Il expliqua les avoir acheté à un euro l’unité pour les revendre presque le triple à Alger, auprès d’un éleveur qui les revendait, à son tour, dix fois le prix, par la suite! Mais combien coûte l’oiseau de compagnie? Cela va de 3.000 à 20.000 dinars (entre 50 et 150 euros).

Si des commerces existent pour en assurer la nourriture et les produits de base, c’est la contrebande frontalière qui nourri les réseaux car ces espèces n’existent presque plus dans les forêts algériennes.

Le gouvernement s’est d'ailleurs vu forcé d’agir et de signer un décret de protection rapprochée pour certaines espèces. Un décret qui restera sans effet, ou presque. La liste des VIP à protéger compte le chardonneret élégant, l’aigle royal, la sitelle kabyle, la couleuvre à capuchon algérienne, le porc-épic, le singe magot, le hérisson, le cobra d’Afrique du nord etc. Au total, cette liste comprend «plus de 373 animaux dont des mammifères, des reptiles, des oiseaux, des insectes, des amphibiens».

Qui a tué le dernier lion de barbarie?
C'est un animal emblématique. Il sert de surnom aux héros de guerre. Krim Belkacem, un des pères de la guerre de Libération, a été surnommé par les Français «Le lion du Djebel».

Il a aussi donné son nom à une montagne à Oran, à l‘ouest d’Alger. Le mot «lion» est d'ailleurs aussi une étymologie possible du nom d’Oran: Oran veut dire Wahran, qui veut dire rugissement. Ce qui explique les deux statues de lions à l’entrée de la Mairie d’Oran, sculptées par l’artiste animalier français Auguste Caïn.

Le lion d’Algérie appelé aussi lion de barbarie (en latin «Panthera leo berberisca») a pour signes particuliers un pelage gris et une crinière abondante par rapport aux lointains cousins d’ailleurs.

Mais où sont-ils passés tous aujourd’hui? Selon les livres, les lions de Barbarie ont disparu de la Libye dès 1700. Le dernier lion de Barbarie a été tué en Tunisie en 1891 «près de Babouch, entre Tabarka et Aïn-Draham». Le dernier lion algérien? Il a été tué en 1893 près de Batna, à 97 km au sud de Constantine. Selon d’autres versions, le dernier lion a été abattu par des colons dans les forêts de Séraïdi (est de l’Algérie) vers 1890.

Précision, le dernier lion tué en Algérie n’est pas mort il y a un siècle mais il y a quelques années, en décembre 2004. Le fauve a été abattu par un policier, au zoo d’Oran, qui voulait sauver un enfant tombé dans la fosse aux lions de la ville. L’enfant sera sauvé, le policier décoré par le préfet de la ville et le lion abattu. Loin de l’histoire de tartarin de Tarascon, autre tueur de lions algériens.

L’outarde et ses émirs
L'outarde est un objet de conflit entre les Algériens qui ne se sentent pas arabes et les Arabes qui se sentent chez eux partout. C’est un des sujets qui fâchent le gouvernement et la presse algérienne. Tout ça à cause des émirs du Golfe qui viennent braconner dans le sud algérien la gazelle belle et l’outarde craintive.

Le massacre est énorme mais la discrétion du pouvoir en Algérie est, elle, totale. Autant que sa disponibilité: les émirs bénéficient de vastes zones franches de braconnages et de tout l’appui logistique des préfectures du sud.

Le scandale grossissant, un geste a été fait mais avec calcul: les Emiratis ont organisé une opération de remise en liberté de 500 spécimens d’outardes houbara. Autant pour se faire pardonner le massacre que pour assurer la disponibilité de la proie pour le sport favoris des Saoudiens et autres princes.

L’outarde algérienne, animal de plus en plus menacé, est souvent sacrifiée sur l’autel de l’amitié célèbre entre Bouteflika et les émirs. Le carnage est important mais les enquêtes sur ce braconnage sont quasi impossibles: la zone est fermée au reste des algériens.

Le fennec, fétiche du foot algérien
Ce renard, habitant l’Algérie plus qu’ailleurs, a fini par devenir le symbole officiel de son «onze». La raison? On ne sait pas. Dans la course africaine aux animaux fétiches des grands joueurs du ballon rond, le pays s’est offert le fennec, dernier animal «neutre»: ni haram, ni hallal, pas carnivore, mais omnivore, discret et rusé.

Sauf que depuis quelques années, le conservatisme local lui ôte un peu de son rôle: l’équipe nationale, dite celle des «guerriers du Sahara», est désormais sous le symbole de la guerre, du Djihad par les pieds, plutôt que de celui du Fennec, trop mou.

Les singes mangeurs de routes
Menacés un moment de disparition, il semble que les déséquilibres sécuritaires du pays leur aient donné bonne santé: le singe magot en est venu aujourd’hui à menacer les vergers et les récoltes des paysans dans les régions du parc de Djurjura et en Kabylie. Pour y remédier, une seule solution, l'abattage, à défaut d'autres.

Dans les limites de l’algérois, autre cas de figure avec les singes dit des gorges de la Chiffa. Là, ces animaux agiles et parasites provoquent des embouteillages de curieux. Ils sont aussi à l'origine d'un commerce de bananes, cacahuètes et sucreries vendus par des ambulants qui les revendent à des automobilistes...qui les donnent à des singes devenus parasites de la route.

Les rats de Camus
Comme dans le roman de La Peste, cela se passe à Oran. Les rats y sont de plus en plus nombreux, à vu d’œil et de chiffres. La raison? Elle est double. Il y a d'abord la prolifération des ordures et des décharges sauvages (pour lutter contre les rats, il faut les affamer, dira un responsable de la mairie) mais aussi les chantiers du tramway qui ont délogé les rats et les ont poussé vers la surface.

Selon les journaux, les quincailleries sont prises d’assaut par les habitants qui y achètent les dératisant en grandes quantités.

«Ces derniers temps, je vends tout produit permettant de venir à bout des rats et ce, quotidiennement. Je vends, durant une seule journée, jusqu'à quatre à cinq produits anti-rats», affirmera un vendeur dans une quincaillerie au Quotidien d’Oran.

Pour les chiffres, les mêmes sources affirment que «durant les trois dernières années, pas moins de 2.000 personnes ont été victimes de morsures de rats». En 2003, des cas de peste buboniques avaient même été signalés dans la région.

Le mouton, ami d’Abraham et de l’estomac
Le mouton est tellement aimé qu’ils ont été 3.500.000 a être égorgés en une seule journée, à l’occasion de la fête de l’Aïd l’année passée, selon l’union des commerçants algériens. Les Algériens aiment manger le mouton, le sacrifier, l’élever et le revendre.

Le mouton reste la superstar de l’estomac algérien, bien avant la viande surgelée et la viande d’Inde que le pouvoir a importé cette année mais que les Algériens ont boudé.

Le sanglier en liberté
C'est un roi protégé: il a la liberté de la vache en Inde et personne ne le mange en Algérie, ou presque. Les battues administratives sont devenues rares depuis des décennies, les chasseurs peinent à récupérer leurs fusils confisqués après la décennie de la guerre civile des années 90, malgré les marches et manifs, et les meilleures zones de chasse sont infestées par le maquis terroriste.

Du coup, le sanglier se porte bien, se multiplie et se promène. Le djihadiste armé est donc le meilleur ami du sanglier. Il empêche qu’on le chasse et ne le mange pas lui-même. Une bonne entente. Biologique.

Quelques chiffres à retenir cependant. A Oran (région non infestée par les groupes armés), lors de la dernière battue qui a duré d’octobre 2011 à mars 2012, 266 sangliers ont été abattus «contre 383 lors de la campagne de l'année précédente». Ainsi que 99 chacals mal aimés par les éleveurs de la région.

Le cheval, ce symbole
Bouteflika en a offert un à Nicolas Sarkozy en 2007. Il s’appelle «Kheir», ce qui veut dire «bien», «fortune». Bouteflika en reçoit beaucoup, lui aussi. Le cheval se mange surtout avec les yeux chez les Algériens. C’est un peu l’animal fétiche des conservateurs, des nostalgique de l’arabité pure, des turfistes, des tribus.

Kamel Daoud
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Mohamed Bnou Ahmad Alhamadani rapporte dans son livre que Anass Ben Malik a dit :

je suis venu voir le prophète en compagnie d'un jeune (Wassif) Berbère.

Le prophète me dit alors : Anass, quelle est la race de ce gamin ?

Je lui répondit qu'il est Berbère.

Le prophète me dit : Anass vends le même pour un Dinar.

J'ai demandé pourquoi Prophète ?

Il m'a dit c'est une nation à laquelle Dieu a envoyé un prophète, ils l'ont égorgé et cuit, ils ont mangé sa viande et ont donné la sauce à leurs femmes.
Depuis Dieu a dit qu'il n'auront plus jamais de prophète"


Voilà une curieuse histoire. Elle révèle l'ignorance de Mahomet dans plusieurs domaines. De plus, elle nous indique l'état spirituel du "prophète".

Il condamne un peuple, les berbères, sans ménagement. Savait ils seulement qui étaient les berbères?

Il ordonne de vendre un homme comme on vend une marchandise.

Il invente une histoire horrible pour justifier son racisme.

Il ne donne ni le nom du prophète ainsi tué, ni ne le situe dans le temps.

Les histoires de ce genre sont nombreuses dans les Hadiths. Pour se sortir d'un piège quelconque ou justifier un comportement ou une décision, ou bien pour couvrir son ignorance sur un sujet donné, Mahomet fait souvent appel à des histoires tirées par les cheveux.


هذه الأسباب يكره السلفيون القبائليون الإنتساب إلى الأمازيغية


ورد في مسند الإمام أحمد بن حنبل عن عبد الله بن عمرو أن رسول الله صلى الله عليه و سلم قال: "من أخرج صدقة فلم يجد إلا بربريا فليردها"

و عن أبي هريرة قال: «جلس إلى النبي صلى الله عليه و سلم رجل، فقال له رسول الله صلى الله عليه وسلم: من أين أنت؟ قال "بربري"، فقال له رسول الله صلى الله عليه و سلم: "قم عني"، قال بمرفقه هكذا؛ فلما قام عنه، أقبل علينا رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "إن الإيمان لا يجاوز حناجرهم".


ـ وجاء في "المعجم الكبير" للطبراني أن رَسُولَ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ قَال: "الْخَبَثُ سَبْعُونَ جُزْءًا: لِلْبَرْبَرِ تِسْعَةٌ وَسِتُّونَ جُزْءًا، وَلِلْجِنِّ وَالإِنْسِ جُزْءٌ وَاحِد"
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« En Algérie, de toute façon, on n’a que la plage »

Sur le sable algérien, pas de « révolte du bikini » ni de débat sur le « burkini », mais des femmes confrontées à des comportements sexistes et à des harceleurs.

Par Zahra Chenaoui (contributrice Le Monde Afrique, Alger)

LE MONDE| Le 10.08.2017 à 15h44 • Mis à jour le 10.08.2017 à 19h35

Commune d’Aïn Taya, Alger. Août 2017 i

Vue d’en haut, la plage des Canadiennes, à Aïn Taya, 30 kilomètres à l’est d’Alger, ressemble à un paquet de bonbons. Des centaines de parasols roses, jaunes, verts, bleus sont serrés les uns contre les autres. Au pied du parking se dressent un poste de gendarmerie et un de la protection civile, puis, au pied des escaliers, la plage.

Samia Azzoug est assise sur une natte, entre un thermos en plastique et une glacière. Un drap a été accroché avec des pinces à linge le long du parasol, pour protéger des regards. Elle est venue de Bouira, une région montagneuse à 100 kilomètres au sud-est de la capitale. Quand on l’interroge sur le choix de cette plage, qui n’est pas la plus simple d’accès pour elle, deux mots reviennent : « sécurité » et « familial ».

« On vient sur cette plage parce qu’il y a la gendarmerie. Les jeunes peuvent être agressifs », explique son mari, qui vient de sortir de l’eau vêtu d’un pantalon en toile. Par « familial », il faut comprendre : un lieu où il n’y a pas de bandes de jeunes garçons ou des couples non mariés qui cherchent à se voir à l’abri des regards de la famille ou du quartier.

Ici, la polémique de ces dernières semaines, sur de prétendues « baignades républicaines », paraît un peu lointaine. Les tenues de plage — du maillot de bain au burkini — cohabitent sans difficulté sur le sable. Et si certaines vacancières hésitent en effet à se mettre en bikini, le problème est plus général : femmes et filles sont confrontées au machisme ambiant, qui va des regards appuyés aux remarques déplacées.

Samia passe un doigt entre son menton et son foulard blanc aux motifs indiens bleus. Il fait chaud, le tissu colle à sa peau. Elle n’ira pas se baigner. A côté d’elle, pourtant, il y a des jeunes femmes dans l’eau, avec leur robe noire et leur foulard sur la tête. D’autres sont en maillot de bain. Son mari secoue la tête : « Nous sommes musulmans quand même, il faut respecter les autres, il faut se couvrir. » Samia rétorque : « Mais moi, elles ne me gênent pas ces femmes ! »

« Les vêtements des autres, on s’en fiche »

Un enfant se met à hurler. Il a la jambe prise dans un bouquet d’algues dans lequel est accrochée une méduse. Enroulée dans un paréo, les bras croisés sur le ventre, Nassima surveille l’eau. « Cette année, l’eau était polluée par des déversements de produits dans l’oued à l’est de la plage. Mon fils a eu des boutons », dit-elle. Elle vient pourtant, « parce que c’est plus près ». Son mari, Zine El Abidine, lui, peste : « Je n’aime pas beaucoup cette plage. Les jeunes sont mal élevés, ils regardent les femmes. »

Plage des Aiguades en Kabylie - Juillet 2017 i

Nassima et sa sœur, Karima, ont mis l’une un paréo, l’autre une robe sur leur maillot de bain en sortant de l’eau. « Regardez autour de nous, la plupart sont des hommes. Si on s’allonge en maillot, on va se faire harceler, affirme Karima. Il paraît qu’à Annaba, elles font la révolution ! » Les deux sœurs, plutôt francophones, regardent les chaînes de télévision françaises grâce à un décodeur piraté. Certaines, dans la foulée de l’hebdomadaire Marianne, ont évoqué l’initiative d’un groupe de jeunes femmes sur Facebook et on parlé de « révolte du bikini » avec près de trois mille baigneuses (un chiffre démenti depuis). Nassima et sa sœur ont trouvé cela courageux. Lorsqu’on explique qu’il s’agit en fait d’une trentaine de femmes qui se donnent rendez-vous via le réseau social, Nassima rit : « Ah, mais c’est comme quand on va à la plage entre copines le week-end ! On se sert de Facebook, c’est plus simple. »

Les deux femmes disent qu’elles se sentent mal à l’aise à cause du regard des hommes. « Les vêtements des autres, on s’en fiche tant qu’on ne vient pas nous embêter. Il y a toutes sortes de tenues ici », ajoute Karima. « Quand je regarde autour de moi, je cherche des femmes qui sont comme moi et je me sens mieux, c’est tout », explique Nassima.

« Si tu as de l’argent, tu pars en Tunisie »

A quelques mètres d’elles, Souad, 49 ans, est assise sur une chaise basse en plastique, dans l’eau. Habillée d’un burkini noir et bordeaux, elle a gardé ses lunettes de vue et une casquette sur la tête : « Le bonnet qui va avec le maillot a été emporté par les vagues », dit-elle dans un rire. Ses deux nièces viennent s’asseoir sur le sable à côté d’elle. Depuis qu’elles sont arrivées, certains jeunes garçons leur ont dit « des choses vulgaires ».

« La plage, c’est comme partout. Il y a des gens biens et des gens moins bien, résume Souad. Avant, un jeune n’aurait jamais osé draguer une fille de 15 ans. Aujourd’hui, ils n’arrêtent pas. Elles ont ces mêmes problèmes au lycée. » Pour se protéger de ce harcèlement, les parents des deux jeunes filles les scolarisent dans un établissement privé, « qui organise le transport scolaire de la cour du lycée jusqu’à la porte de la maison ». Pour les mêmes raisons, elles ne viennent pas seules à la plage.

Lire aussi : Les folles dépenses des mariages en Algérie

Se baigner habillée, est-ce une solution ? « Ça n’a rien à voir. Quand j’étais jeune, je me baignais en bikini. Aujourd’hui, j’ai des enfants, je ne peux pas être vulgaire. Elles, elles sont jeunes, elles peuvent se le permettre », rétorque Souad, en précisant que pendant l’année, elle va nager dans une piscine publique deux fois par semaine en maillot de bain. Là-bas, les cours ne sont pas mixtes. « De toute façon, malgré ces embêtements, en Algérie, on n’a que la plage. Si tu as de l’argent, tu pars en Espagne, si tu en as moins, tu pars en Tunisie. Mais moi, je n’ai pas les moyens », conclut-elle.

Au milieu des fumeurs de chicha et des joueurs de dominos, trois jeunes filles se serrent sous un parasol, face à la mer, leurs sacs à leurs pieds, l’air dépité. Ryma, 25 ans, porte une robe rouge avec des petits pompons multicolores le long du col et a mis une casquette beige sur ses longs cheveux bruns. « On nous avait dit qu’on serait à l’aise sur cette plage. Mais on est bien entourées », dit-elle en riant et en désignant du menton deux groupes de jeunes garçons assis d’un côté et de l’autre.

Habituellement, ces jeunes femmes qui vivent au Golf, le quartier de la présidence de la République, vont se baigner au Club des Pins, là où résident certains hauts responsables politiques et militaires du pays et où on ne peut entrer qu’avec une carte de membre. Voyant qu’elles ne se baignent pas, un jeune homme s’approche et leur propose de venir un peu plus loin, dans le bout de plage qu’il « gère ». « Il y a des filles ! », lance-t-il.

La sécurité et la présence de filles sont des arguments marketing pour les jeunes hommes qui louent parasols, chaises et tables. Les trois amies se lèvent pour changer de place. Mais le premier loueur de parasol n’apprécie pas qu’on débauche sa clientèle et une bagarre éclate. Ryma et ses deux amies n’osent plus se faire remarquer. Elles se déplacent mais ne se baigneront pas. « On reviendra avec des garçons ou de la famille », essaye de se persuader Amal en haussant les épaules.
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Images rares des funérailles en 1940 du grand réformiste Ben Badis

Images rares des funérailles du grand théologien Abdelhamid Ben Badis qui se déroulèrent en avril 1940, à Constantine, en présence de plus de 20 000 personnes. Figure majeure du mouvement réformiste musulman en Algérie, Ben Badis avait également fondé, en 1931, l’Association des oulémas musulmans algériens.

https://youtu.be/jfOYD0GMpvk

https://youtu.be/jfOYD0GMpvk

https://youtu.be/bncRPM-AwJM

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Kamel Daoud - Le postcolonial m'étouffe
Le discours de repentance de l'Occident est sclérosant. Il faut se libérer des explications postcoloniales et penser au-delà de la victimisation.
Par Kamel Daoud
Modifié le 24/10/2017 à 16:18 - Publié le 19/10/2017 à 07:37 | Le Point
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Kamel Daoud. © Dusault

Les élites du Sud peuvent-elles sortir du postcolonial ? La question m'obsède, me partage aussi. La colonisation a été une réalité, une blessure, et elle devient une cicatrice, mais sur un corps insensible au présent. Souvenirs de dialogues croisés à la Foire du livre de Francfort. Brillant, le verbe haut et élégant, Patrick Chamoiseau y développe une vision déstabilisante sur le futur du monde, le devoir d'accueil et le partage. Pluriversalité au lieu d'universalité. Depuis des années, ce rituel de la critique de la raison occidentale m'agace. J'y décèle une lucidité biaisée sur soi aussi, même si cela reste un grand devoir de mémoire. L'Occident n'est ni juste ni injuste à mes yeux. Du coup, le discours sur la demande d'excuses, de repentance ou la critique radicale ne suffisent pas. À vrai dire, cela m'importe peu. Ce que je veux, c'est une critique de la raison de tous : au Sud comme au Nord. La migration ? Je ne fais pas le procès de l'accueil, mais celui des raisons de départ et des fuites, des exils. Ce n'est pas : pourquoi je suis mal accueilli, mais aussi : pourquoi je pars, je quitte ?

La conscience postcoloniale a fini par développer des cloisonnements de confort, des narcissismes de victime. On ne peut pas tout dire au Sud, à cause de cette orthodoxie du « tout-colon » comme explication définitive. Et notre responsabilité ? Elle dépend d'une vision, encore difficile, du présent, de l'immédiat. Un ami a appelé ça l'« impossibilité de sortir de l'Histoire » dans nos pays. Ce cloisonnement se retrouve aussi dans les familles politiques de gauche théoricienne, presque radicale dans les milieux universitaires américains, diffus et sourcilleux, populiste, en Europe. Cela permet de parler du racisme de l'Occident, mais pas des déportations massives de Subsahariens en Algérie ou dans d'autres pays dits « arabes ». On traitera comme atteinte aux droits de l'homme la Méditerranée devenue un mur, mais on s'accommode du mur de séparation érigé entre l'Algérie et le Maroc. On peut parler de la blessure coloniale, mais pas de la responsabilité dans les échecs de nos indépendances, nos asservissements aux castes des décolonisateurs devenus prédateurs. On parlera du devoir d'accueil du migrant en Occident, mais on ne fait pas, avec le même tintamarre, le procès de l'Arabie saoudite ou des monarchies du Golfe, qui accueillent si peu et qui le peuvent tant. On ne parle pas des racismes locaux, horizontaux, entre soi, envers les siens. La conscience postcoloniale est le jeu d'un miroir éclaté où l'on ne voit que le passé, pas ses propres reflets impuissants.
L'Occident est-il innocent ? Que non ! Mais nous non plus.

Et si vous le dites aux vôtres ou publiquement ? Le souci de l'image narcissique de la victime devient réponse par la violence. On ne vous le pardonne pas. « Sortir de l'Histoire » est interprété, par procès d'intentions, comme une tentative de blanchir l'Occident, de le servir. La conscience postcoloniale radicalisée n'accepte pas la nuance de l'autonomie de pensée. Elle est déterministe grossièrement. On vous accusera de tout et on réagira non avec un argumentaire contraire, mais avec l'affect : les réponses sont violentes, insultantes, méprisantes, presque toujours. Elles ont forme de procès. Il ne s'agit pas d'une raison qui prend parole, mais d'un sentiment qui veut crier plus haut. Une inquisition.

L'Occident est-il innocent ? Que non ! Mais nous non plus. C'est ce décloisonnement de sa conscience propre qu'il faut travailler. Il sera douloureux : on devra y affronter un monde complexe sans la digue de l'explication postcoloniale. Cela brisera des « autoblanchiments » et des dédouanements verbeux. Cela mettra tout le monde au pied du mur.

Le postcolonial m'agace, me fatigue, m'a trompé sur moi. Il fallait se libérer de la colonisation, il faut se libérer des explications postcoloniales exclusives. Quitte à se faire insulter au bout de chaque manifeste de cosignataires embusqués.

Le tout résumé par cette anecdote : un ami journaliste algérien me reprochait de « parler ainsi » en Europe, car « cela va dans le sens de ce qu'attendent les Français pour se laver les mains ». En l'écoutant, une conclusion me traversa l'esprit : cet ami accordait plus d'importance à ce que pensent les « Français imaginaires » de son argumentaire qu'à ce que je pense, moi, face à lui ! D'où ma question : qui, dans ce cas, est encore colonisé ?
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L'Algérie face à son destin
Le jour approche où

Noureddine Boukrouh 6 novembre 2017, 9 h 28 min 2 commentaires
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Si l’on est superstitieux à l’image de la majorité des Algériens, il faut s’élever très haut dans les sphères célestes pour espérer trouver la réponse à une question qu’on se pose souvent, celle de savoir si notre destin a été déterminé avant notre apparition sur la terre ou s’il n’est que le fruit de nos idées et de leur traduction en actes et faits à travers les âges. C’est vers la première hypothèse que l’homo-religiosus niché en nous incline et la question devient alors : notre destin a-t-il été placé sous le signe d’une bénédiction ou d’une malédiction à perpète ?

Car les Algériens, en bons « croyants soumis » qu’ils sont depuis qu’on leur a claqué au visage les portes de l’« ijtihad » et de la rationalité en sont encore à penser que Dieu s’occupe d’eux un par un, voient sa signature dans tous les évènements et, le sachant Tout-puissant, n’imaginent pas qu’un bonheur ou un malheur puisse les toucher sans qu’il en ait été décidé en haut lieu. Et quand ce n’est pas au sens propre qu’ils prennent le mot (Dieu), c’est au sens figuré (l’Etat-providence, la main de l’étranger, « les autres »…)

Il y a de quoi le supposer, en effet, quand on réalise que nous avons survécu à trois millénaires d’histoire réputée impitoyable envers les faibles en vivotant au jour-le-jour, souvent de « garnina », sans construire des villes, réaliser des inventions ou faire des choses dont la civilisation humaine et la science moderne auraient témoigné et enseignées. D’un autre côté nous n’avons résolu l’équation de notre développement ni avec le socialisme de Boumediene, ni avec le libéralisme de Chadli, ni avec la politique de « kach Bakhta » (friperie) de Bouteflika malgré la pluie incessante de milliards de dollars qui s’est abattue sur nous sous son règne pendant dix-huit ans sans discontinuer. On commence pourtant à trembler à la vue des premiers signes de dèche et de sècheresse et à l’idée que le jour approche où…

pparemment, le Très-Haut nous aurait gratifiés de sa bénédiction durant trois millénaires et infligé une malédiction à l’indépendance sous forme de disponibilités en or noir dont la vente en l’état a fait de nous des rentiers, des assistés et des ayants-droit. Le pétrole a été découvert par les Français entre la fin des années 1940 et le début de l’exploitation du champ de Hassi Messaoud en 1956 mais à quoi ça sert de le rappeler, c’est toujours Dieu…

Etrangement, nous n’avons pas disparu à l’instar des peuples précolombiens ou amérindiens comme l’aurait voulu une logique de l’Histoire impartiale, ni n’avons fait notre entrée parmi les pays développés comme l’aurait voulu la logique économique au vu de nos incroyables atouts. Nous n’avons pas été immergés dans les flots de l’Histoire et délivrés une fois pour toutes de la mal-vie multiséculaire contre laquelle nous n’avons rien pu, ni n’avons émergé parmi les nations méritantes à la satisfaction des martyrs auxquels nous devons l’indépendance. Nous sommes demeurés en suspens entre le « zalt » (mendicité) et le « tfar’în » (l’orgueil), la pauvreté et la richesse, la réussite et l’échec, la démocratie et l’islamisme, exactement comme l’âne de Buridan qui, lui, est mort en peu de temps conformément aux lois de la nature.

Cette indéfinition, ce non-positionnement, ce flottement bizarre ne semblent pas avoir d’explication rationnelle ni de justification métaphysique mais, en cherchant bien dans le grenier de notre sagesse populaire, je suis tombé sur une curiosité emballée dans la pensée suivante : «! »! ») Ce peut-il ? A-t-il un sens ce mariage de deux états contraires ?


Au premier abord on pourrait estimer que cette sentence est une pieuse affirmation de la tempérance chez nos aïeux dépourvus de tout mais plus fiers que Qarûn, Crésus et Artaban réunis. Elle pourrait être la réplique indignée d’un de nos ancêtres ombrageux à une remarque blessante sur sa condition matérielle faite par un occupant romain ou français et qui aurait frappé l’amour-propre « national » au point qu’il l’a gravée à jamais dans sa mémoire.

Il y a en effet du génie et une force morale admirable dans cette formule lapidaire et percutante. Mais, en y regardant de près, on se demande si elle n’a pas une autre signification que la sobriété, si elle n’est pas le pendant de la détestable expression « mendiants et orgueilleux », ce qui en ferait non pas une vertu à inscrire à notre actif mais un autre symptôme du « khéchinisme », un énième hymne à l’absurde dont n’avait pas besoin notre capital d’idées fausses rempli à ras bord.

Le peuple algérien charrie depuis plusieurs millénaires de fausses idées auxquelles il doit les vicissitudes de son histoire, sa non-constitution en société viable et fiable, et explique l’extrême précarité de sa situation économique et institutionnelle présente. Il a dans sa gibecière beaucoup d’autres expressions populaires encore plus insensées mais auxquelles les gens croient dur comme fer et qu’ils appliquent naturellement dans leurs rapports. Le parler courant est truffé de ces inepties héritées d’une vie primitive, tribale, rurale et anarchique où la ruse, la perfidie et le « dribblage » tiennent lieu d’armes dissuasives et de bottes secrètes. Le premier aventurier, charlatan ou Djouha venu détecte facilement cette faille en nous et construit dessus rapidement son empire ou son emprise sur nous.


Peut-on raisonnablement être dépourvu de tout et n’avoir besoin de rien ? Sensément non, sinon comment vivre ? Mais, dans la mentalité algérienne plus attachée à dissimuler la vérité quand elle est humiliante que de raisonnement logique, la forme compte plus que le fond et le subjectif plus que l’objectif. Cette sentence, les dirigeants actuels et responsables des conséquences de la crise qui est aux portes aimeraient bien la voir exhumée sous sa déclinaison fataliste en ces temps de péril mais ils ignorent, comme beaucoup d’autres choses, qu’elle est devenue entre-temps une arme à double tranchant.

Apparue aux époques de pauvreté généralisée et de frugalité forcée, cette sagesse de circonstance a perdu depuis belle lurette son cadre sociologique et avec lui ses motivations morales. Il n’y a aucune chance de voir les millions d’Algériens actuels, jeunes et moins jeunes, habitués à être pris en charge par leur famille ou l’Etat, la reprendre à leur compte pour imposer silence à leur ventre criant famine quand cela adviendra.

Pour eux, surtout au vu des grands scandales de corruption qui ont émaillé les dix-huit dernières années, c’est devenu «! » (« »), considérant en toute bonne foi que leur part de pétrole leur a été volée et que de ce fait leur avoir est incomplet. Ceux-là ne se contenteront pas de patriotisme et d’eau fraîche le jour où la création monétaire laminera le pouvoir d’achat des actifs et rendra la vie impossible aux inactifs et aux démunis. Ce jour approche et personne ne pourra l’arrêter.

Le piège est en train de se refermer sur l’association de sénilité et de débilité qui nous dirige avec des recettes à la Djouha. La politique populiste de subventions indiscriminées pour acheter la paix sociale est en train de leur retourner à la figure comme un boomerang. La dévaluation du dinar, devenue quotidienne, réduit le pouvoir d’achat des salaires en surenchérissant les prix des matières premières, semi-produits et produits finis importés qui entrent pour 70% dans notre consommation. Les réserves de change tiendront au mieux deux ans. Le blanchiment de l’argent sale est une concession à l’oligarchie pour lui permettre de recycler le fruit de la corruption dans l’achat du pouvoir (sièges parlementaires et autres). Tout ce qui reste au « système », c’est d’actionner le levier de la répression lorsque les mouvements de protestation commenceront. Ce sera alors le début de la fin d’une ère et le commencement d’une autre, meilleure ou pire, on ne peut le prédire.

La « politique économique » menée par Bouteflika pour son bien, et la politique économique qu’il fallait mener pour le bien de l’Algérie, malgré qu’elles soient contradictoires, étaient bonnes toutes les deux. Elles n’ont pas coïncidé parce que la première était bonne pour lui et son clan, tandis que la seconde pouvait être bonne pour toute l’Algérie. La première avait pour leitmotiv «(« » quand la seconde aurait eu celui de «! » »)

La deuxième question que de nombreuses gens n’éprouvent plus de pudeur, vraie ou fausse, à poser à la vue de la situation humiliante et ruineuse faite au pays, est si le peuple algérien existe, tant il est en apparence mort en de larges parties de son âme ? Si ce peuple devait confirmer qu’il est encore vivant, il le prouverait en s’élevant contre la politique de maltraitance, d’avilissement et de faillite qui lui est infligée sans répit avec sadisme, impudence et mépris. Il le prouverait en trouvant les formes d’expression pacifiques de ce refus et de ce rejet.

Et s’il doit le faire, ce ne sera pas pour se venger d’un occupant étranger ou tout casser pour faire baisser les prix des produits de première nécessité, mais pour mettre de l’ordre dans la maison, pour construire enfin la maison, l’ « Etat démocratique et social » pour lequel sont morts des centaines de milliers d’Algériens et d’Algériennes entre 1945 et 1962 et qu’il a été interdit à leurs enfants de construire, l’indépendance venue, par des aventuriers infiltrés dans les bases-arrières de la Révolution.

Pendant tout le temps où l’Algérie ployait sous l’humiliation du colonialisme français, il n’existait pas de chants patriotiques comme le célèbre et émouvant « … » (« »). Les montagnes algériennes étaient là depuis des millions d’années et les Amazighs vivaient accrochés à leurs flancs depuis des millénaires mais ils n’étaient pas des « hommes libres » (sens du mot amazighs).
Ils eurent souvent à vivre sous l’infamie, mais le moment n’était pas encore venu de les réveiller de leur résignation pour les précipiter dans les sacrifices du 8 mai 1945 et du 1er novembre 1954 afin qu’ils recouvrent liberté et dignité.

Le jour approche-t-il où, du sein de ce peuple, jaillirait un nouveau 11 décembre 1960 ? Où on entendrait un nouveau chant patriotique s’élever dans les airs pour libérer l’Algérie du satanisme, de l’incompétence et de la mafia politico-financière qui l’ont prise dans leurs serres ?
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Algérie : le jour où les "Afghans" sont rentrés

Les autorités françaises redoutent le retour des Français partis en Syrie. Dans les années 90, l'Algérie a fait face à la violence de ses propres djihadistes revenus d'Afghanistan. Récit d'une guerre civile.
Par Adlène Meddi

Insurrection. Mai 1991, le FS appelle à une grève illimitée pour exiger une élection présidentielle anticipée. Des commandos et des « Afghans » portant la tenue de moudjahidin défilent dans les rues d'Alger. © Archives


Le froid du désert enserre la petite garnison du 15e Groupe des gardes-frontières de Guemar. Les soldats – pour la plupart de jeunes appelés – dorment alors que les sentinelles en faction scrutent l'obscurité, dans le sud-est du Sahara frontalier avec la Tunisie. Vers 2 heures du matin, trois petits groupes sortis de la nuit attaquent par un feu nourri avant de tenter de dévaliser l'armurerie. Les autres soldats se réveillent en catastrophe et réussissent à repousser les assaillants, qui prennent la fuite. Bilan : trois victimes parmi les sentinelles dont les corps ont été mutilés. Nous sommes le 29 novembre 1991 et, quasi officiellement, le terrorisme islamiste signe son premier attentat en Algérie. « La manière dont les corps ont été mutilés présageait déjà de la barbarie qui allait caractériser le terrorisme intégriste », note dans un ouvrage le ministre de la Défense de l'époque, le général Khaled Nezzar. Le chef du groupe qui a mené l'attaque deviendra célèbre auprès des services de sécurité et du renseignement. Tayeb el-Afghani (l'Afghan), Aïssa Messaoudi de son vrai nom, est membre de l'organisation secrète Le Jour du jugement, créée en juin 1990 par les plus radicaux du Front islamique du salut (FIS), le parti intégriste en passe de remporter les législatives avant l'annulation des élections par les militaires en janvier 1992. Le groupe des assaillants était majoritairement formé par des « vétérans » d'Afghanistan. Cette nouvelle donne marquera durablement le phénomène terroriste en Algérie et ailleurs, à travers le monde et durant plus d'une décennie.

Attentat contre la marche du MPR, Mouvement pour la République, dans la capitale algérienne le 29 juin 1994 à Alger, Algérie. © Georges Merillon

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« Les Afghans algériens, du fait de leur connaissance des techniques de combat, étaient naturellement les plus habilités à conduire la première phase de l'action armée, note le journaliste Mohamed Mokeddem dans son livre Les Afghans algériens. Ils avaient tissé une toile à travers le pays et disposaient d'une technique spéciale de transmission. Le facteur confiance était aussi important : ils se considéraient comme des compagnons d'armes ayant vécu ensemble en Afghanistan. Une situation qui rendait difficile toute tentative d'infiltration par les services secrets. » « La machine de guerre afghane », pour reprendre l'expression d'un ex-haut officier algérien, fait des ravages dans l'Algérie des années 90 grâce à l'importation de ses méthodes, si efficaces contre les Russes dans le lointain Afghanistan, et à la vulgarisation, dans les rangs des radicaux islamistes, de leurs savoir-faire en termes d'organisation, de fabrication d'explosifs, de techniques de clandestinité, etc. « Ce sont eux, le noyau dur du Groupe islamique armé (GIA), la plus terrifiante des organisations armées, qui ont commis massacres et tueries de civils à grande échelle à partir de la moitié des années 90. Ce sont eux aussi qui ont créé des organigrammes précis, démembrant le GIA en plusieurs katibates [brigades] et sarayates [sections], ce sont eux également qui ont les premiers appliqué les techniques de guérilla et de guerre éclair, et commis des attentats à la voiture piégée, énumère une source sécuritaire algérienne. Ce sont eux, aussi, à l'instar de Mokhtar Belmokhtar, parti en Afghanistan à l'âge de 19 ans, qui ont connecté les maquis islamistes algériens aux nébuleuses mondiales, telles qu'Al-Qaïda. Cette dernière est née dans le sillage de la guerre afghane à la fin des années 80, quand Oussama ben Laden voulait créer un réseau mondial de combattants issus de plusieurs pays et récupérés sur les champs de bataille en Afghanistan. »

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Apparition du sigle GIA en août 1993.

Pour comprendre l'émergence du facteur afghan, si déterminant dans l'évolution du terrorisme en Algérie et dans le monde, il faut revenir aux années 80 et à l'ambiance pré-insurrectionnelle qu'annonçaient la révolution islamique de Khomeyni en Iran, le coup de force des djihadistes en Égypte qui assassinent le président Anouar el-Sadate, l'offensive des « fondations » éducatives saoudiennes à coups de milliards de pétrodollars et surtout les échos de plus en plus insistants de cette lointaine guerre en Afghanistan contre l'invasion soviétique.

« Le mouvement islamiste algérien – politique et armé – a adhéré à la cause afghane. Le nom de ce pays revenait sans cesse dans les prêches et les halaqate [cercles de discussion] dans les mosquées », explique Mohamed Mokeddem. L'une des mosquées les plus radicales d'Alger, à Belcourt, le quartier d'Albert Camus et des dockers, a été rebaptisée « mosquée Kaboul » ! Des cassettes vidéo d'appels au djihad ou des atrocités russes contre les populations civiles circulaient dans les facs, les lycées, les quartiers ; on évoquait les miracles dont étaient capables les moudjahidin qui détruisaient les terrifiants chars soviétiques avec une poignée de terre et la volonté d'Allah alors que des escouades d'anges couvraient de leurs ailes les assauts des combattants de Dieu contre les athées communistes.
Massacre de Raïs dans la nuit du 27 au 28 août 1997 : bilan 300 morts, 200 blessés. © Sipa
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Combien d'Algériens, dès les années 1983-1984, ont rejoint le champ du djihad afghan ? Les chiffres varient. Mohamed Mokeddem cite des militants islamistes installés en Europe qui évoquent entre 2 000 et 4 000 éléments. Mais un ancien opérationnel du renseignement algérien, qui a longtemps suivi ces recrues, parle aujourd'hui de 12 000 éléments qui ont transité aussi bien par la Syrie ou l'Arabie saoudite via le Pakistan tout au long des années 80, que par la France et l'Espagne principalement. Les relais des Frères musulmans algériens dans le sud de la France ou en Espagne se chargeaient aussi bien de la propagande djihadiste que du transfert des recrues européennes d'origine maghrébine vers la terre du djihad aux confins de l'Asie. À l'époque déjà, la menace était perceptible. Un leader islamiste algérien parlant de l'éventuel retour de cette force combattante et aguerrie, rompue à l'art de la guérilla, évoquait « une bombe entre nos mains qui explosera un jour ». « Ils répondaient souvent aux appels de prédicateurs installés en Arabie saoudite, dont le plus influent, Abou Bakr al-Jazayri. Ils effectuaient officiellement des séjours d'omra [pèlerinage hors saison du grand hadj] et avec de faux papiers confectionnés sur place, ils étaient transférés vers Peshawar », précise l'officier du renseignement. « J'ai juré avec quelques amis de rejoindre le djihad. La plupart de ces amis sont d'ailleurs morts au combat. Depuis ce jour, je ne rêve que d'une chose : mourir en martyr... J'avais 19 ans. » L'auteur de cette « confession », dans une revue interne de l'organisation terroriste Groupe salafiste pour la prédication et le combat datant de 2006, n'est autre que l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, dit le Borgne, le dernier chef terroriste vétéran d'Afghanistan, terré quelque part en Libye et qui vient de menacer encore une fois la France, fin juillet, après la mort en mission de trois militaires français dans le Nord libyen.
Vétéran. Mokhtar Belmokhtar, dit le Borgne, promet de combattre la France en Libye.

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« Drôles de pèlerins »
« On le savait. On les surveillait. On tentait de les suivre à leur retour. Dès la fin des années 80, on comptait quelque 900 Algériens morts sur place et un millier revenus en Algérie par plusieurs vagues. Nous ne pouvions qu'alerter les autorités politiques. Pas plus, rappelle l'ancien officier. D'un côté, Chadli [président algérien de 1979 à 1992] voulait donner des gages de bonne volonté à nos nouveaux amis saoudiens. Tout le monde fermait les yeux sur ces drôles de pèlerins qui s'éternisaient dans les lieux saints alors qu'ils rejoignaient l'Afghanistan. De l'autre, certains dans nos services voulaient sciemment garder le président dans le noir afin de se venger de sa volonté de réduire la puissance de la Sécurité militaire, car on savait tout et nos camarades russes ne cessaient de nous alerter sur les combattants algériens transférés pour se battre contre leurs troupes. » Plus explicite, un haut fonctionnaire algérien fait cette révélation à l'auteur des Afghans algériens en rappelant le contexte de l'affrontement est-ouest de l'époque : « La plupart des États qui avaient opté pour la neutralité avaient compris que les États-Unis étaient décidés à en finir avec le bloc soviétique en récupérant la guerre qui faisait rage en Afghanistan. C'est pour cela que le gouvernement algérien n'a rien fait qui pût arrêter ce flux d'Algériens vers le Pakistan. »
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Attentat contre la marche du MPR, Mouvement pour la République, dans la capitale algérienne le 29 juin 1994 à Alger, Algérie. © Georges Merillon

Un diplomate arabe à Alger se souvient : « Le plan est simple : casser Moscou dans les plaines afghanes puisque Brejnev en avait donné l'occasion - même si les faucons de Washington ont mis du temps à le comprendre et l'appliquer sur le terrain avec le soutien des Saoudiens et des Pakistanais. Schématiquement, Brejnev a commencé la guerre, l'a perdue, et Gorbatchev l'a achevée comme prélude au démantèlement même de l'URSS. Washington a indirectement créé la plus grande plateforme terroriste de tous les temps. C'est là que Ben Laden a développé l'idée d'un émirat géographiquement localisé [l'Afghanistan des années 90 puis celui des talibans à la fin de cette décennie] comme prélude à un califat universel grâce à ses cellules Al-Qaïda disséminées dans le monde entier. » À une échelle beaucoup plus « locale », un officier du renseignement militaire algérien tient à rappeler que les retournements dramatiques des situations ne concernent pas uniquement les grandes puissances. « Mohamed Bouslimani, figure des Frères musulmans algériens, un des recruteurs et « transitaires » des recrues vers l'Afghanistan dès 1983, a été assassiné fin 1993 sur ordre de l'un des plus connus des Algériens d'Afghanistan, Sid Ahmed Mourad, alias Djaffar el-Afghani, qui a combattu en Afghanistan sous les ordres de Gulbuddin Hekmatyar. Ce dangereux émir du GIA est aussi connu par les autorités françaises. » C'est lui qui dirige le rapt des trois fonctionnaires du consulat français, Jean-Claude et Michèle Thévenot et Alain Freyssier, à Alger, le 24 octobre 1993. Les otages seront libérés après une intervention des forces de sécurité algériennes le 30 octobre. Michèle Thévenot est relâchée, mais est chargée d'un message de menaces envers les étrangers vivant en Algérie. Djaffar el-Afghani sera éliminé par l'armée sur les hauteurs d'Alger en février 1994.
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Sanguinaire. Djaffar el-Afghani, émir du GIA, abattu en 1994.
Nébuleuse

« Je pense que les services occidentaux, surtout américains, français et britanniques, connaissent plus de monde que Djaffar el-Afghani, lâche, amer, un ancien de la lutte antiterroriste algérienne. Une partie des « Afghans algériens » ou des recruteurs pour le compte des seigneurs de guerre afghans sont rentrés faire le coup de feu en Algérie, mais beaucoup de leurs chefs sont partis ailleurs : Qamar Eddine Kherbane, représentant du GIA en France, gérait les approvisionnements du groupe terroriste en provenance de Libye et du Soudan. Amar Makhlouf, alias Abou Doha, arrêté à Londres avant d'être libéré sous caution en 2001, impliqué dans la préparation de l'attentat contre l'aéroport de Los Angeles. Djamel Beghal, qui a connu Ben Laden en Afghanistan dans la dernière période [années 2000, avant l'intervention américaine, NDLR] en prison en France pour la préparation de plusieurs attentats, ou Qari Saïd. » L'homme s'arrête aux noms les plus connus et souligne que, « depuis les années 80, les services secrets de plusieurs pays, arabes ou européens, avaient en leur possession des fiches précises comprenant les noms, les camps, les localisations des réseaux. À l'époque, les « Afghans algériens » étaient, pour cause de guerre en Algérie, les plus introduits chez Ben Laden mais aussi aux Philippines, en Tchétchénie, en Bosnie, au Sahel et ailleurs ».
Sept moines français enlevés en mars dans leur monastère de Tibhirine par le GIA de Djamel Zitouni sont retrouvés égorgés.


En 1998, le directeur de la police judiciaire algérienne, rappelle Mohamed Mokkedem, présentait à Interpol, lors d'une réunion à Palma de Majorque, les preuves des liens logistiques entre Ben Laden et le GIA algérien, expliquant les réseaux européens d'une nébuleuse puissante installée en Europe et aux Amériques. « Au début des années 90, jusqu'en 1998, tous les services occidentaux connaissaient les liens étroits et continus entre Ben Laden et ses anciens copains de Peshawar. Mais cela se passait ailleurs. Et même le déclic qu'auraient provoqué les attentats de Nairobi et de Dar es Salam contre les ambassades américaines n'a pas eu lieu. Pourtant, les liens dataient d'une dizaine d'années entre la centrale et les « historiques » de Peshawar, sans parler des nouvelles recrues ayant rejoint les talibans », poursuit notre source algérienne. « Cette guerre était celle des autres. On a fait une erreur stratégique, car nos Deep States [États profonds] avaient, dans l'UE comme aux États-Unis, conclu des accords : pas de bombes chez nous. Voilà le deal. On a laissé faire », reconnaît un cadre de l'UE rencontré à Bruxelles il y a deux ans. « Aujourd'hui, grâce à des plateformes d'échanges de data-djihadistes, Algériens, Tunisiens et Marocains tentent d'identifier la menace imminente inhérente aux retours des terroristes de l'État islamique et offrent aux services européens des renseignements précis. Mais cela ne suffit pas. La donne a changé », explique un expert. « L'État islamique, qu'il ne faut plus appeler Daech, car il a abandonné depuis quelques mois la doctrine de l'ancrage géographique face aux frappes de la coalition, a lancé l'idée d'émirats continentaux », explique un officier du renseignement militaire algérien (Direction centrale de la sécurité militaire), qui chapeaute les « opés » jusqu'à la frontière avec les pays du Sahel.
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Cerveau. Djamel Beghal, mentor d'Amedy Coulibaly et des frères Kouachi, auteurs des attentats de Paris de janvier 2015. De gauche à droite : Johan Bonte, Djamel Beghal © Gamma


Selon un rapport produit par la CIA en juin 2016, des milliers de terroristes « étrangers » (mouhadjirin) de Daech mais aussi de l'ex-Front al-Nosra s'apprêtent à quitter la Syrie et l'Irak pour projeter le « combat » dans leur propre pays à travers le monde. « C'est un motif de grande inquiétude, confie une source sécuritaire algérienne. Un tout petit groupe formé par ces éléments-là peut tenir tête aux services de renseignements des grands pays. » Une vingtaine de pays concernés par le retour des éléments terroristes étudient ce rapport, « mais, bien avant que les Occidentaux ne s'en inquiètent, nos amis russes ont alerté sur ces rapatriements qui avaient déjà commencé des mois auparavant ». Les familles des personnes parties faire le djihad en Syrie et en Irak sont sous surveillance dans plusieurs pays, certaines ont même été approchées par les services de sécurité pour collaborer. Quel parallèle avec le retour des « Afghans algériens » et ses effets durant les années 90 ? L'ancien opérationnel tient à différencier les deux processus : « D'abord, les recrues de l'EI ne bénéficient pas de la même logistique assurant leur retour dans leur pays : les « Afghans arabes » étaient soutenus par des pays et de puissants services de renseignement, des réseaux planétaires de fondations et d'ONG islamistes, etc. Ensuite, les Afghans étaient des combattants aguerris, bien entraînés - je connaissais même l'identité de leurs instructeurs du MI-6 et de la CIA. Quelqu'un comme le commandant Massoud, par exemple, tenait beaucoup à être entouré par ce genre de guerriers, alors que les éléments de Daech, dans leur majorité, ne tiennent même pas le rythme dans les zones de combat, et l'organisation préfère les actionner de loin comme arme de terreur. Enfin, l'EI adopte la logique des cellules dormantes. » L'ex-baroudeur consent à faire un seul parallèle : « Le danger aujourd'hui, c'est la Tunisie : on pourrait la comparer à la plateforme qu'était le Pakistan à l'époque. Ce pays fragilisé par le chaos de la Libye offre des « destinations » de choix aux futurs terroristes : déjà vers la Libye, mais aussi vers la Syrie via la Turquie. » Ou l'Europe. De source sécuritaire algérienne, quelque 1 000 combattants constituent déjà ce que l'EI appelle l'« émirat de l'Europe », lui-même composé de cellules de 3 à 8 éléments à travers le continent.
1990-2001 - Une décennie de terrorisme
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Septembre 1989 - Légalisation du Front islamique du salut (FIS), créé en mars, notamment par Abbassi Madani (à g.) et Ali Belhadj. Juin 1990 - Le FIS remporte les élections locales avec 54 % des voix, premier scrutin libre depuis l'indépendance, le 5 juillet 1962. Mai-juin 1991 - Le FIS appelle à une grève illimitée pour exiger une élection présidentielle anticipée. Les affrontements entre islamistes et forces de l'ordre font des dizaines de morts. Etat de siège. Arrestation des dirigeants du FIS. 26 décembre 1991 - Le FIS remporte le premier tour des élections législatives (47,5 % des voix). Janvier-février 1992 - Démission du président Chadli Bendjedid, annulation du second tour des législatives, violences (70 morts), instauration de l'état d'urgence, dissolution du FIS. Juin 1992 - Assassinat de Mohamed Boudiaf (photo), président du Haut Conseil d'Etat, doté des pouvoirs du président de la République. Escalade de la violence. Août 1993 - Apparition du sigle GIA. Fin 1993 - On estime à 15 000 le nombre de personnes tuées en un an. Septembre-octobre 1994 - Echec du dialogue entamé par le pouvoir avec le FIS. Mise en résidence surveillée des dirigeants du FIS, Abbassi Madani et Ali Belhadj. Les massacres continuent. Décembre 1994 - Prise d'otages dans un Airbus d'Air France sur l'aéroport d'Alger. Les gendarmes du GIGN libèrent l'appareil sur l'aéroport de Marseille-Marignane, les 4 terroristes sont tués. 25 juillet 1995 - Attentat revendiqué par le GIA dans le RER parisien : 7 morts, plus de 80 blessés. Mai 1996 - Sept moines français enlevés en mars dans leur monastère de Tibhirine par le GIA de Djamel Zitouni sont retrouvés égorgés. Janvier 1997 - Série de massacres dans la Mitidja, environ 450 victimes. Eté 1997 - Recrudescence des massacres, surtout dans les environs d'Alger (plus de 1 200 victimes). Les observateurs s'interrogent sur les responsabilités de l'armée. Décembre 1997-janvier 1998 - Reprise des massacres avant le début du ramadan. Plus de 1 000 victimes. Les violences se déplacent notamment vers l'Ouest algérien. Novembre 1998 - Une scission au sein du GIA donne naissance au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), dirigé par Hassan Hattab (photo). Septembre 1999 - La loi sur la « concorde civile », une amnistie pour les islamistes qui n'ont pas commis de crime de sang, annoncée par le président Bouteflika, élu en avril, est adoptée par référendum avec 98,6 % de oui. Juillet 2000 - Plus de 1 000 personnes tuées depuis l'application de la loi en janvier. Hiver 2000-2001 - Recrudescence des massacres, plusieurs centaines de victimes.
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yacoub
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Re: Pleure oh pays bien aimé !

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° 2358 - 16 Novembre 2017
Spécial Algérie, enquête sur le pays le plus mystérieux au monde
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