1 million d'euros en argent public pour un terroriste

Actualités dans le monde, Débats politiques et économiques intérieurs et internationaux - Opposition - Partis politiques - Leaders politique - Pouvoirs économiques.
Avatar de l’utilisateur
lkm
Adjudant-chef Virtuel
Adjudant-chef Virtuel
Messages : 1839
Inscription : mar. 5 avr. 2005 08:00
Twitter : Pays Bas
Contact :
Status : Hors-ligne

1 million d'euros en argent public pour un terroriste

Message non lu par lkm »

Salah Karker, 3327 jours sans réponse
Réfugié politique, il attend les justifications de son assignation.




«C'est un scandale juridique, un non-sens politique, et un coût extravagant pour le contribuable.»

L'avocat de Salah Karker Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) envoyé spécial


Extérieurement, Salah Karker ressemble à un homme normal. Il porte un petit bonnet, petite barbiche, air de lutin, oeil vif, plaisanterie facile, son appétit est correct et son cerveau en état de fonctionner. Mais, en fait, Karker n'est plus un homme normal. Voilà un peu plus de neuf ans que cette drôle de transformation lui est arrivée. Un matin d'octobre 1993, celui qui se croyait en sécurité en France, réfugié politique tunisien, a vu débarquer chez lui des policiers. Il était expulsé en urgence par le ministre de l'Intérieur d'alors, Charles Pasqua, au motif de son «soutien actif à un mouvement terroriste», en l'occurrence le mouvement islamiste Ennahda, qu'il a fondé en 1971 en Tunisie.

3 800 euros par mois. Comme il était réfugié politique, on pouvait difficilement l'expulser. On l'a donc assigné à résidence. A Ouessant, à Brest, en Haute-Loire et enfin, depuis le 4 octobre 1995, à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Il s'y trouve toujours. Assigné depuis plus de neuf ans. Un record. A 3 800 euros la pension mensuelle dans l'hôtel, selon la ligue des droits de l'homme, l'affaire a coûté plus d'un million d'euros en argent public, si l'on ajoute les fonctionnaires de police mobilisés les trois premières années. «C'est payé par un contribuable. Français ou Tunisien ? Il faut encore creuser», assure-t-il. Les ministres passent, la droite, la gauche, sa situation n'évolue pas. C'est donc, selon lui, que ça vient de plus haut : «Un accord confidentiel entre les deux palais», l'Elysée et Carthage, siège du pouvoir tunisien. «Ça dépasse ma petite cervelle. Ce sont des rapports de force qui me broient comme une pâte.» Economiste, universitaire, ancien syndicaliste, il se reconnaît opposant politique au dictateur Ben Ali, mais condamne le terrorisme et prône désormais un autre islamisme. «Il faut laïciser le mouvement islamiste, estime-t-il. Islamiste, je n'aime pas le mot. Je suis tunisien, musulman pratiquant, démocrate, prônant la séparation de l'Etat et de la religion.» Il a condamné Ben Laden publiquement. Son mouvement, Ennahda, a fini par l'exclure, en octobre.

Chat et souris. Mais en France Karker, 54 ans, attend toujours qu'on lui reproche quelque chose. Il a beau demander, on ne lui répond pas. L'administration est un chat ; lui, la souris. «Je mets au défi quiconque d'apporter le minimum de preuves que j'ai soutenu un mouvement terroriste. S'ils ont des preuves, il faut les présenter ! Si j'ai fait des erreurs, je préfère être en prison.» Son avocat, Me Jean-Daniel Dechezelles, décrit l'absurdité : «Si on abroge maintenant, on reconnaît implicitement qu'on l'assignait abusivement depuis plus de neuf ans. C'est un scandale juridique, un non-sens politique et un coût extravagant pour le contribuable.»

Discret. Pour s'en sortir, Karker a tenté plusieurs choses : une nuit en Haute-Loire, il a marché pendant 35 km, les flics derrière lui. Ça n'a pas servi. Il a fait la grève de la faim, 30 jours, en 1997, à Digne. Ça n'a pas marché. Il est parti rejoindre sa famille à Eaubonne (Val-d'Oise), en 1998. On l'a arrêté. «Oui, je suis en infraction, contre une injustice sur laquelle je n'ai pas d'explication.» Le tribunal correctionnel de Pontoise lui a collé six mois de prison avec sursis. Sans plus d'explication.

Après, «on» lui a fait savoir qu'«on» était au courant qu'il allait parfois voir sa famille et qu'«on» ne s'y opposait pas, s'il restait discret. Donc, il retrouve parfois sa femme et ses six enfants, âgés de 11 à 24 ans. Sinon, il est à Digne. Dans sa chambre, il pianote sur l'Internet, sa bouée de sauvetage. Il a créé un site où il parle de politique tunisienne. C'est comme ça qu'il reste debout : «Ils ont voulu m'écraser politiquement. Ils n'ont pas réussi.»

Il a intenté des recours devant diverses juridictions. Sans succès. Sa situation a beau être révoltante, elle est légale. Il n'y a pas de limite de temps à l'arbitraire. Danielle Mitterrand, José Bové, sont venus le soutenir. Sans succès. La Ligue des droits de l'homme, présente à ses côtés, le compare à «une chèvre attachée à un piquet» et pose une simple question : si on lui reproche quelque chose, qu'on le juge, sinon, qu'on le libère. Amnesty International a dénoncé sa situation. En vain. Karker a demandé une levée progressive de la mesure. Pourquoi ne l'assigne-t-on pas plus près de sa famille ? Pas de réponse. Il propose «le dialogue, sans engagement préalable». Rien.

Mort. De 1981 à 1984 en Tunisie, il a été condamné à dix ans de prison pour appartenance à un mouvement islamiste non reconnu. Bourguiba l'a gracié. Pour le condamner à mort, en 1987, pour complot. Karker a fui en France. On ne lui a fait aucune difficulté pour le statut de réfugié politique. Il l'a toujours. Mais à quoi bon ? Il est prisonnier dans une chambre d'hôtel. «Avant d'être une humiliation pour moi, c'est une humiliation pour les principes en vigueur dans ce pays.» «K» comme Karker, «K» comme Kafka, qui gouverne sa vie, depuis 3 327 jours.

Michel HENRY
http://www.unepeinepointbarre.org/sourc ... xdeux.html


titre
Avatar de l’utilisateur
lkm
Adjudant-chef Virtuel
Adjudant-chef Virtuel
Messages : 1839
Inscription : mar. 5 avr. 2005 08:00
Twitter : Pays Bas
Contact :
Status : Hors-ligne

Message non lu par lkm »

Salah Karker autorisé à se rendre dans le Val-d’Oise
samedi 19 février 2005

L’opposant tunisien Salah Karker, handicapé à la suite d’un accident vasculaire cérébral et hospitalisé à Digne où il est assigné à résidence depuis 1995, a été autorisé à se rendre dans le Val-d’Oise pour y être soigné près de sa famille, a indiqué vendredi la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence.

Selon la préfecture, M. Karker, cofondateur d’un mouvement islamiste interdit et assigné en résidence en France depuis 1993, a bénéficié d’un "transfert d’assignation" dans le Val-d’Oise, ce qui permettra à sa famille de le faire hospitaliser à Pontoise.

Il avait été victime d’une attaque le 15 janvier dans l’hôtel de Digne-les-Bains où il était assigné à résidence. Il s’est réveillé aphasique et partiellement hémiplégique après trois semaines de coma artificiel, a indiqué son fils Jaafar Karker.

Réfugié politique depuis 1988, âgé de 56 ans, il est hospitalisé dans le service de réanimation de l’hôpital de Digne-les-Bains.

Ses proches ont dénoncé "l’effet négatif de l’assignation sur son état de santé et sur la rapidité des secours", soulignant que "seul dans son hôtel d’assignation, il n’a pu être secouru que plusieurs heures après l’accident".

M. Karker, opposant au régime du président Ben Ali et fondateur du mouvement "Ennahda", est depuis 1993 sous le coup d’un "arrêté d’expulsion en urgence absolue, pour soutien actif à un mouvement terroriste", pris par le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua mais jamais mis à exécution.

http://proxy-en.web-consulting.fr/proxy.php
Répondre