La malaise, la laïcité, la modernité et l'islamisme

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jojo_le_canard
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La malaise, la laïcité, la modernité et l'islamisme

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Voilà un texte que j'ai trouvé passionant car la malaisie est l'exemple type d'un pays développé et multiculturel mais qui se retrouve néanmoins menacée par l'islamisme.


"La vision laïque de la Malaisie contre « l’écriture sur la muraille »


Thomas Hall

International Herald Tribune
Édition du 28 Août 2006

KUALA LUMPUR – « l'idéal d'un état séculier en Malaisie est mort "dit Farish Noor, un chercheur malaisien qui se spécialise dans la politique et l'Islam. "Une société islamique est déjà en vue. La question est de savoir quel type de société islamique il s’agira."

Il est difficile de faire coïncider ce point de vue avec une traversée de la Kuala Lumpur moderne, les bars et boîtes de nuit du centre ne symbolisent pas exactement une théocratie en gestation. Pourtant, alors que la Malaisie commémore jeudi sa 49iéme année d'indépendance de la Grande-Bretagne, une bataille intense et fratricide sur le futur du pays menace derrière la façade cosmopolite.

Ceux qui veulent maintenir les fondations laïques du pays combattent ce qu'ils appellent l’islamisation rampante. Les femmes musulmanes qui, à l'époque de l'indépendance, portaient souvent des tenues soyeuses et bien ajustées ne sortent aujourd'hui plus de la maison sans le voile islamique, lequel est maintenant également obligatoire pendant les heures de service pour les officiers de police féminins et ce quel que soit leur religion.

Des prières musulmanes sont hurlées par les haut-parleurs des bureaux du gouvernement dans la nouvelle capitale administrative, Putrajaya. Et les officiers de police islamiques y arrêtent tous les jours des couples non mariés pour "proximité étroite."

"je vois l'écriture sur la muraille" (NDLR : allusion biblique à Daniel 5 :25 où une inscription miraculeuse sur un mur prédit la chute de Babylone) déclare Ivy Josiah, directeur de l'organisation de la Women's Aid Organization, un groupe de pression en faveur des droits de la femme. "Ce n’est qu’une question de temps avant que la Malaisie devienne un autre état taliban."

La Malaisie, un pays multiracial où seul un peu plus de la moitié de ses 26 millions d’habitants sont musulmans, teste les limites de la compatibilité entre la foi musulmane traditionnelle et la démocratie de modèle occidental.

En Europe, la menace du terrorisme posé par les musulmans extrémistes a incité les religieux et les dirigeants à se demander s'il y existe une meilleure manière d'assimiler des traditions musulmanes et occidentales. L'expérience de la Malaisie semble prouver qu'il n'y a aucune solution facile, même après cinq décennies d’essais.

Ces dernières années, un certain nombre de procès très importants ont mis en évidence l’incompatibilité entre les lois musulmanes et laïques, mais aucun n’est plus emblématique que le procès intenté par Lina Joy, une vendeuse en informatique, qui défie le gouvernement malais pour son refus pour reconnaître officiellement sa conversion de l'Islam au christianisme. Après les verdicts en faveur du gouvernement de deux cours, Joy attend un jugement de la plus haute cour du pays.

Ce cas a aggravé les relations déjà méfiantes entre les musulmans, les chrétiens et les communautés hindoues. Il a entraîné des menaces de la mort contre un célèbre avocat, de grandes manifestations de protestation et l’interdiction par le gouvernement de toute discussion publique à ce sujet. Au cœur de cette cause est la question fondamentale en Malaisie : la Loi musulmane ou la Constitution laïque du pays.


La Malaisie est dotée d'un système juridique hybride qui incorpore des lois islamiques et civiles pour les droits de la personne et de la famille : les musulmans sont régis par des lois religieuses leur interdisant de boire et manger pendant la journée durant le Ramadan et bannissant les relations intimes entre les femmes et les hommes célibataires. Les mariages, les divorces, les enterrements, et l’héritage sont régis par des lois islamiques.

Pour les non-Musulmans - chrétiens, bouddhistes, hindous et Sikhs - les lois laïques s'appliquent. Mais ce système hybride est maintenant en crise et le tissu multiracial pourrait s’effranger.

Les critiques se plaignent de l'influence islamique dans la conduite quotidienne des affaires de l’Etat. Quand le gouvernement a récemment débattu si des aiguilles devraient être distribuées gratuitement aux toxicomanes, le Premier ministre Abdullah Ahmad Badawi a déclaré qu'il vérifierait d’abord auprès des autorités religieuses musulmanes si cela suivait des principes islamiques.

"vous voyez la même chose se produire dans le monde entier," a déclaré Malik Imtiaz Sarwar, un avocat musulman. "Les musulmans se définissent par leur religion et non par leur pays." Malik a récemment demandé la protection de la police après avoir reçu des menaces de la mort pour son rôle dans le procès de Lina Joy : il a publié une lettre ouverte défendant le droit de Joy à se convertir.


"Lina JOY est importante parce qu'elle met en lumière le conflit qui existe entre ceux qui sont partisans d’un état islamique et ceux qui croient aux valeurs universelles inscrites dans la Constitution," a dit Malik dans une interview.

Les avocats qui défendent la position du gouvernement dans ce procès déclarent que les musulmans de Malaisie sont soumis à la loi islamique. "nous ne disons pas que vous n'avez pas le choix de la religion. Mais si vous voulez apostasier vous devez le faire devant un tribunal islamique, "a déclaré Zulkifli Noordin, un avocat qui a introduit le dossier à l'appui de la position du gouvernement.

En réalité, apostasier l'Islam est très mal vu si pas activement découragé en Malaisie. Un seul état, le Negri Sembilan, permet l'apostasie et généralement après avoir imposé à la personne concernée un programme de réhabilitation de longue durée - une tentative de les empêcher de se convertir.


Zulkifli indique que 18 personnes ont pu avec succès changer de foi, bien qu’on pense que beaucoup d'autres l’ont fait officieusement. Dans l'état le plus conservateur du pays, le Kelantan, des lois locales prévoient la pénalité de mort pour les apostats. La loi n'a pas été encore appliquée.

Le contexte des tensions dans le cas de Lina Joy est que la communauté musulmane dit qu'elle se sent assiégée et menacée par le grandissant mouvement chrétien évangélique. Les journaux citent des prévisions fantaisistes de conversions de masse si Lina Joy gagne son procès et appellent au renforcement de la loi religieuse.

Au cours des 30 dernières années, le pourcentage des personnes qui s'appellent des chrétiens a doublé pour atteindre 10 pour cent, selon Wong Kim Kong, secrétaire général de la National Evangelical Christian Fellowship. Wong indique que la croissance de l'église est due aux chrétiens "partageant leur foi d'une façon tout à fait naturelle."


"Les gens font l’expérience de Dieu et parlent tout naturellement de Dieu à leurs prochains" déclare Wong. "Nous n'avons pas de missionnaires venus d’outre-mer pour faire ce genre de travail. Plus maintenant." Josiah, directeur de l'organisation de la Women's Aid Organization, indique que la conséquence la plus regrettable du procès de Lina Joy et de précédents conflits inter-religieux est la contrainte qu'il introduit dans les relations personnelles entre les personnes de différents groupes ethniques.

"Être multiculturel, multiethnique n'est pas simplement une attraction touristique" dit Josiah. "nous le vivons et nous le respirons."

http://www.iht.com/articles/2006/08/28/news/letter.php


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Georges
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Malaisie : La justice interdit l’usage du mot “Allah” aux non-musulmans

Bienvenue en Malaisie, ce pays de l’islam modéré™ tant vanté par les médias que l’on cherche partout en vain. L’interdiction avait été décidée en janvier, levée mi-février, redécrétée par le gouvernement en mars, confirmée par la justice aujourd’hui. Prochain jugement en juillet. En attendant, les non-musulmans n’ont plus le droit d’utiliser le mot Allah.

Il serait temps d’interdire aux musulmans l’usage des mots paix, amour et tolérance.

Le gouvernement fédéral interdit aux non-musulmans de traduire Dieu par Allah dans leur littérature et l’ensemble de leurs écrits, expliquant que cet usage pourrait perturber les musulmans.

Les congrégations chrétiennes estiment, elles, que cette interdiction est anticonstitutionnelle, arguant que le mot “Allah” est antérieur à l’Islam.

La Haute Cour de Malaisie a rejeté un appel par “The Herald”, la principale publication de l’Eglise catholique en Malaisie, qui demandait la suspension de cette interdiction en attendant que la justice se prononce sur sa légalité, a déclaré Porres Royan, l’avocat du “Herald”.

La Haute Cour doit statuer à partir du 7 juillet sur le premier appel interjeté par le “Herald” sur cette interdiction remontant à 2007.

Royan a expliqué que le tribunal a décidé jeudi que la suspension de cette interdiction contreviendrait aux lois de certains Etats de la fédération imposant une interdiction similaire.

“Je ne veux pas considérer cela comme un échec (…) La Haute Cour devra décider au bout du compte“, a déclaré le directeur de la rédaction du “Herald”, Lawrence Andrew.

L’interdiction porte l’édition en malais du “Herald” qui est lue essentiellement par les tribus indigènes convertis à la Chrétienté il y a des décennies. Les éditions en mandarin, anglais et tamoul n’utilisent pas le mot “Allah”.

Quelque 60% des 27 millions de Malaisiens sont musulmans malais. Un tiers de la population est d’origine chinoise ou indienne et nombreux sont ceux parmi ces deux minorités qui sont de confession chrétienne

Source : AP
"La où l'islam passe, la civilisation trépasse" Ibn Khaldoun
"l' islam est une loi pour les pourceaux" Ibn Roshd
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"le paradis est à l' ombre des épées" Mahomet
Les peuples non civilisés sont condamnés à rester dans la dépendance de ceux qui le sont.
Et la civilisation, c'est l'Occident, le Monde Moderne, dont la Turquie doit faire partie si elle veut survivre.
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La Malaisie est pourtant le pays le plus réputé du monde musulman pour sa tolérance
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Georges
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Re: La malaise, la laïcité, la modernité et l'islamisme

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La Malaisie en proie à un islamisme rampant.

charia en Malaisie
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http://www.lorientlejour.com/article/97 ... orme-.html

Ali Harb : « L’islam ne peut pas être réformé »

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L'Orient Littéraire
Tarek Abi Samra | OLJ

Quelle relation l’islam entretient-il avec le terrorisme qui sévit actuellement partout dans le monde ? Depuis les attentats du 11 Septembre, cette question fait souvent la une de la presse et déchaîne des polémiques passionnées, voire haineuses. Certains affirment que le terrorisme est une aberration n’ayant aucun rapport avec l’islam en tant que tel ; ils sont traités d’aveugles. D’autres pensent que cette religion, aux antipodes du christianisme, est fondamentalement violente ; ils sont qualifiés d’islamophobes. Les deux camps font parfois référence à tel ou tel verset du Coran, espérant par ce moyen démontrer la barbarie de l’islam ou bien sa nature tolérante. Mais procéder ainsi, c’est oublier qu’une religion ne peut jamais être réduite à un livre fondateur, puisqu’elle est avant tout une pratique millénaire qui s’est cristallisée en une multitude d’institutions et de formes culturelles ; c’est comme ramener tous les régimes communistes au seul Capital de Marx.

Un tel retour aux textes fondateurs pour y déterrer l’essence d’une religion, Ali Harb refuse de le pratiquer. Selon cet écrivain et philosophe libanais, une simple lecture du Coran montre que celui-ci dit tout et son contraire. Il faudrait donc adopter une méthode différente, aborder l’islam sous un autre angle : en tant que doctrine du salut, c’est-à-dire comme un système de pensée qui, à l’instar du christianisme et du judaïsme, mais également des « religions » du XXe siècle telles que le communisme et le fascisme, prétend détenir la vérité absolue. Pareille approche dévoile un potentiel terroriste bien réel inhérent à l’islam, idée que Harb développe dans son dernier ouvrage, Le Terrorisme et ses créateurs : le prédicateur, le tyran et l’intellectuel.


Il semble que la définition implicite du terrorisme qui sous-tend les thèses de votre livre est assez large, qu’elle s’applique autant à des actes de violence qu’à des systèmes de pensée…

En effet, je pense que le terrorisme est surtout une attitude intellectuelle, celle de l’homme qui se croit le seul possesseur de la vérité absolue, le seul autorisé à parler en son nom. Cette vérité pourrait relever du domaine religieux, politique, social ou moral ; elle pourrait concerner Dieu, la nation, le socialisme, la liberté ou l’humanisme. Le terrorisme est également une manière d’agir : celui qui se croit l’unique possesseur de la vérité se comporte avec l’autre, le différent ou l’opposant, en ayant recours à une logique de l’exclusion, que ce soit au niveau symbolique – le takfir et l’excommunication, la déclaration de quelqu’un comme traitre à la patrie – ou au niveau physique – l’éradication, le meurtre. La devise du terroriste : pense comme moi, sinon je t’accuse et te condamne. C’est en ce sens que le terrorisme est perpétré par le prédicateur détenteur d’un projet religieux, le tyran porteur d’un projet politique, ou l’intellectuel promoteur d’un projet révolutionnaire pour transformer la réalité. Le prédicateur excommunie, le tyran condamne et déclare quelqu’un comme traître, l’intellectuel théorise et le militant ou le jihadiste agit et tue. D’ailleurs, le sort de toute pensée fanatique, de toute doctrine sacrée, est de se transformer en un régime totalitaire ou en une organisation terroriste. Ainsi, des régimes laïques tels que le stalinisme, le nazisme et d’autres, théocratiques, comme le régime de Khomeiny ou le mouvement des Frères musulmans, sont sur un pied d’égalité.


Le terrorisme islamiste a-t-il subi l’influence de ces régimes totalitaires ?

Les promoteurs des nouveaux projets religieux ont sans doute été influencés par les exemples de Franco, d’Hitler et de Mussolini, par leurs moyens de gouverner et leurs techniques de contrôler les hommes en les mobilisant et les remodelant pour en faire un troupeau scandant inlassablement un même slogan. Ce dualisme du dirigeant déifié et de la foule qui l’adore est une création assez récente. Mais d’un autre côté, les régimes totalitaires, malgré la modernité et la laïcité de leurs projets, sont une rémanence de la pensée religieuse, comme en témoigne la sacralisation de leurs doctrines et de la figure du dirigeant unique.


Dans quel sens dites-vous qu’un musulman modéré et tolérant est une chose qui n’existe pas ?

Toute religion monothéiste est en soi, de par sa définition même, un réservoir inépuisable de pratiques violentes. C’est l’une de ses potentialités toujours présentes, une sorte de virus logé au sein de ses gènes culturels. Tant que la religion est fondée sur l’exclusion de l’autre, sur le dualisme du croyant et de l’impie, du fidèle et de l’apostat, il est impossible de la comprendre autrement. Dans l’islam, la violence est encore accrue par un dualisme supplémentaire, celui de la pureté et de la souillure. C’est le scandale de la pensée religieuse islamique : le non-musulman est un être souillé, impur ; c’est une des plus viles formes de violence symbolique. De là vient mon affirmation qu’il n’y a pas de musulman fidèle aux dogmes et pratiques de sa religion qui soit modéré ou tolérant, sauf s’il est hypocrite, ignorant de sa doctrine ou en a honte. L’exemple le plus flagrant est la relation entre sunnites et chiites. L’ouverture de ces deux groupes, l’un vis-à-vis de l’autre, ne s’est pas faite, après des siècles de conflits et d’hostilité, grâce à de prétendues valeurs de modération et de tolérance qui seraient inhérentes à leurs doctrines, mais à cause de leur intégration dans les institutions de la société moderne : l’école, l’université, le marché économique, l’entreprise… Et lorsque chacun a régressé vers sa doctrine originelle, le conflit a éclaté de nouveau, mais d’une manière encore plus cruelle et destructrice, comme en témoignent actuellement les guerres dévastatrices entre les milices sunnites et chiites, ce qui me fait dire que nous sommes en présence de deux « religions » plus hostiles l’une à l’autre qu’envers l’Occident ou Israël. Tel est le sort de celui qui tient radicalement à préserver la pureté de son identité et de ses origines : exercer le racisme, l’extrémisme et la violence sous leurs formes les plus horribles. Ainsi, les jihadistes sunnites et chiites sont pareils, tous étant fondamentalement takfiristes, mus par la vengeance et la volonté d’éradiquer l’autre.


Vous dites que les religions ne deviennent tolérantes qu’après leur défaite. La seule solution pour nos sociétés serait-elle donc de vaincre l’islam comme l’Europe a vaincu le christianisme durant le siècle des Lumières ? Ou bien l’islam peut-il être réformé ?

L’islam ne peut pas être réformé. Les tentatives de réformes qui se sont succédé depuis plus d’un siècle, que ce soit au Pakistan, en Égypte ou ailleurs, ont toutes échoué et n’ont engendré que des modèles terroristes. C’est pourquoi je ne compte pas sur le renouveau du discours religieux réclamé par certains musulmans et même certains laïques. La seule issue est la défaite du projet religieux tel que l’incarnent les institutions et les pouvoirs islamiques avec leurs idées momifiées et leurs méthodes stériles. Par ailleurs, je suis très critique à l’égard du concept de « tolérance », l’un des scandales de la pensée religieuse en général, puisqu’il implique une sorte d’indulgence de la part du croyant envers l’autre différent de lui, tout en considérant en son for intérieur que cet autre est un pécheur, un impie et un renégat, ou même une honte pour l’humanité. Ainsi, la tolérance annule toute possibilité de dialogue ; seule la pleine reconnaissance d’autrui permet à quelqu’un de briser son narcissisme, de dialoguer avec l’autre, de l’écouter et d’en tirer bénéfice afin de créer des espaces de vivre-ensemble d’une manière fructueuse et constructive.


Peut-on comprendre la montée actuelle du terrorisme comme un signe du dynamisme et de la vitalité de l’islam, ceci étant donné que vous considérez la violence comme une des potentialités inhérentes à toute religion monothéiste ?

Parler de la vitalité du phénomène religieux nous ramène à une formule célèbre attribuée à Malraux et concernant le « retour du religieux ». La religion est évidemment de retour, mais c’est un retour terrifiant qui a transformé le jihadiste en un prince terroriste, en un monstre et un bourreau. Mais il ne faut pas se laisser ensorceler par des mots tels que « retour » ou « vitalisme ». Tout phénomène ou activité possède deux aspects : initialement bénéfique, il peut dégénérer et produire des effets nocifs si l’on ne réussit pas à le modifier pour le faire évoluer. C’est ce qui arrive actuellement en France : son modèle social et économique, le meilleur en Europe, s’est usé et a maintenant besoin d’être renouvelé, ce que la France semble incapable de faire. Pour toutes ces raisons, je dis que le projet religieux de l’islam, ainsi qu’il a été reformulé il y a plus d’un siècle, n’exprime ni vitalité ni créativité ; il se réduit à une simple régression vers le passé, une réaction, motivée par un désir de vengeance contre l’Occident qui a réveillé la civilisation islamique de son sommeil. Je dis également que le projet de l’islam contemporain a échoué partout où des islamistes se sont emparés du pouvoir, et que des organisations terroristes comme Daech et ses semblables travaillent eux-mêmes à leur propre destruction et à celle du projet religieux en général. J’entends par là que les sociétés arabes devraient traverser tous ces malheurs, ces catastrophes, ces massacres et ces guerres civiles afin de se convaincre que l’islam n’est plus valable pour construire une civilisation développée et moderne. Il n’y a pas de réconciliation possible entre l’islam et la modernité ou l’Occident. Le projet islamiste d’établir un califat et le règne de la charia est une régression par rapport aux acquis de la civilisation. La seule issue, s’il y’en a une, pour sortir de cette impasse, c’est d’accomplir un travail d’autocritique, de désislamisation, afin de retirer le qualificatif d’« islamique » à nos partis politiques, nos États et nos sociétés. Seulement alors serons-nous capables de s’ouvrir à l’autre, de traiter avec notre tradition et le monde qui nous entoure d’une manière constructive et créative, et de contribuer ainsi au progrès de la civilisation.


Quelle est la nature de la relation entre le terrorisme et les régimes arabes qui se prétendent laïques ?

Les régimes arabes n’ont jamais été ni laïques, ni démocratiques, ni progressistes. Ces mots ne sont que des slogans vides de sens dont la fonction est de légitimer la prise du pouvoir. Ces régimes engendrent le terrorisme qui, à son tour, leur fournit une raison d’être, une justification pour se maintenir au pouvoir et exercer encore plus d’oppression.


Pourquoi dites-vous que les élites intellectuelles ont contribué à la montée du fondamentalisme religieux ?

Ils y ont contribué de deux manières. Premièrement, par l’échec de leurs projets de modernisation et de réforme. Leur attitude était utopique. Ils se sont comportés avec les idées qu’ils ont proposées d’une manière simpliste, les prenant pour des vérités absolues, des modèles préétablis n’ayant besoin d’aucune modification pour pouvoir s’appliquer à la réalité. Tandis qu’une idée, en passant d’une personne à une autre, d’une société à une autre, doit subir une sorte de transformation créative afin qu’elle puisse être efficacement implémentée dans un domaine ou un autre. Deuxièmement, certains intellectuels ont soutenu les régimes despotiques, dans leurs deux versions laïque et théocratique, sous prétexte que ceux-ci luttaient contre l’hégémonie des grandes puissances étrangères et à leur tête les États-Unis. Le plus fameux parmi ceux qui ont défendu cette position est probablement Chomsky, qui considère que la crédibilité de l’intellectuel se mesure en fonction de son opposition à la politique des États-Unis. Il a tracé le chemin à beaucoup d’intellectuels arabes qui se sont ainsi jetés dans les bras des tyrans.
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L'islam est une menace selon 45 % des catholiques pratiquants

Un sondage Ifop démontre que la crainte monte au sein de la communauté catholique depuis l'agression du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Une analyse Ifop publiée samedi par Le Monde démontre que la méfiance monte au sein de la communauté catholique depuis l'attentat qui a visé le père Hamel au mois de juillet. Si en février 2015, au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, le rapport à l'islam était à peu près semblable dans l'ensemble de l'opinion publique et chez les catholiques pratiquants, le décrochage est très net en juillet 2016, révèle notamment un sondage Ifop pour Atlantico réalisé après l'attaque du 26 juillet.

En février 2015 ainsi, 62 % des Français et 64 % des catholiques pratiquants se disaient d'accord avec l'affirmation selon laquelle "il ne faut pas faire d'amalgame, les musulmans vivent paisiblement en France et seuls les islamistes radicaux présentent une menace".

Changement de ton un an et demi plus tard : si l'opinion a peu changé dans l'ensemble des Français (63 % refusent toujours l'amalgame), seule une petite moitié des catholiques pratiquants (49 %) sont toujours d'accord avec ce principe, selon ce sondage réalisé par internet du 27 au 29 juillet auprès d'un échantillon représentatif de 1 012 personnes.

Un "choc" pour les catholiques

L'approbation de l'affirmation suivant laquelle "l'islam représente une menace" est ainsi restée stable chez l'ensemble des Français (33 % en juillet 2016 contre 32 % en février 2015) mais elle a bondi à 45 % chez les catholiques pratiquants à l'été 2016, contre 33 % un an et demi plus tôt.
"Le meurtre du père Jacques Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray a constitué un véritable choc dans la population et a fortiori chez les catholiques", souligne l'Ifop dans une analyse plus large sur "le rapport des catholiques à l'islam de France". Mais "on voyait le climat se tendre du côté des catholiques pratiquants depuis un certain temps déjà", a expliqué Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop qui sonde régulièrement l'opinion sur la question.

L'institut a ainsi pu mesurer le "raidissement" de l'opinion vis-à-vis de l'islam ces dernières années, "encore plus prononcé parmi les catholiques pratiquants que dans l'ensemble de la population".

Le voile et les signes distinctifs dérangent

Entre octobre 2012 et avril 2016, la proportion de Français d'accord avec l'affirmation selon laquelle "l'influence et la visibilité de l'islam en France sont aujourd'hui trop importantes" est passée de 60 à 63 % chez l'ensemble des Français, mais de 60 à 71 % chez les catholiques pratiquants. Même phénomène sur le port du voile, qui suscite une hostilité stable dans l'ensemble de l'opinion, à 63 %, mais en forte hausse chez les catholiques puisqu'elle est passée de 54 % en octobre 2012 à 67 % en avril 2016.

Cette crispation vis-à-vis de l'islam, mais aussi l"'inquiétude face à la menace terroriste", sont "à l'origine du trouble profond qu'a créé la crise des migrants parmi les catholiques français", ajoute l'Ifop. L'adhésion à l'accueil des migrants a ainsi chuté de 48 % en septembre 2015 à 38 % en mars 2016 chez les catholiques pratiquants (et de 46 % à 42 % dans l'ensemble de la population).

"Pour contrer cette nette tendance baissière, il fallut le déplacement du Pape à Lesbos" en avril 2016, note l'Ifop, à la suite de quoi l'adhésion à l'accueil a progressé de quatre points dans l'ensemble de la population mais de 16 points chez les catholiques pratiquants (de 38 à 54 %).

Le Point
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omar
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Avec Trump ça va chauffer
«L'Occident n'oppose aucune idéologie à l'islamisme, sinon celle de l'argent»
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France : L’Institut Montaigne propose dix propositions-chocs pour réformer l’islam

L’institut Montaigne vient de publier une étude consacrée à l’organisation d’un « islam français ». Ce think-tank indépendant hiérarchise dix propositions pour ajuster la pratique de la religion musulmane dans l’Hexagone aux valeurs républicaines. Détails.
[L'institut Montaigne suggère dans un rapport sur l'islam en France dix propositions pour organiser un « islam français ». / Ph. Jean-Philippe Ksiazek, AFP]
L'institut Montaigne suggère dans un rapport sur l'islam en France dix propositions pour organiser un « islam français ». / Ph. Jean-Philippe Ksiazek, AFP

Quand juifs et chrétiens ont leurs « Dix commandements », ou « Dix paroles », l’Institut Montaigne, un think-tank français libéral qui analyse la cohésion sociale, l’action publique, la compétitivité et les finances publiques, suggère dix propositions pour organiser un « islam français », rapporte le Journal du dimanche.

« Le profil des musulmans de France est aujourd’hui trop mal connu ». C’est le postulat d’emblée annoncé sur lequel s’appuie l’enquête* « pionnière » de l’organisme, « Un islam français », publiée dimanche 18 septembre. D’emblée également, l’étude tord le cou à un cliché sans commune mesure avec la réalité du terrain qu'elle dévoile, régulièrement asséné par une partie de la classe politique française et certains de ses acolytes parmi les « intellectuels » médiatiques : « il n’y a ni ‘communauté musulmane’, ni ‘communautarisme musulman’ unique et organisé ». Voilà qui est dit.

Le rapport pointe en revanche la fragmentation et la diversité de la religion musulmane en France, soit autant d’« islams, nourris et diffusés par des institutions et des mouvements nationaux, des organisations transnationales ou des États étrangers ». Une pléthore d’acteurs qui agitent ainsi selon l’institut les ficelles de l’espace musulman hexagonal, dont les « tensions qu’ils suscitent et les rivalités qu’ils nourrissent, contribuent à la complexité de la compréhension de l’islam en France ».

L’Etat français a commencé dès la fin des années 1980 à mettre sa pierre à l’édifice pour tenter d’organiser l’islam de France, rappelle l’auteur du rapport, Hakim El Karoui, fondateur du Club du XXIe siècle, notamment, un réseau de réflexion français qui recrute en premier dans l'élite des enfants issus de l'immigration. La création du Conseil de réflexion sur l’Islam en France (1989-1993) sera la première d’une longue série. Suivra en 1993 l’Institut Ghazali pour la formation des cadres religieux au sein de la Grande mosquée de Paris ; la Coordination nationale des musulmans de France fondée en 1995 ; l’incontournable Conseil français du culte musulman (CFCM) en 2003 et, plus récemment, la Fondation pour les œuvres de l’islam de France, remise au goût du jour, avec comme probable futur président Jean-Pierre Chevènement.

Dix propositions-phares

Cette année, c’est donc l’Institut Montaigne qui s’y colle à travers dix propositions, convaincu qu’« un islam de France est possible » :

1. Étendre le concordat à l'islam en Alsace-Moselle afin de permettre le financement de la formation des imams par l'État. Coût supplémentaire : 5, 5 millions d'euros.

2. Perception, par la Fondation des œuvres de l'islam, d'une contribution sur la consommation halal. Gain espéré : 50 millions d'euros.

3. Création d'une École nationale d'aumônerie pour former et recruter des aumôniers fonctionnaires.

4. Création du test d'islam français pour les imams et les aumôniers (TIF).

5. Implication des collectivités pour favoriser l'émergence d'un islam local.

6. Enseignement de l'arabe classique à l'école publique pour réduire l'attractivité des cours d'arabe dans les mosquées.

7. Suivre la situation par des statistiques religieuses.

8. Rédiger un livre d'histoire équitable commun aux pays des deux rives de la Méditerranée.

9. Créer un secrétariat d'État à la laïcité et aux cultes actuellement rattachés au ministère de l'Intérieur.

10. Revoir la politique étrangère de la France pour endiguer l'influence des régimes wahhabites (le Qatar et l’Arabie saoudite, entre autres).

« Les musulmans sont anormalement normaux », a déclaré sur Europe 1 en réaction à cette enquête Raphaël Liogier, sociologue des religions à Aix-en-Provence. « Moi, ce sondage ne me surprend pas du tout. Les musulmans sont moins nombreux que ce que la plupart imagine, et c’est ce que j'affirme depuis longtemps. Ils sont aussi beaucoup moins pratiquants que ce que l’on imagine (un tiers n'est jamais allé à la mosquée, 29% seulement y vont chaque semaine, ndlr). Ils sont beaucoup plus libéraux qu'on ne le dit (une écrasante majorité des musulmans interrogés ne refusent pas la mixité, acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5%) ou de serrer la main d'une personne (88%) du sexe opposé par exemple). Depuis un certain nombre d'années, on croise de façon confuse les problèmes et les angoisses identitaires des Européens, la peur de la mondialisation, du terrorisme, la peur en général », observe-t-il.

*Etude menée durant neuf mois auprès de 1 029 Français(es) « de religion ou d'ascendance musulmane ».
Solène Paillard
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