spin a écrit : ↑mer. 11 juil. 2018 22:46
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Si rien ne se passe, le cinéaste Oleg Sentsov va mourir
— 9 juillet 2018 à 19:16 (mis à jour le 11 juillet 2018 à 11:01)
Arrêté en mai 2014, en Crimée, pour avoir manifesté contre l’annexion russe, le réalisateur est en grève de la faim depuis le 14 mai. En pleine Coupe du monde, ne l’oublions pas.
Si rien ne se passe, le cinéaste Oleg Sentsov va mourir
En ce moment, sur le sol russe, se déroule la Coupe du monde de football 2018 de la Fifa. En ce moment, sur ce même sol russe, un cinéaste est entre la vie et la mort.
Agé de 41 ans, père de deux enfants, il a débuté une grève de la faim illimitée le 14 mai, un mois tout juste avant l’ouverture de la Coupe du monde.
Il s’appelle Oleg Sentsov.
Vous connaissez sans doute son nom, mais peut-être pas son histoire. Oleg Sentsov est né ukrainien, à Simferopole, en Crimée, où il vivait avec sa femme et ses enfants jusqu’au 11 mai 2014, jour de son arrestation par le FSB, les services secrets russes.
Après un premier long métrage, Gaamer, encensé par la critique et primé dans de nombreux festivals internationaux, Oleg Sentsov préparait son deuxième film, Rhino, lorsqu’ont éclaté les premières manifestations pro-européennes en Ukraine, en novembre 2013. Cinéaste et citoyen engagé, pro-européen convaincu, il a reporté le tournage de son film pour participer activement au mouvement Euromaidan. N’acceptant pas l’annexion russe de la Crimée, il a manifesté et il est allé livrer de la nourriture à des soldats ukrainiens affamés et encerclés par les forces prorusses. Il avait finalement décidé de tourner son nouveau long métrage cet été-là, l’été 2014. Mais en sortant de chez lui, le 11 mai de cette même année, Oleg Sentsov a été enlevé, puis torturé par le FSB pendant trois semaines, avant de réapparaître non plus en Crimée, mais au fond d’une prison russe…
Malgré les protestations d’Oleg Sentsov, qui crie aux juges qu’il n’est pas un «serf», et qu’ils ne peuvent pas «l’annexer» comme ils l’ont fait avec la terre, il est considéré et jugé comme citoyen russe, et condamné à vingt ans d’emprisonnement dans un camp de travail forcé, après un procès qualifié de «stalinien» par Amnesty International. Depuis le 14 mai, Oleg Sentsov a débuté une grève de la faim pour demander la libération de tous les prisonniers politiques ukrainiens emprisonnés comme lui en Russie. Si la Communauté européenne et internationale ne fait rien de plus, Oleg Sentsov va mourir. On a volé son pays, changé de force sa nationalité pour lui faire prendre celle de ses agresseurs, on l’a envoyé pour vingt ans au fin fond d’un trou glacial, au bord du cercle arctique. Et l’Europe, l’Europe dont il rêvait au point de se battre pour que son pays en fasse partie, l’Europe a laissé faire.
Si rien ne se passe, Oleg Sentsov va mourir. Comme il le dit lui-même : sa vie est la seule arme qui lui reste pour résister et défendre ces 70 Ukrainiens que Poutine a enlevés à leurs familles et à leur pays, pour la seule raison qu’ils n’étaient pas d’accord avec sa politique expansionniste, imposée par la violence. Cet homme qui se bat au nom de valeurs que nous ne pouvons que partager, ne peut pas disparaître. Ce serait une terrible perte pour l’humanité et un nouveau terrible revers pour l’Europe. Si Oleg Sentsov mourrait aujourd’hui, c’est non seulement Vladimir Poutine, qui serait un peu plus éclaboussé, mais la France, l’Allemagne et l’Europe tout entière qui seraient entachées de son sang. Aussi nous conjurons l’Europe et plus largement le reste du monde d’utiliser tous les moyens en leur possession pour obtenir la libération immédiate d’Oleg Sentsov.
Parmi les premiers signataires :
Arnold Antonin (Haïti), Jacques Audiard (France), Nabil Ayouch (France/Maroc), Marco Bellocchio (Italie), Bertrand Bonello (France), Robin Campillo (France), Laurent Cantet (France), Leos Carax (France), Alain Cavalier (France), George Clooney (USA), Pedro Costa (Portugal), David Cronenberg (Canada), Alfonso Cuarón (Mexique), Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique), Claire Denis (France), Arnaud Desplechin (France), Lav Diaz (Philippines), Atom Egoyan (Canada), Victor Erice (Espagne), William Friedkin (USA), Philippe Garrel (France), Jean-Luc Godard (France/Suisse), Adoor Gopalakrishnan (Inde), Miguel Gomes (Portugal), Jose Luis Guerin (Espagne), Joana Hadjithomas (Liban), Mahamat Saleh Haroun (Tchad), Todd Haynes (USA), Michel Hazanavicius (France), Annemarie Jacir (Palestine), Aki Kaurismaki (Finlande), Lodge Kerrigan (USA), Cédric Klapisch (France), Bruce LaBruce (Canada), Nadav Lapid (Israël), Ken Loach (Angleterre), Marceline Loridan-Ivens (France), Michael Mann (Etats-Unis), Lucretia Martel (Argentine), Anne-Marie Miéville (Suisse), Nanni Moretti (Italie), Santiago Mitre (Argentine), Oussama Mohammed (Syrie), Cristian Mungiu (Roumanie), Lazlo Nemes (Hongrie), François Ozon (France), Rithy Panh (Cambodge), Pawel Pawlikowski (Pologne), Christian Petzold (Allemagne), Corneliu Porumboiu (Roumanie), Lynne Ramsay (Angleterre), Jean-Paul Rappeneau (France), Jaime Rosales (Espagne), Christophe Ruggia (France), Ira Sachs (USA), Ghassan Salhab (Sénégal/Liban), Marjane Satrapi (France/Iran), Julian Schnabel (USA), Céline Sciamma (France), Barbet Schroeder (Suisse), Elia Souleiman (Palestine), Béla Tarr (Hongrie), Bertrand Tavernier (France), Joachim Trier (Norvège), Denis Villeneuve (Canada), Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande), Hanns Zischler (Allemagne), Andrey Zvyagintsev (Russie).
Pour signer l’appel:
http://www.la-srf.fr