Islamophobie, nous-y voilà

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Qu'est-ce avoir une "mentalité dhimmitique" ?
1. Etre reconnaissant au bourreau qui a massacré sa famille, de l'avoir épargné ?
2. Remercier le violeur de sa femme de ne l'avoir pas également sodomisée ?
3. Etre un Israélien qui est prêt à donner la moitié de sa patrie ancestrale au conquérant arabo-musulman palestiniste, en échange d'un traité de paix qui a la valeur d'un papier-cul ?
4. Etre un Français qui pense que le Bataclan doit être transformé en mosquée, si on veut éviter "d'autres 13 Novembre" ?

Si vous avez répondu "oui" aux quatre questions de ce test, vous avez gagné le gros lot de la dhimmitude !

David Bel Hassen


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En finir avec le procès en islamophobie

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Si le racisme antiarabe doit être combattu, les accusations systématiques d’islamophobie visent en revanche à discréditer l’idée que la laïcité s’applique à tous les cultes, à l’islam comme aux autres.

En finir avec le procès en islamophobie

L’affaire de l’Observatoire de la laïcité, qui oppose certains de ses membres à ses responsables, traduit une opposition de fond entre ceux qui affirment qu’il n’y a pas de problème de laïcité en France et ceux qui pensent au contraire que les problèmes posés par les revendications communautaristes sont de plus en plus nombreux. C’est la résurgence d’un ancien débat qui remonte à la Révolution française.

D’un côté les tenants d’un humanisme qui place la grandeur de chaque individu dans son cheminement vers l’émancipation, toujours inachevée. Ce sont les héritiers des Lumières, pour qui la liberté de conscience et l’égalité en droit entre tous les citoyens, quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau, leur sexe, leurs appartenances religieuses ou philosophiques, et en premier lieu l’égalité entre femmes et hommes, ne sont pas négociables.

De l’autre, les tenants du communautarisme pour qui la valeur de l’homme tient à ses racines, aux origines, à l’ethnie, à la religion, à la terre. Ceux-là prônent des accommodements avec la loi, voire des droits différenciés en fonction des communautés d’origine.

Certains vont même jusqu’à revendiquer la renégociation des principes républicains, la laïcité en premier lieu. Désormais portée par certains intellectuels de gauche, cette idée sort en fait des officines de l’extrême droite des années 70, lorsque cette dernière cherchait à légitimer l’apartheid sud-africain au nom de «différences» entre Blancs et Noirs ! Régis Debray, en son temps, nous avait prévenus : le droit à la différence débouchera sur la différence des droits ! Le débat a pris un tour nouveau avec les attaques dont Elisabeth Badinter a été l’objet, parce qu’elle avait osé dire qu’il faut «défendre la laïcité sans avoir peur d’être traité d’islamophobe», signifiant ainsi que la laïcité doit s’appliquer à toutes les religions et contribuer au combat contre tous les racismes. Le procès en «islamophobie», au cœur de la polémique, est une véritable imposture. Alors que le racisme antiarabe doit être combattu avec fermeté comme tous les racismes, cette campagne idéologique vise à discréditer ceux qui défendent l’idée que la laïcité s’applique à tous les cultes et que les musulmans en France sont des citoyens comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. C’est une démarche inquisitoriale qui vise à interdire toute critique d’une religion et à condamner pour blasphème la liberté de penser. Charb nous avait mis en garde dans sa Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes (1).

En s’engageant de fait dans cette campagne, les dirigeants de l’Observatoire sont sortis de l’exigence de neutralité. Ce n’est pas là le rôle de cette instance placée sous la tutelle du Premier ministre, qui a mission d’observer et de proposer, de rassembler plutôt que de diviser. La situation était suffisamment grave pour que Manuel Valls se soit clairement et courageusement engagé, condamnant ces déclarations et rappelant cet organisme public à ses devoirs.

Au-delà de ces péripéties, cette affaire témoigne de la profonde déchirure culturelle qui accompagne la fracture sociale. Dès 2004, le Rapport Obin, conçu par des inspecteurs de l’éducation nationale, avait révélé la profondeur de la crise provoquée par la montée du communautarisme. Douze ans plus tard, le déni n’est plus possible, a fortiori quand les tensions sont plus fortes dans nombre d’écoles, d’hôpitaux, de prisons mais aussi de crèches, d’établissements d’enseignement supérieur, d’entreprises… de quartiers. Il n’est plus possible de dire qu’il n’y a pas de problèmes de laïcité en France. Il est urgent de trouver des solutions, de faire appliquer les règlements quand ils existent, de légiférer quand cela s’avère nécessaire.

La confusion s’est installée dans les têtes au fil des ans. Une partie de la droite retrouve son vieux penchant pour une catho-laïcité, inscrivant la religion catholique au cœur de l’identité nationale. Une centaine d’élus de droite viennent de protester contre l’Association des maires de France, présidée par François Baroin, dont le rapport invite les conseils municipaux à ne pas installer de crèche de Noël dans les mairies ! Comment expliquer à des jeunes filles voilées qu’on ôte les signes religieux ostensibles en entrant dans l’école, alors que des symboles chrétiens seraient les bienvenus dans les mairies ?

Ce qui est nouveau, c’est qu’une partie de la gauche, autrefois universaliste, balance entre accommodements dits raisonnables et communautarisme. Certains n’hésitent pas à affirmer que les islamistes seraient en quelque sorte les héritiers du prolétariat en lutte contre le capitalisme mondial ! Un Congrès international d’extrême gauche s’est ainsi interrogé sur les alliances entre le mouvement révolutionnaire et le mouvement islamiste ! Tout cela prospère dans la confusion.

Contrairement à ce qu’on suggère, la laïcité ne s’oppose pas aux communautés humaines fondées sur des «affinités électives» qui ont plaisir à se retrouver, à entretenir une mémoire, une culture, une langue, une religion ou une philosophie. Elle est l’art de conjuguer le singulier et l’universel. En revanche, elle pose que les communautés ne font pas la loi de la République, laquelle est commune. C’est cet universalisme des Lumières qu’ils voudraient jeter aux poubelles de l’histoire! A l’occasion de l’affaire de l’Observatoire, la chape de plomb s’est soulevée. Les yeux se sont dessillés, les témoins ont entrepris de parler. Une certaine prise de conscience s’est faite jour. Le débat doit maintenant s’ouvrir dans le pays, sur les deux rives de la République.

(1) Les Echappés, 96 pp., 13,90 €.
Patrick KESSEL Président du Comité Laïcité République
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http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016 ... dation.php

L'écrivain algérien Kamel Daoud diabolisé : un nouvel indice d'un climat d'intimidation

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En 2014, Kamel Daoud reçoit le Prix François-Mauriac pour son livre Meursault, contre-enquête.

TRIBUNE - Quiconque décrit certains aspects de la culture musulmane se voit aussitôt injurié, constate l'universitaire Chantal Delsol.

Chantal Delsol, membre de l'Institut et professeur de philosophie politique à l'université Paris-Est, vient de publier « La Haine du monde. Totalitarismes et postmodernité», Éditions du Cerf, collection «Philosophie», 240 p., 19 €.

L'écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud vient de subir des attaques très violentes qui sont révélatrices d'un choix français: la volonté profonde et consciente de ne pas regarder l'islam tel qu'il est. Dans deux textes respectivement publiés par La Repubblica et le New York Times, Kamel Daoud a analysé les agressions sexuelles de Cologne au regard de sa connaissance de la religion musulmane, culture dont il est l'héritier. Il décrit l'image de la femme et ses conséquences, et finalement ce qu'il appelle «la misère sexuelle du monde arabe» qui permet d'expliquer ce qui s'est passé en Allemagne au .
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http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016 ... nienne.php

«Le procès en islamophobie contre Kamel Daoud est digne de l'époque stalinienne»
Home FIGARO VOX Vox Societe
Par Alexandre Devecchio

L'écrivain Kamel Daoud. Crédits photo: Denis ALLARD/REA/Denis ALLARD/REA

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Après la romancière et journaliste franco-tunisienne Fawzia Zouari, Laurent Bouvet réagit à l'affaire Kamel Daoud. Pour lui, celle-ci révèle le «complexe colonial» et le «déni du réel» d'une certaine gauche.

Laurent Bouvet est professeur de science politique à l'UVSQ-Paris Saclay. Son dernier ouvrage, L'insécurité culturelle, est paru chez Fayard.

Après avoir défendu Kamel Daoud dans les colonnes de «Libération», la romancière et journaliste franco-tunisienne Fawzia Zouari était ce mardi 1er mars sur France Inter. Elle a souligné que les attaques d'une certaine gauche contre l'écrivain algérien convergent avec celles qu'il essuie de la part des islamistes et parlé de fatwa laïque. Partagez-vous son point de vue?

Laurent Bouvet: Oui, sinon le terme lui-même, je partage tout à fait le propos de Fawzia Zouari. Une certaine gauche, politique et intellectuelle, c'est le cas aussi dans l'université et la recherche, se comporte de manière très complaisante avec l'islamisme, au nom du fait que les musulmans (opérant d'ailleurs ainsi un amalgame à l'envers si je puis dire) sont obligatoirement et automatiquement parmi les «damnés de la terre» ou subissent les affres du post-colonialisme. Cette complaisance va parfois jusqu'à la complicité voire la compromission, on le voit dans les tribunes communes tenues par certains journalistes, chercheurs ou responsables politiques avec quelqu'un comme Tariq Ramadan par exemple.

C'est cette gauche-là qui emploie d'ailleurs, à l'encontre de tous ceux qui ne pensent pas comme elle, des méthodes d'intimidation et de disqualification, notamment en usant et abusant du mot «islamophobie», dignes de ce qui s'est fait dans le communisme stalinien de la grande époque. Dans ces procès en «islamophobie» intentés publiquement, sur telle ou telle tribune, dans les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux, à tous ceux qui refusent toute complaisance avec l'islamisme politique notamment, le verdict est ainsi toujours prononcé avant même que le procès ait eu lieu!

La polémique est née d'un texte publié par un collectif de 19 chercheurs qui s'attaquaient aux analyses par l'écrivain algérien des événements de Cologne. Qu'est-ce que cela dit du milieu universitaire français?

Cela révèle d'abord cette complaisance pour certains, dont on vient de parler, ou cette inconscience pour d'autres. Les discussions avec certains collègues montrent, au mieux, une forme de négation du réel. Non tant pour des raisons idéologiques comme celles que l'on vient d'évoquer mais par indifférence voire par peur de déplaire, de sortir du rang en quelque sorte. Se faire traiter publiquement par les complices ou les promoteurs de l'islamisme politique d'islamophobe n'est jamais agréable. Cela laisse, comme toute calomnie, toujours des traces. Il faut pouvoir l'accepter comme une des règles du jeu de l'arène publique et le supporter.


Ce que réclame des gens comme Kamel Daoud avec bien d'autres, c'est un accès à une forme d'universalisme qui ne vient pas de l'extérieur, n'est imposé par personne, mais existe dans chacun d'entre nous, dans chaque société, dans chaque culture, religion, etc. L'universalisme de l'humanisme, de l'esprit critique, de la pensée contre soi-même et les siens, etc.

Cela révèle aussi, comme toujours dans ces cas là, une forme de jalousie chez certains. Le moins que l'on puisse dire à propos de ces 19 collègues qui s'en sont pris de manière honteuse et odieuse à la fois à Kamel Daoud, c'est qu'ils ne sont pas connus pour leurs travaux, du moins en dehors de leur discipline, et encore d'après ce que je me suis laissé dire par des gens infiniment plus compétents que moi pour en juger. Kamel Daoud, lui, est connu, et reconnu, pour son combat et pour la perspicacité de ce qu'il dit et écrit depuis des années, sans être universitaire! Le comble de l'inacceptable pour certains collègues visiblement.

Fawzia Zouari appelle à une émancipation de ces penseurs arabes qui ont un lien avec la France face aux interdits posés selon elle par une partie de la gauche française. Comment expliquez-vous ces tabous qui pèsent sur la gauche française?

Je vois au moins deux tabous qui bloquent les débats et conduisent à ce que l'on décrivait plus haut. L'un tient au complexe colonial et à la manière dont il est entretenu voire exploité par certains à gauche sous la forme du post-colonial. Plutôt que de laisser cette question aux historiens et à l'activité nécessaire de mémoire à propos de la colonisation, c'est devenu une forme de paravent à tout débat sur l'islamisme en particulier, et au-delà à toute forme de critique sur telle société qui a été colonisée ou à l'encontre de tout groupe culturel qui a subi la colonisation. Le colonisateur est d'ailleurs lui-même essentialisé, comme homme blanc occidental européen etc. Et nul, appartenant à cette funeste catégorie ne peut produire un discours critique ou même simplement poser des questions sans être immédiatement accusé de poursuivre les formes du colonialisme par d'autres moyens, ici et maintenant. La seule forme de contribution acceptée et acceptable sur le sujet, on le voit dans les sciences sociales depuis des années, est celle qui va dans le sens de la déploration et de la victimisation des anciens colonisés et de ceux qui sont supposés être leurs héritiers. Tout ceci est infantilisant et essentialisant, pour tout le monde. Ce que réclame des gens comme Kamel Daoud avec bien d'autres, c'est un accès à une forme d'universalisme qui ne vient pas de l'extérieur, n'est imposé par personne, mais existe dans chacun d'entre nous, dans chaque société, dans chaque culture, religion, etc. L'universalisme de l'humanisme, de l'esprit critique, de la pensée contre soi-même et les siens, etc.

Le second tabou, à gauche en particulier, vient de cette difficulté récurrente de penser le monde tel qu'il est plutôt que tel qu'on voudrait qu'il soit. C'est le tabou idéologique en quelque sorte. Si cela permet à l'idée d'émancipation de prendre corps historiquement, par le combat politique et social, cela bloque aussi, dans les périodes difficiles comme celle que nous vivons aujourd'hui, toute possibilité de comprendre les blocages et les réticences à cette émancipation, et pire encore de les nier ou de les comprendre à l'envers. C'est ce à quoi on assiste avec cette dérive complaisante ou complice vers l'islamisme d'une partie de la gauche. Comme si pour cette gauche, l'émancipation pouvait trouver son chemin à travers l'islamisme et plus généralement à travers une vision fermée et aliénante de la religion pour l'individu et les groupes qui s'en réclament ou y sont soumis. Or le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas le cas. Le réel est là pour nous rappeler que nous pouvons faire fausse route. Même si certains refusent de le voir.

À LA DÉFENSE DE KAMEL DAOUD
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Kamel Daoud : « Cologne, lieu de fantasmes »

Kamel Daoud : « Cologne, lieu de fantasmes »

LE MONDE | 31.01.2016 à 07h34 • Mis à jour le 11.02.2016 à 08h51


La police à Cologne, le 6 janvier, après les violences du Nouvel An contre les femmes.

La police à Cologne, le 6 janvier, après les violences du Nouvel An contre les femmes. ROBERTO PFEIL / AFP
Par Kamel Daoud (Ecrivain)

Que s’est-il passé à Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre ? On peine à le savoir avec exactitude en lisant les comptes rendus, mais on sait – au moins – ce qui s’est passé dans les têtes. Celle des agresseurs, peut-être ; celle des Occidentaux, sûrement.

Fascinant résumé des jeux de fantasmes. Le « fait » en lui-même correspond on ne peut mieux au jeu d’images que l’Occidental se fait de l’« autre », le réfugié-immigré : angélisme, terreur, réactivation des peurs d’invasions barbares anciennes et base du binôme barbare-civilisé. Des immigrés accueillis s’attaquent à « nos » femmes, les agressent et les violent.

Cela correspond à l’idée que la droite et l’extrême droite ont toujours construite dans les discours contre l’accueil des réfugiés. Ces derniers sont assimilés aux agresseurs, même si l’on ne le sait pas encore avec certitude. Les coupables sont-ils des immigrés installés depuis longtemps ? Des réfugiés récents ? Des organisations criminelles ou de simples hooligans ? On n’attendra pas la réponse pour, déjà, délirer avec cohérence. Le « fait » a déjà réactivé le discours sur « doit-on accueillir ou s’enfermer ? » face à la misère du monde. Le fantasme n’a pas attendu les faits.
Le rapport à la femme

Angélisme aussi ? Oui. L’accueil du réfugié, du demandeur d’asile qui fuit l’organisation Etat islamique ou les guerres récentes pèche en Occident par une surdose de naïveté : on voit, dans le réfugié, son statut, pas sa culture ; il est la victime qui recueille la projection de l’Occidental ou son sentiment de devoir humaniste ou de culpabilité. On voit le survivant et on oublie que le réfugié vient d’un piège culturel que résume surtout son rapport à Dieu et à la femme.

Lire aussi Après Cologne, racisme ou sexisme ?

En Occident, le réfugié ou l’immigré sauvera son corps mais ne va pas négocier sa culture avec autant de facilité, et cela, on l’oublie avec dédain. Sa culture est ce qui lui reste face au déracinement et au choc des nouvelles terres. Le rapport à la femme, fondamental pour la modernité de l’Occident, lui restera parfois incompréhensible pendant longtemps lorsqu’on parle de l’homme lambda.

Il va donc en négocier les termes par peur, par compromis ou par volonté de garder « sa culture », mais cela changera très, très lentement. Il suffit de rien, du retour du grégaire ou d’un échec affectif pour que cela revienne avec la douleur. Les adoptions collectives ont ceci de naïf qu’elles se limitent à la bureaucratie et se dédouanent par la charité.

Le réfugié est-il donc « sauvage » ? Non. Juste différent, et il ne suffit pas d’accueillir en donnant des papiers et un foyer collectif pour s’acquitter. Il faut offrir l’asile au corps mais aussi convaincre l’âme de changer. L’Autre vient de ce vaste univers douloureux et affreux que sont la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman, le rapport malade à la femme, au corps et au désir. L’accueillir n’est pas le guérir.
« La femme étant donneuse de vie et la vie étant perte de temps, la femme devient la perte de l’âme »

Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux : la vie.

C’est une conviction partagée qui devient très visible chez l’islamiste par exemple. L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité, d’une tentation, d’une fécondation inutile, d’un éloignement de Dieu et du ciel et d’un retard sur le rendez-vous de l’éternité. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme.

L’islamiste en veut à celle qui donne la vie, perpétue l’épreuve et qui l’a éloigné du paradis par un murmure malsain et qui incarne la distance entre lui et Dieu. La femme étant donneuse de vie et la vie étant perte de temps, la femme devient la perte de l’âme. L’islamiste est tout aussi angoissé par la femme parce qu’elle lui rappelle son corps à elle et son corps à lui.
La liberté que le réfugié désire mais n’assume pas

Le corps de la femme est le lieu public de la culture : il appartient à tous, pas à elle. Ecrit il y a quelques années à propos de la femme dans le monde dit arabe : « A qui appartient le corps d’une femme ? A sa nation, sa famille, son mari, son frère aîné, son quartier, les enfants de son quartier, son père et à l’Etat, la rue, ses ancêtres, sa culture nationale, ses interdits. A tous et à tout le monde, sauf à elle-même. Le corps de la femme est le lieu où elle perd sa possession et son identité. Dans son corps, la femme erre en invitée, soumise à la loi qui la possède et la dépossède d’elle-même, gardienne des valeurs des autres que les autres ne veulent pas endosser par [pour] leurs corps à eux. Le corps de la femme est son fardeau qu’elle porte sur son dos. Elle doit y défendre les frontières de tous, sauf les siennes. Elle joue l’honneur de tous, sauf le sien qui n’est pas à elle. Elle l’emporte donc comme un vêtement de tous, qui lui interdit d’être nue parce que cela suppose la mise à nu de l’autre et de son regard. »
« On voit, dans le réfugié, son statut, pas sa culture ; il est la victime. On voit le survivant et on oublie que le réfugié vient d’un piège culturel que résume surtout son rapport à Dieu et à la femme »

Une femme est femme pour tous, sauf pour elle-même. Son corps est un bien vacant pour tous et sa « malvie » à elle seule. Elle erre comme dans un bien d’autrui, un mal à elle seule. Elle ne peut pas y toucher sans se dévoiler, ni l’aimer sans passer par tous les autres de son monde, ni le partager sans l’émietter entre dix mille lois. Quand elle le dénude, elle expose le reste du monde et se retrouve attaquée parce qu’elle a mis à nu le monde et pas sa poitrine. Elle est enjeu, mais sans elle ; sacralité, mais sans respect de sa personne ; honneur pour tous, sauf le sien ; désir de tous, mais sans désir à elle. Le lieu où tous se rencontrent, mais en l’excluant elle. Passage de la vie qui lui interdit sa vie à elle.

C’est cette liberté que le réfugié, l’immigré, veut, désire mais n’assume pas. L’Occident est vu à travers le corps de la femme : la liberté de la femme est vue à travers la catégorie religieuse de la licence ou de la « vertu ». Le corps de la femme est vu non comme le lieu même de la liberté essentielle comme valeur en Occident, mais comme une décadence : on veut alors le réduire à la possession, ou au crime à « voiler ».

La liberté de la femme en Occident n’est pas vue comme la raison de sa suprématie mais comme un caprice de son culte de la liberté. A Cologne, l’Occident (celui de bonne foi) réagit parce qu’on a touché à « l’essence » de sa modernité, là où l’agresseur n’a vu qu’un divertissement, un excès d’une nuit de fête et d’alcool peut-être.

Cologne, lieu des fantasmes donc. Ceux travaillés des extrêmes droites qui crient à l’invasion barbare et ceux des agresseurs qui veulent le corps nu car c’est un corps « public » qui n’est propriété de personne. On n’a pas attendu d’identifier les coupables, parce que cela est à peine important dans les jeux d’images et de clichés. De l’autre côté, on ne comprend pas encore que l’asile n’est pas seulement avoir des « papiers » mais accepter le contrat social d’une modernité.
Le problème des « valeurs »

Le sexe est la plus grande misère dans le « monde d’Allah ». A tel point qu’il a donné naissance à ce porno-islamisme dont font discours les prêcheurs islamistes pour recruter leurs « fidèles » : descriptions d’un paradis plus proche du bordel que de la récompense pour gens pieux, fantasme des vierges pour les kamikazes, chasse aux corps dans les espaces publics, puritanisme des dictatures, voile et burka.

L’islamisme est un attentat contre le désir. Et ce désir ira, parfois, exploser en terre d’Occident, là où la liberté est si insolente. Car « chez nous », il n’a d’issue qu’après la mort et le jugement dernier. Un sursis qui fabrique du vivant un zombie, ou un kamikaze qui rêve de confondre la mort et l’orgasme, ou un frustré qui rêve d’aller en Europe pour échapper, dans l’errance, au piège social de sa lâcheté : je veux connaître une femme mais je refuse que ma sœur connaisse l’amour avec un homme.

Retour à la question de fond : Cologne est-il le signe qu’il faut fermer les portes ou fermer les yeux ? Ni l’une ni l’autre solution. Fermer les portes conduira, un jour ou l’autre, à tirer par les fenêtres, et cela est un crime contre l’humanité.

Mais fermer les yeux sur le long travail d’accueil et d’aide, et ce que cela signifie comme travail sur soi et sur les autres, est aussi un angélisme qui va tuer. Les réfugiés et les immigrés ne sont pas réductibles à la minorité d’une délinquance, mais cela pose le problème des « valeurs » à partager, à imposer, à défendre et à faire comprendre. Cela pose le problème de la responsabilité après l’accueil et qu’il faut assumer.

Kamel Daoud est un écrivain algérien. Il est notamment l’auteur de Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), Prix Goncourt du premier roman. Il est également chroniqueur au Quotidien d’Oran. Cet article a d’abord été publié en Italie dans le quotidien La Repubblica.

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Dernière modification par yacoub le jeu. 3 mars 2016 11:48, modifié 1 fois.
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Nuit de Cologne : « Kamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés »

Nuit de Cologne : « Kamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés »

LE MONDE | 11.02.2016 à 06h45 • Mis à jour le 12.02.2016 à 16h24 | Par Collectif
La police à Cologne, le 6 janvier, après les agressions sexuelles perpétrées contre des femmes pendant les fêtes du Nouvel An. La police à Cologne, le 6 janvier, après les agressions sexuelles perpétrées contre des femmes pendant les fêtes du Nouvel An. ROBERTO PFEIL / AFP

Collectif

Dans une tribune publiée par le journal Le Monde le 31 janvier 2016, le journaliste et écrivain Kamel Daoud propose d’analyser « ce qui s’est passé à Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre ». Pourtant, en lieu et place d’une analyse, cet humaniste autoproclamé livre une série de lieux communs navrants sur les réfugiés originaires de pays musulmans.

Tout en déclarant vouloir déconstruire les caricatures promues par « la droite et l’extrême droite », l’auteur recycle les clichés orientalistes les plus éculés, de l’islam religion de mort cher à Ernest Renan (1823-1892) à la psychologie des foules arabes de Gustave Le Bon (1841-1931). Loin d’ouvrir sur le débat apaisé et approfondi que requiert la gravité des faits, l’argumentation de Daoud ne fait qu’alimenter les fantasmes islamophobes d’une partie croissante du public européen, sous le prétexte de refuser tout angélisme.

Lire aussi

Kamel Daoud : « Cologne, lieu de fantasmes »


Essentialisme

Le texte repose sur trois logiques qui, pour être typiques d’une approche culturaliste que de nombreux chercheurs critiquent depuis quarante ans, n’en restent pas moins dangereuses. Pour commencer, Daoud réduit dans ce texte un espace regroupant plus d’un milliard d’habitants et s’étendant sur plusieurs milliers de kilomètres à une entité homogène, définie par son seul rapport à la religion, « le monde d’Allah ». Tous les hommes y sont prisonniers de Dieu et leurs actes déterminés par un rapport pathologique à la sexualité. Le « monde d’Allah » est celui de la douleur et de la frustration.

Certainement marqué par son expérience durant la guerre civile algérienne (1992-1999), Daoud ne s’embarrasse pas de nuances et fait des islamistes les promoteurs de cette logique de mort. En miroir de cette vision asociologique qui crée de toutes pièces un espace inexistant, l’Occident apparaît comme le foyer d’une modernité heureuse et émancipatrice. La réalité des multiples formes d’inégalité et de violences faites aux femmes en Europe et en Amérique du Nord n’est bien sûr pas évoquée. Cet essentialisme radical produit une géographie fantasmée qui oppose un monde de la soumission et de l’aliénation au monde de la libération et de l’éducation.

Psychologisation

Kamel Daoud prétend en outre poser un diagnostic sur l’état psychologique des masses musulmanes. Ce faisant, il impute la responsabilité des violences sexuelles à des individus jugés déviants, tout en refusant à ces individus la moindre autonomie, puisque leurs actes sont entièrement déterminés par la religion.

Les musulmans apparaissent prisonniers des discours islamistes et réduits à un état de passivité suicidaire (ils sont « zombies » et « kamikazes »). C’est pourquoi selon Daoud, une fois arrivés en Europe, les réfugiés n’ont comme choix que le repli culturel face au déracinement. Et c’est alors que se produit immanquablement le « retour du grégaire », tourné contre la femme, à la fois objet de haine et de désir, et particulièrement contre la femme libérée.
Psychologiser de la sorte les violences sexuelles contribue à produire l’image d’un flot de prédateurs sexuels potentiels, car tous atteints des mêmes maux psychologiques. Pegida n’en demandait pas tant

Psychologiser de la sorte les violences sexuelles est doublement problématique. D’une part, c’est effacer les conditions sociales, politiques et économiques qui favorisent ces actes (parlons de l’hébergement des réfugiés ou des conditions d’émigration qui encouragent la prédominance des jeunes hommes). D’autre part, cela contribue à produire l’image d’un flot de prédateurs sexuels potentiels, car tous atteints des mêmes maux psychologiques. Pegida n’en demandait pas tant.

Discipline

« Le réfugié est-il donc sauvage ? », se demande Daoud. S’il répond par la négative, le seul fait de poser une telle question renforce l’idée d’une irréductible altérité. L’amalgame vient peser sur tous les demandeurs d’asile, assimilés à une masse exogène de frustrés et de morts-vivants. N’ayant rien à offrir collectivement aux sociétés occidentales, ils perdent dans le même temps le droit à revendiquer des parcours individuels, des expériences extrêmement diverses et riches.

Culturellement inadaptés et psychologiquement déviants, les réfugiés doivent avant toute chose être rééduqués. Car Daoud ne se contente pas de diagnostiquer, il franchit le pas en proposant une recette familière. Selon lui, il faut « offrir l’asile au corps mais aussi convaincre l’âme de changer ». C’est ainsi bien un projet disciplinaire, aux visées à la fois culturelles et psychologiques, qui se dessine. Des valeurs doivent être « imposées » à cette masse malade, à commencer par le respect des femmes.

Ce projet est scandaleux, non pas seulement du fait de l’insupportable routine de la mission civilisatrice et de la supériorité des valeurs occidentales qu’il évoque. Au-delà de ce paternaliste colonial, il revient aussi à affirmer, contre « l’angélisme qui va tuer », que la culture déviante de cette masse de musulmans est un danger pour l’Europe. Il équivaut à conditionner l’accueil de personnes qui fuient la guerre et la dévastation. En cela, c’est un discours proprement anti-humaniste, quoi qu’en dise Daoud.

De quoi Daoud est-il le nom ?

Après d’autres écrivains algériens comme Rachid Boudjedra ou Boualem Sansal, Kamel Daoud intervient en tant qu’intellectuel laïque minoritaire dans son pays, en lutte quotidienne contre un puritanisme parfois violent. Dans le contexte européen, il épouse toutefois une islamophobie devenue majoritaire. Derrière son cas, nous nous alarmons de la tendance généralisée dans les sociétés européennes à racialiser ces violences sexuelles.

Nous nous alarmons de la banalisation des discours racistes affublés des oripeaux d’une pensée humaniste qui ne s’est jamais si mal portée. Nous nous alarmons de voir un fait divers gravissime servir d’excuse à des propos et des projets gravissimes. Face à l’ampleur de violences inédites, il faut sans aucun doute se pencher sur les faits, comme le suggère Kamel Daoud. Encore faudrait-il pouvoir le faire sans réactualiser les mêmes sempiternels clichés islamophobes. Le fond de l’air semble l’interdire.


Noureddine Amara (historien), Joel Beinin (historien), Houda Ben Hamouda (historienne), Benoît Challand (sociologue), Jocelyne Dakhlia (historienne), Sonia Dayan-Herzbrun (sociologue), Muriam Haleh Davis (historienne), Giulia Fabbiano (anthropologue), Darcie Fontaine (historienne), David Theo Goldberg (philosophe), Ghassan Hage (anthropologue), Laleh Khalili (anthropologue), Tristan Leperlier (sociologue), Nadia Marzouki (politiste), Pascal Ménoret (anthropologue), Stéphanie Pouessel (anthropologue), Elizabeth Shakman Hurd (politiste), Thomas Serres (politiste), Seif Soudani (journaliste).

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BOUALEM SANSAL SE RACONTE ...

L'islamisme radical mais surtout l'Algérie : son expérience en tant que haut fonctionnaire au ministère du Commerce puis de l'Industrie dans les années 80 , l'interruption du processus électoral en 1992 et la décennie noire qui s'en est suivie , Boualem Sansal se raconte au micro de Jeanne Birman pour l'émission la Cité du Livre sur LCP."L'écrivain que les algériens aiment détester "se livre sans tabou sur son dernier livre aussi :L'islamisme radical sera au pouvoir dans moins de cent ans sur une grande partie de la planète. C’est ce que prédit l’écrivain dans son nouveau roman intitulé « 2084. La fin du monde » et qui s’inspire d’un classique de la littérature, « 1984 » de George Orwell. Ce livre qui est une violente satire des dictatures religieuses a été sélectionné pour le Prix Goncourt.

https://www.youtube.com/watch?v=uPQpJMbECiE

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Islamisme: l'écrivain algérien Kamel Daoud au cœur d'une polémique

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Révélation littéraire l'an dernier pour son roman "Meursault contre-enquête", l'écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud est au cœur d'une polémique des deux côtés de la Méditerranée pour avoir dénoncé le "rapport malade à la femme" dans le monde arabo-musulman.

Mercredi, dans le Quotidien d'Oran dont il est le chroniqueur régulier, il affirme vouloir désormais se consacrer à la littérature, et même s'il dit que son abandon du journalisme n'est pas lié à la polémique, le Premier ministre français Manuel Valls a appelé à "ne pas abandonner cet écrivain à son sort".

Après une tribune sur les agressions sexuelles commises dans la nuit du 31 décembre à Cologne (Allemagne), il a été accusé par des intellectuels de faire le jeu des tenants d'un "choc des cultures".

Mais d'autres l'ont soutenu, comme la romancière franco-tunisienne Fawzia Zouari, estimant qu'il a n'a eu que "le tort de pointer sans détour les travers des siens".

Son texte est d'abord publié dans le quotidien italien La Repubblica, puis début février dans le journal français Le Monde. Kamel Daoud y lie les agressions sur des femmes commises par des groupes d'hommes arabes lors du réveillon à Cologne au rapport à la femme dans le monde arabo-musulman.

"Le sexe est la plus grande misère du monde d'Allah", où la femme est "niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée", a-t-il écrit. Et alors que l'Europe est confrontée à un afflux sans précédent de migrants fuyant la guerre en Syrie et en Irak, il appelle à ne pas "fermer les yeux sur le long travail d'accueil et d'aide" des réfugiés pour qu'ils abandonnent leur image de la liberté de la femme vue "à travers la catégorie religieuse de la licence ou de la +vertu+".

Admiré par de nombreux Algériens pour sa liberté de ton aussi bien contre les islamistes que contre le pouvoir algérien, l'écrivain reçoit en 2015 le prix Goncourt du premier roman pour "Meursault contre-enquête". Traduit en plusieurs langues, le livre imagine une identité à l'Arabe anonyme tué sur une plage d'Alger par le narrateur de "L'Etranger" d'Albert Camus.

En 2014, il fait l'objet de menaces de mort pour "apostasie" d'un prédicateur salafiste algérien, dont le procès s'est ouvert mardi à Oran. Il avait alors reçu le soutien de nombreux écrivains et personnalités politiques en France. Il collabore à plusieurs médias en Europe et aux États-Unis.

- 'Chasse à l'homme' -

Son texte intitulé "Cologne, lieu de fantasmes", n'est donc pas passé inaperçu. Une semaine plus tard, un collectif d'historiens, sociologues, anthropologues, politistes l'accuse de "recycler les clichés orientalistes les plus éculés" et de favoriser "l'islamophobie". L'une des signataires, l'historienne et anthropologue franco-tunisienne Jocelyne Dakhlia, est revenue à la charge mardi pour l'accuser de "faire croire à un choc des cultures".

"Je déteste que l'on se mette en groupe pour faire la chasse à un seul homme", a réagi Benjamin Stora, historien du Maghreb contemporain. Indiquant à l'AFP qu'il "connaît bien Kamel Daoud", dont il loue "la liberté de ton", il souligne la difficulté à tenir sur une ligne de "double critique": par exemple à la fois contre "l'islamisme" et contre le "fascisme européen".

"On somme Kamel Daoud d'être dans un camp ou dans l'autre", ajoute Benjamin Stora, notant aussi qu'il a écrit "un texte d'écrivain".

"C'est vrai que la question de la femme est centrale dans les sociétés du Maghreb", relève-t-il encore, évoquant raisons religieuses et structures patriarcales.

Pour Manuel Valls, le "réquisitoire" dressé par des intellectuels, "au lieu d?éclairer, de nuancer, de critiquer", condamne "de manière péremptoire".

Outre Fawzia Zouari, le jeune romancier sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, prix Amadou Kourouma 2015 pour "Terre Ceinte", vole dans son blog au secours de Kamel Daoud. Il y dénonce "l'arrogance" de ses détracteurs qui se réclament "d'une légitimité" scientifique, alors que le propos de l'écrivain "était relié à une expérience du rapport ambigu, malade lorsqu'il est radicalisé, de l'islam à la femme, à son corps, à la sexualité".

En Algérie, l'écrivain est controversé. Ses contempteurs, qui ne se recrutent pas seulement parmi les islamistes et les conservateurs (on y compte notamment l'écrivain Rachid Boudjedra) jugent son roman médiocre et attribuent son succès à de supposés penchants francophiles. Dans le quotidien Liberté, l'universitaire Ahmed Cheniki estime mercredi qu'il s'était fait "sans le vouloir peut-être, un porte-voix de l?extrême droite et des intégrismes religieux qui tentent de mettre en opposition (...) +monde musulman+ et +Occident+".
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http://www.franceculture.fr/emissions/v ... er-episode

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C’était après l’indépendance de l’Algérie, se souvient Boualem Sansal. La littérature avait été déclarée bourgeoise, donc plus ou moins excommuniée et on se passait toutes sortes d'ouvrages comme de la fausse monnaie. C’est à ce moment-là, dit-il, que son cerveau a commencé à entrer "en dissidence".
L'écrivain francophone algérien Boualem Sansal en septembre 2015.
L'écrivain francophone algérien Boualem Sansal en septembre 2015. • Crédits : GINIES/SIPA

Par Raphaëlle Rérolle. Réalisation : Anne-Pascale Desvignes. Attachée de production : Claire Poinsignon.

Ce mot dissidence semble bien être une porte d’entrée sur la vie de Boualem Sansal et sur l’œuvre littéraire qu’il construit depuis bientôt vingt ans.

Écrivain de langue française dans un pays qui a voulu se débarrasser du français, il utilise cette langue avec une volupté dont beaucoup d’écrivains français ont perdu l’habitude.

Écrivain férocement critique vis-à-vis des dérives du pouvoir algérien, il a continué d’habiter en Algérie, quand bien même sa célébrité lui aurait permis d’aller vivre ailleurs, où il n’aurait pas été persécuté.

Écrivain sans religion, voire anticlérical, il n’a cessé de fustiger la montée de l’islamisme radical, sans tenir aucun compte d’une double menace : en Algérie, celle d’y perdre la vie, et en France, celle d’y passer pour un islamophobe, pensée qui a partie liée avec l’extrême-droite.

Éléments de biographie et bibliographie (Babelio)
Intervenants :

Boualem Sansal : écrivain
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Re: Islamophobie, nous-y voilà

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Dernière vidéo de frère RACHID, il parle des ghilmans qui attendent avec les houris l'heureux élu au Paradis d'Allah

Dommage que c'est uniquement en arabe alors qu'il connait le français et l'anglais

https://www.youtube.com/watch?v=r-hdJUw ... ARht90nEhC

https://www.youtube.com/watch?v=r-hdJUw ... ARht90nEhC
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Re: Islamophobie, nous-y voilà

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http://www.marianne.net/boualem-sansal- ... 41321.html
Boualem Sansal : "Les attaques contre Kamel Daoud relèvent du terrorisme"

Louis Hausalter
Dans Libération, l'auteur de "2084" prend la défense de son confrère et compatriote algérien face aux "lanceurs de fatwas" et aux "censeurs les plus émérites".
L'écrivain Boualem Sansal prend la défense de Kamel Daoud. - ESTEBAN/SIPA
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A son tour, Boualem Sansal a pris la plume pour défendre son confrère et compatriote Kamel Daoud, accusé par plusieurs intellectuels d'"alimenter les fantasmes islamophobes" après son analyse des agressions sexuelles de Cologne. L'écrivain algérien, qui décrit dans son dernier roman 2084 un monde sous l'emprise d'un totalitarisme d'inspiration islamiste, estime dans une tribune publiée par Libération jeudi 24 mars que "les attaques contre Kamel Daoud relèvent du terrorisme, tout comme ce qu’en Europe, on appelle le 'politiquement correct', le 'pasdamalgame' ou 'la laïcité graduée'".

"Les lanceurs de fatwas et les censeurs les plus émérites, mais aussi les seconds couteaux, les jaloux, les faux amis et les superagents de la police de la pensée, tapis dans les hautes structures de la culture et de l’information, se mobilisent pour l’abattre", dénonce Boualem Sansal à propos de l'auteur de Meursault, contre-enquête. "Malheur sur nous, ils ont marqué un point, le courageux Kamel Daoud se retire du journalisme. Vont-ils l’obliger à abandonner la littérature ? On le craint."
"La lucidité nous interdit de rêver"

"On espère pour lui la victoire et pour tous, écrivains et lecteurs, une nouvelle ère de tranquillité faite de libres et fructueux échanges, mais la lucidité nous interdit de rêver", estime, pessimiste, Boualem Sansal. "L’écrivain que je suis, hyperattaqué dans son pays, sait depuis son premier roman l’intelligence et la ténacité des assassins de la liberté et de la pensée."

Kamel Daoud s'était attiré les critiques d'un collectif d'intellectuels pour avoir pointé le tabou du sexe et du rapport à la femme dans le monde arabo-musulman après les agressions du Nouvel an à Cologne. Il était aussi la cible d'une fatwa lancée par un imam salafiste algérien, qui a été condamné début mars à trois mois de prison ferme par le tribunal correctionnel d'Oran. Plusieurs personnalités ont pris sa défense ces dernières semaines, dont le Premier ministre Manuel Valls, qui a dénoncé le 2 mars "la hargne inouïe dont Kamel Daoud fait l'objet".
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